Juste un au-revoir

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Il était là, devant ses yeux, juste devant elle. C'était si cruel, comme une punition qu'elle semblait vouloir s'infliger. Elle voulait souffrir, même si sa douleur était déjà trop forte, elle le méritait, elle en était certaine !

Il était si paisible ainsi, reposé. On aurait pu croire qu'il dormait, il était à peine un peu plus pâle, mais si calme. Si seulement il n'y avait pas cette horrible entaille au niveau de son cœur, masqué par un tissu immaculé. Si seulement sa poitrine pouvait se soulever encore, juste encore une fois, un souffle. Un souffle froid qui sortirait de ses lèvres qui offraient un sourire, un sourire sans nom. Un sourire sans vie, un sourire qui semblait accueillir la mort, l'accepter. Un sourire de mort, le sourire d'un autre monde, un demi-sourire, qui restait encore. Qui n'était pas parti avec lui.

Il était si beau, si parfait, même sans vie. Ses cheveux formaient comme une auréole autour de sa tête. Ses traits étaient apaisés, comme sculptés dans du marbre, plus rien ne changera, plus jamais. Ses yeux étaient désormais clos et Jadina songeait qu'elle ne verrait plus ses prunelles bleutés s'illuminer. La lumière avait disparu, la vie avec, il ne restait plus rien. Rien qu'un corps, une enveloppe vide d'âme, Danaël n'était plus là !

Elle restait là, des heures durant, sans même s'en rendre compte. Elle ne voulait pas le quitter, non, pas une seule seconde. Sachant que, bientôt, elle ne verrait plus, plus jamais. Elle voulait inscrire chacun de ses traits dans son esprit, au fer rouge, une cicatrice. Elle ne voulait pas les oublier, surtout pas. Elle en avait besoin, même si ça faisait mal, c'était son fardeau désormais !

C'était si dur, c'était si douloureux. Comme des coups de couteaux, partout, une brûlure continuelle qui ne la quittait jamais. Pourquoi ? Pourquoi elle et pourquoi lui ? Qu'avaient-ils fait pour mériter un tel châtiment ? Ou peut-être est-ce simplement le destin, l'une de ses farces, si cruelles ou goût amer.

Elle s'en voulait tellement, tiraillée de remords qu'elle s'efforçait d'écarter, d'oublier. Elle l'avait tué, c'est vrai, mai savait-elle eu le choix ? Avait-elle eu seulement à se poser la question ? C'était lui ou l'avenir d'Alysia, son fiancé ou le salut de ce monde. C'était trop pour elle, personne ne pourrait le supporter, personne ! Tous ses remords, et il fallait vivre avec, c'était ce que les autres attendaient d'elle. Mais elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas poursuivre son existence en tournant simplement la page. Même sourire, ce n'était plus possible, elle ne pouvait juste pas !

Elle avait pleuré, des heures durant en pensant à tous bons moments passés qui semblaient si loin. Mais ses yeux étaient secs et ça faisait toujours aussi mal, rien ne la soulageait. Même pas de se dire qu'il était mieux là ou il était. C'était ce qu'il fallait se dire, non ? Mais la douleur et la peine étaient trop fortes, les consolations presque inexistantes.

Elle eut un sourire, l'ombre d'un rictus sur ses lèvres, si triste, rempli d'une désolation sans mot. Son expression était celle d'une femme dévastée, détruite par une vie trop rude.

Elle s'approchait du corps du défunt, lentement, comme si elle avait peur qu'il disparaisse. Qu'il ne s'agisse que d'un mirage, une illusion de réelle, rien. Sa main effleurait la joue de son fiancé, une caresse aussi légère qu'une plume. La peau était douce mais froide, comme du verre qu'elle aurait peur de briser sous son touché.

Elle fermait les yeux, douloureusement et passait son pouce sur ses paupières qui ne s'ouvreraient plus jamais. Un contact toujours aussi aérien, la princesse y veillait.

Elle se penchait, doucement, avec toute la grâce due à son rang. Ses lèvres se posaient sur le front glacé du chevalier. Un baisé soufflé et tout son amour, toute sa peine, toutes les choses qui la dévoraient. Elle le lui offrait, une dernière danse, un dernier hommage. Un adieu ? Non, juste un au revoir ! 

Derrière les Héros [Les Légendaires]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant