Tu ne me vois pas tel que je le souhaiterais. Une image me colle à la peau, des effluves d'un rôle qui ne me plait plus de jouer. J'en sens chaque blessure, celles que tu m'infliges sans même sourciller.
Danaël ... Sais-tu seulement que je ne demande rien de plus qu'un sourire, le bonheur inévitable doublé de la réussite. C'est pour cette unique raison que j'attends autant de toi, ma froideur en résulte. Comment pourrais-tu le concevoir ? Tu restes encore un enfant à mes yeux, bien que tes responsabilités prouvent le contraire. Tu te bats fort de tes convictions et mon regard ne serait transcrire ce que je ressens.
Tu es tout ce que je ne serais jamais et j'en ais honte parfois. Honte de n'être qu'un brave soldat là où tu portes fièrement ta raison d'être. Honte de me cacher derrière une armée alors que tu n'en as guère besoin. Je suis ton grand frère et tu me surpasses chaque jour qui passe.
Je n'aurais pu imaginer une telle chose. Mon mépris pour toi n'avait pourtant rien de fondé à l'époque, une carapace pour celui que j'étais en train de devenir. Les attentes de notre père pesaient déjà lourdes sur mes épaules et je supportais alors mal cette pression. J'étais le fils aîné et toutes les volontés de notre géniteur reposaient sur mon unique personne. Encore une fois : comment pourrais-tu l'imaginer ?
Tes choix m'étaient insupportables, je ne pouvais encore les comprendre. Maintenant, j'en suis capable mais tu sais bien que jamais je ne l'avouerais. Notre fierté est commune, Danaël et ce qui n'est pas dit n'en ait pas pour le moins réel. J'aimerais que tu le saches, que tu saches tout cela.
Je me souviens de ton regard, celui que tu m'as toujours accordé. Un mélange déroutant de mépris et de haine. Je ne peux te rendre tout cela, ce que je semble t'inspirer encore maintenant. Les masques sont usages entre nous, mais il n'y a rien de plus risible en ce monde. Un jour viendra où tu apprendras le dessous de ces faux-semblants. Je l'espère de toute mon âme !
Tu risques ta vie sans compter, sans même faiblir. Le courage et la noblesse de ton esprit t'honore et me font désormais défauts. Je vois le danger et ta jeunesse le masque encore, tu en es chanceux. Les Légendaires ne sont pas un fléau pour Alysia, je ne l'ai jamais pensé. Les erreurs sont de notre nature et je semble les enchaîner.
J'espère secrètement ton pardon. Mais comment le pourrais-tu ? Je reste dans l'ombre, dans la tienne, comme le lâche que je suis devenu. Je vois pas tes yeux, je ne te quitte pas du regard. J'ai peur pour toi, tu vois ? Je tremble secrètement puisque j'ai pris la place de notre père trop tôt. Les responsabilités me touchent aussi mais j'en paye le prix sans ta reconnaissance.
Je demeure rongé par les regrets. Pour ce que j'ai pu commettre ou manquer de te faire part. De te démontrer lorsque je le pouvais encore. Mes sentiments sont intacts et tu seras toujours mon frère quoi que tu fasses. Quoi que tu penses de moi. Et face à cela, tu ne peux rien. Ta haine ne vaut pas l'indifférence et je ne peux que l'accepter.
J'ai mal mais, même cela tu l'ignores. Je resterai à jamais la figure parentale implacable et inébranlable. Cet être incapable d'émotions, que tu ne porteras jamais dans ton cœur.
Je m'en excuse Danaël, pour tout cela et pour la complicité que nous aurions du partager.
VOUS LISEZ
Derrière les Héros [Les Légendaires]
Random[Recueil de OS (One-shot) portant sur les Légendaires] Il est tant d'histoires, tellement de part de ces vies à raconter. Ici, chacun a sa place, les Légendaires s'y dévoilent et c'est l'occasion de les connaître autrement. De leur jeter un oeil no...