52• Un petit foyer pour un gentil feu.

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Je ne détourne pas la tête car je ne ressens aucune crainte. Au contraire même, je suis fascinée. Parce que, devant moi, se tient une Furie. Je n'hésite pas trois heures avant de prendre ma décision. Avec détermination, je m'empare d'un manteau, d'un bonnet et pars dehors.


Je referme doucement la porte pour ne pas l'effrayer et m'approche à pas de loup vers l'arbre derrière lequel il se cache. À peu près vers la moitié, j'entends un léger grognement d'avertissement. Je m'immobilise immédiatement. Contrairement à ce que l'on peut penser, j'adore les chats. Et je sais que quand un chat veut pas te voir, il veut pas. Bon le chat de ma mère est un cas à part. Il est bizarre ce chat, c'est pas ma faute.

Enfin, toujours est-il que dans un soucis de prudence, je m'assois par terre et me décide de le laisser gérer les choses. Je vais rester patiement ici et lorsqu'il se sentira le courage de venir, je serais là. En plus Leindel m'a préparée à ce genre de chose. La fatigue, le froid, la faim, mélangés à l'attente, tout ça je gère moi ! Alors je me cale doucement dans la neige et m'arme de toute ma patience.

Je souris intérieurement, tu ne m'auras pas mon petit.

***

Je me réveil en un petit sursaut en entendant un craquement. Je n'ai pas dû m’assoupir plus de dix minutes car le soleil est toujours aussi haut dans le ciel. Je remarque alors que le petit craquement vient d'un foyer de flammes juste à coté de mes pieds. J'hausse les sourcils de surprise avant de jeter un coup d'oeil à l'arbre. La furie est toujours là, dissimulée.

- C'est toi qui a fait ça ? demandais-je sans vraiment attendre de réelles réponses. Merci, repris-je en un immense sourire.

Je passe mes mains au dessus, réchauffant ces traîtresses. Soit elles sont aussi froides que des glaçons, soit aussi bouillantes que le soleil. Zéro sexe appeal dans les deux cas. Soit tu refroidis immédiatement les ardeurs de ton prétendant en le touchant, soit tes mains moites se chargent de les calmer. Enfin, ce n'est pas le sujet.

Un petit coup d'œil m'assure qu'il est toujours derrière le végétal. Il semble bien comme ça. Contrairement à moi, je pense qu'il peut rester ainsi des journées. Alala, si Leindel m'avait vue, je lui aurai fait honte. Quel piètre prédateurs je fais, soupirais-je intérieurement.

Bon, si je ne suis pas capable de jouer à celui qui cédera le premier, voyons si je peux l'amadouer. Alors, sans me lever, je commence à parler pour ne rien dire, tentant d'obtenir une réaction.

- Je vois que tu as des pouvoirs, c'est impressionnant ! finis-je par dire au bout d'un moment. Moi aussi je devrais en avoir, enfin d'après ce qu'on m'a dit, mais je n'ai toujours pas réussi à les contrôler, marmonnais-je pas fière de le dire.

Il pousse un petit grognement, comme s'il me répondait.

- Tu ne me crois pas ? m'exclamais-je. Eh bien regarde un peu, dis-je en enlevant mon bonnet. Tu vois cette marque ? On dit que...

Je m'arrête l'instant d'après, le souffle coupé. Sans même que je ne m'en rends compte, il s'est déplacé à la vitesse de l'éclair. Il se tient face à moi, les yeux rivés sur mon front. 
Ne sachant que faire, je déglutis le plus discrètement possible et le laisse m'analyser. Il semble vouloir se retenir de toucher mon front à plusieurs reprises, comme s'il redoutait quelque chose. 
Mais il finit par être satisfait car au bout d'un petit moment, il fait un léger pas en arrière, pour s'assoir comme moi, en tailleur dans la neige.

Le Murmure de l'Originelle T-1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant