Derrière les Héros [Les Légendaires]

Le Royaume des Larmes

Une famille vieille de plusieurs siècles. Un pouvoir emblématique dont personne ne doute. Un royaume immense doté d'une grande richesse. Derrière cette façade se cachait une bien triste réalité.

Orchidia se distinguait pour le luxe qu'elle inspirait. Le palais royal en était un bon exemple : une vitrine somptueuse, symbole de la grandeur et de la fortune. Rien n'était plus faux ! Une beauté immuable dissimulait une pourriture immonde et tenace. Celle qui rongeait les murs brillants et laissait derrière elle les couleurs ternes et sans éclats. Le sang coulait sous la splendeur éclatante.

Le peuple en était conscient. Ces habitants contraints à se taire et à garder pour eux leurs déboires. Leur pauvreté offrait un contraste saisissant avec le pouvoir en place. Les souvenirs des jours meilleurs persistaient, l'espoir résistait à grandes peines.

Il y a peu, le royaume prospérait dans le respect de tous, même des classes les modestes. Une époque qui resterait à jamais dans les esprits comme la meilleure connue. Lorsque la reine Adeyrid et le roi Kinder dirigeait encore, avec justesse et doigté. Leur mort avait donné un coup dur à leurs sujets, une perte doublée d'un profond traumatisme. La sœur de la défunte accédait déjà au trône, commença alors le règne d'Invidia !

La terreur et la misère. Il n'y avait pas meilleurs mots pour décrire ces années. Une ombre avait déposé son voile sur ces terres, une période de trouble où le souvenir de la lumière s'éteignait lentement. La foi désertait les cœurs des plus démunis au profil d'un désespoir vivace, une souffrance sans nom. C'était cela, Orchidia. Derrière le vernis clinquant se dessinait une réalité atroce, trop difficile à envisager. Les bas-fonds s'en nourrissaient, prospéraient en ces temps obscurs.

Une fois la nuit tombée, la capitale découvrait un tout autre visage. Celui qui ne pouvait survivre au grand jour, la tare cachée du royaume. Tout ce qui ne devait être vu, que l'on masquait pour cette façade ridicule. Un taux de criminalité qui ne cessait d'augmenter, fruit de règlements de compte ridicules. Les habitants restaient cloîtrer chez eux dès le crépuscule, une peur tenace au ventre. Le monstre surgissait après cela, et les rues d'Orchidia se couvraient de sang impur. L'horreur au-delà des mots !

Pourtant, un éclat subsistait toujours. Minuscule et irraisonné, mais que rien ne pouvait faire mourir. Une flamme naissante dans les regards où même la vie s'y confondait. L'espoir ! L'ombre que faisait poser la reine le permettait encore, ce semblant de clarté. Les convictions de tout un peuple placées en une seule et si jeune personne. La princesse Shun-Day portait tout cela en elle ! La véritable héritière du royaume devait obtenir le Bâton-Aigle de Jadilyna, et le malheur prendrait fin. La nouvelle reine, puisqu'il le fallait.

C'était tout cela Orchidia. Une beauté qui contenait difficilement la laideur maîtresse en ces lieux. Une couverture faite de faussetés qui révélerait un jour son vrai visage au monde. L'espoir que le peuple portait en eux en était la seule lumière dans l'épaisse noirceur du royaume. Une absente totale de couleurs et des vies réduites à néant. Les faux-semblants régnaient aux côtés de la terreur et du pouvoir, celui qui faisait autrefois la fierté de ses sujets. Une mascarade qui prendrait fin, bientôt.

Un surnom tout trouvé pour Orchidia, que l'on chuchotait à la tombée de la nuit, comme un secret trop bien gardé. Au milieu de l'hémoglobine et des pleurs. Des obscurs desseins des malfrats anonymes qui eux, savent. Le Royaume des Larmes !