34• Qui êtes vous ?

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- Ne bouge plus ! tonne-t-il soudain.

Mon souffle se bloque et mon corps se crispe tandis que la curiosité et l'appréhension montent en moi.

Je lui demande du regard ce qu'il se passe mais il reste silencieux en s'approchant à pas de loup vers moi.

Plus il approche et plus mes sourcils se fronçent, que fait-il bon sang ?

Pourquoi il ne s'arrête pas ? Car il continue toujours de tracer son chemin au travers de la neige, de sa démarche féline, ne s'arrêtant qu'une fois à un cheveux de moi.

Il me regarde intensément et me chuchote :

- Ferme les yeux.

Son ordre me laisse dubitatif, il me joue tellement de mauvaix tours que je n'ai pas confiance. Qu'est-ce qu'il me dit qu'il ne cherchera pas à en profiter ?Alors que je m'apprête à poser la question, il lui suffit d'un regard pour me faire taire.

- Arrête de parler un peu, fais moi confiance si tu veux contrôler au moins une de tes capacités.

Sa réplique me cloue le bec et je le fixe vertement. Mais finalement, la curiosité est bien trop forte. Alors je consents à fermer le yeux. Cette sensation de courir aussi vite qu'une gazelle, je ne m'en rappelle que trop bien. Mais je n'ai pas pu réellement l' apprécier. J'étais trop occupée par le lion qui me courrait après. Alors cette fois, je suis prête à tout, même à sauter dans le vide. J'ai un besoin de regoûter à ce fragment de liberté totale, c'est presque vitale.

- Bien maintenant fais ce que je te dis, commence-t-il en voyant mes paupières closes. Inspire profondément et bloque ta respiration. Expire très doucement et lorsque tu inspireras à nouveau, fais-le de la manière la plus discrète possible. Tu es un prédateur Ingrid, rien n'est plus fort que toi, alors ressens-le.

Je tente tant bien que mal de respirer le plus doucement possible, tel un prédateur en chasse. J'essaie de paraître sûre de moi et dangereuse. Je suis en haut de l'échelle alimentaire. Je suis puissante, rien n'est plus fort que moi.

- Oui, c'est ça, tu dois irradier de puissance Ingrid, m'encourage-t-il.

Bien, reprend-t-il après un moment, maintenant que ça c'est fait, imagine toi courir aussi vite qu'un guépard, voler à travers champs et forêts et transsander l'air tel un ouragan. Rien ne peux t'arrêter ni les arbres, ni les vents contraires, ni même les autres prédateurs, car tu es la plus grande et surtout la plus rapide.

Ma peau frémit lorsqu'il la frôle du bout des doigts.

- Tu dois aussi sentir chacun de tes muscles, chacune des tes veines, toutes les choses si naturelles auxquelles tu ne penses pas. Même lors d'un mouvement aussi simple, s'explique-t-il en incitant mon bras à faire un léger geste.

Je le sens qui se poste dans mon dos, son souffle vient se loger contre ma nuque et sa chaleur m'enveloppe.

- Est-ce que tu ressens tout cela Ingrid ? me demande-t-il en chuchotant.

Difficile à faire idiot quand tu te colles comme ça derrière moi. Mais j'essaie tout de même de faire abstraction de sa présence électrisante pour me concentrer sur mon propre corps. Je tente de ressentir ce que je suis, ce qui me façonne, le centre de mon être.

Et soudain, mon ouïe surhumaine réapparaît et me permet d'entendre tout ce qui m'entoure. Mais je me concentre sur moi et tente de faire abstraction du reste.

J'entends petit à petit mon cœur battre, je sens ces pulsations incessantes qui amènent mon sang vers mes muscles. Je les sens frémir et répondre à mes envies, se pliant à ma volonté. Je discerne même mon souffle se loger dans mes poumons, s'y lover pour en ressortir brusquement.

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant