Le mal ne meurt jamais vraiment

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Le soleil se couchait à l'horizon. Mettant fin à cette horrible journée. Tant de chose s'était passée aujourd'hui. Nous étions passées du rire aux larmes en quelques instants, les chocs émotionnels vécus avaient été épuisant. La bataille aussi, le combat final, tout était fini ! Nous avions gagnés ! Les bons avaient gagnés, comme toujours ! Mais aussi, le mal n'était pas complètement vaincu, il restait toujours un infime partie de sa fourbe existence. C'est pourquoi cette victoire avait un tel goût amer ! Pour moi, elle avait presque le goût de la défaite, parce, oui, nous n'avions pas tout gagné !

Anathos avait beau être mort, ça ne ferait pas revenir les personnes qu'il avait tuées ! C'était pourquoi il me revenait d'honorer une dernière fois leurs mémoires, bien que je souhaitais simplement qu'on me laisse tranquille, faire mon deuil en paix. Seule. Car je l'étais à présent !

Cette infâme journée se terminait donc enfin ... Comme elle m'avait semblé interminable, si longue et si courte à la fois ! Le soleil disparaissait peu à peu, ce spectacle était vraiment magnifique. J'inspirai l'air automnal avec autant de plaisir qu'une personne qui avait échappé de peu à la mort. Je sentais le vent me caresser la peau et fouetter mes cheveux, j'étais prise d'une étonnante nostalgie ! Je pouvais presque entendre mon cœur battre la chamade dans ma poitrine, sentir mon sang couler dans mes veines.

Mes yeux devinrent soudain humides, mais je m'empressais de les chasser, ce n'était pas le moment. Je ne devais pas pleurée, je ne devais pas laisser libre court à ma peine, à mon désespoir et à ma douleur ! Je ne devais pas être faible, pas encore, aujourd'hui, je devais être forte, montré l'exemple ! Mais je ne voulais l'être, je voulais juste être comme les autres, pleurer ma perte dans mon coin et ne pas avoir à serrer les dents.

Mais j'étais décidément différente ! Et sans cesse je le revoyais, Danaël ! Et à cet instant, je ne désirais plus vivre, vivre en sachant que c'était moi qui lui avait retiré la vie ! J'avais vu ces yeux bleues magnifiques me dévisager d'un air suppliant, j'y avais vu l'espoir, l'espoir du condamner. Puis, j'avais pris ma décision, sans aucun doute la pire de mon existence. Et tandis que je sentais sa propre épée pénétrée sa chair dans un bruit horrible, j'avais vu la vie disparaître au plus profond de ses prunelles tandis qu'il écarquillait les yeux de douleurs et d'étonnement. J'avais immédiatement regretté mon choix, me haïssant d'avoir été celle qui avait enlevé cette flamme que j'aimais tant chez mon fiancé.

Oh par tous les dieux ! Que j'avais mal ! Ma souffrance n'était pas physique, non, elle était plus profonde, intérieur, intarissable, immortelle. C'était comme du venin qui coulait lentement prenant du plaisir à me voir souffrir. Se délectant de chaque parcelle de ma propre agonie. J'entendais presque mon corps hurler sa propre douleur, me supplier de l'aider, d'en finir !

J'étais sans cesse hanté par toutes les personnes mortes lors de cette guerre, je revoyais leurs visages autour de moi, me parlant, me faisant des reproches parfois. C'était insupportable, une véritable torture !

Je sentais à présent le regard de mes amis derrières moi, j'entendais des voix que je reconnaissais pour certaines, des pleurs, des lamentations. Lorsque la foule se tut, je commençai le discours que j'avais préparé et qui ne pouvait pas résumer ce que je ressentais, aucun mot ne le pouvait.

-Aujourd'hui, nous célébrons ... La fin de cette guerre ! Aujourd'hui nous honorons ... Nos morts !! Ici sont enterrées les premières victimes du dieu Anathos ... De véritables combattants tombés sous les coups ennemis. Ils étaient nos amis ... Notre famille ... Et plus encore !

Je marquis une pose, m'humectant péniblement les lèvres, me forçant à continuer :

-Il incombe aux survivants d'honorer leur mémoire en faisant renaître Alysia de ses cendres !!

Je me suis tournée vers mes compagnons, des larmes inondaient déjà leurs visages et je continuai d'une voix forte :

-Quant à nous, mes chers amis, poursuivons le rêve de Danaël ... Et trouvons ensemble un remède à l'effet Jovénia !

Puis, tandis que je laissai enfin couler les larmes qui me brulaient les yeux, nous entonnâmes la phrase qui nous suivait depuis le début, un sourire artificiel sur nos lèvres comme les marionnettes que nous étions tous à notre insu :

-LES LEGENDAIRES UNIS UN JOUR ... LEGENDAIRES UNIS TOUJOURS !!! 

Derrière les Héros [Les Légendaires]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant