23 ○ Des perce neige, chuchote t'il

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Je sens que je m'éveille avant même d'ouvrir les yeux. Et voilà le retour de cette mauvaise habitude. Un mal de tête lancinant me vrille le cerveau en l'air. Mais pour une fois, je ne me préoccupe pas de son état, je ne pense qu'à l'étrange histoire qui vient de m'arriver.


- J'ai forcément dû rêvé, grognais-je. Eh bien, sacrée imagination. Mais mauvais timing. C'était y'a 7 ans, devant mon sujet de dissertation de bac de français que j'avais besoin de toi.

- C'est sur que ton petit seize était une sérieuse preuve de ton manque d'imagination, ricane une voix moqueuse mais terriblement familière.

Un sourire fleuri sur mon visage tandis que je me jette sans hésitation dans les bras de son propriétaire. Qui d'autre que lui pourrait connaître ce détail ? Je loge mon nez dans son cou et respire profondément son odeur.

- Tu es venu !

- Bien sur petite idiote. Pour toi, toujours, me gronde-t-il en me serrant un peu plus fort.

Et lorsque j'ouvre un...enfin les yeux, mon regard se plante directement dans celui du fou furieux aux yeux dorés. Il nous scrute avec curiosité comme s'il analysait notre relation. Je me redresse brusquement préférant être en position défensive. Malgré tout mes rêves étranges, je n'ai pas oublié la manière dont il m'a traitée.

Face à ma réaction, il se contente de laisser échapper un rictus et se caler encore plus confortablement dans son canapé. J'en reviens pas ! Le bougre ose se moquer encore de moi. Sous une vilaine impulsion, j'attrape un chausson que j'ai au pied, sans même me demander d'où il vient, et vise mon ennemi. Et je ne sais pas ce qui m'as le plus surprise. La rapidité fulgurante de mon lancé, le fait qu'il se l'ai pris en pleine poire, ou que l'instant d'après je me suis retrouvée plaqué à terre sous ce gentleman enragé.

D'instinct, je réagis et enfonce tout aussi rapidement mon genoux dans ses attributs masculins ! C'est à mon tour de me moquer de lui et je le fais bien volontier. Je regarde avec satisfaction son visage tordu sous la douleur. Mais je déchante vite quand je vois une lueur de défis sur son visage.

Non d'un crustacé rouillé, dans quel pétrin je me suis encore engagée !! 

Comme pour me le confirmer, il sourit soudainement, et je suis presque certaine d'y voir des dents trop aiguisées. Et voilà que j'ai des hallucinations !

- Eh arrête, tu vas la blesser ! Cri durement Camille.

Je le vois qui hésite énormément, mais l'amitié qu'il a envers mon meilleur ami semble plus forte que son envie. Alors mon tortionnaire se dégage de moi tout en me fixant comme un chat fixe sa boule de laine.

Mon Camille m'aide à me relever et me pose doucement sur le canapé. Il se pose ensuite à mes côtés mais je sens qu'il est tendu. Ses yeux reviennent sans cesse vers notre hôte pour s'assurer de sa coopération.

- Et si tu nous disais pourquoi ton rêve était si fou plutôt que d'attaquer mon frère ? continue-t -il tout de même la voix douce.

- Il n'y a pas que mon rêve qui... Attends quoi ? Mais tu te fiches de moi ? Et n'espère pas que ce petit minois y changera quelques chose ! T'as un frère ? Et tu ne me l'as même pas dis ? Continuais-je la voix montant de plus en plus dans les aiguës. Remarque, c'est pas un cadeau, moi aussi je l'aurai caché, ricanais-je méchamment.

Mais face à moi, son prétendu frère reste de glace. Bon il ne semble pas enclin à baragouiner quelques mots pour se défendre.

- Ingrid, je... C'est compliqué, souffle mon ami le visage marqué par la fatigue.

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant