Prisonnier

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    Prisonnier. J'étais prisonnier. Tout ici me le rappelait et rien ne me laissait le loisir d'oublier. De prendre un peu de repos. La pièce était sombre et froide, malgré le fait qu'elle soit fermée, une brise régnait, frappant ma peau nu. Dans l'air flottait une odeur abjecte, un mélange de pourriture, de sang séché et de chair en décomposition. Je ne parvenais pas à m'y habitué et j'aurai sans doute vomi si je n'avais pas l'estomac complètement vide. Des chaines me retenaient, m'entravaient, me détruisaient. Le fer des liens frottaient contre la fine peau de mon cou et de mes bras. La douleur qui, au début, n'était que léger, était rapidement devenue insupportable. Un brûlement perpétuel, je me tortillais pour lui échapper, mais rien n'y faisait, c'était toujours pire. J'étais certain que, en dessous, ma peau était à vif.

Le temps passait, lentement, une autre torture à laquelle je devais faire face, pas moins atroce. Lorsque l'on m'avait jeté dans ce cachot, j'avais commencé par me débattre. Tirer sur mes liens de toutes mes forces, avec l'énergie du désespoir et de la rage qui me consumait. Mais c'était peine perdue, je n'avais pas tardé à m'en rendre compte, l'espoir s'était aussitôt éteint. J'avais serré les dents et j'avais attendu. Sans savoir quoi, exactement d'ailleurs. Je m'en voulais. J'avais tellement l'impression de les avoir abandonnés. J'étais le leader des Légendaires et me voilà prisonnier, alors que je devrais être auprès d'eux pour me battre. Ici, j'étais inutile, aussi inoffensif qu'un nouveau né. Cette sensation d'impuissance était tout simplement horrible. Je m'imaginais déjà les pires horreurs pour eux, s'il leurs arrivait malheur, je ne pourrais me le pardonner.

Par moment, des bruits me parvenaient. Je sursautais, tous mes sens aux aguets. Mais personne ne rentrait, j'étais toujours seul. Souvent, juste après, j'entendais des cris, les sbires de Darkhell s'amusaient certainement avec les prisonniers. Nous étions pareils, dans la même situation, et ça pourrait très bien être moi, à leur place. Et je n'étais pas dupe, je savais très bien que je n'y échapperais pas.

Les Légendaires étaient l'ennemis numéro un du Sorcier Noir, il n'allait pas passer à côté de l'occasion de torturer leur leader. Il allait certainement tenter de me soutirer des informations sur n'importe quoi. Des points de pression, par exemple, ou sur notre prochaine attaque. Je ne pouvais qu'imaginer la torture : la douleur physique et morale. Darkhell avait plus d'un tour dans son sac et il userait de tous les moyens pour arriver dans ses fins. Même le plus courageux des hommes ne pouvaient que trembler devant ce sorcier.

Mais je ne parlerais pas, je me le promis. Pour les Légendaires, pour la confiance qui place en moi depuis toujours et pour le salut de ce monde. C'était mon devoir et je ne faillirais pas. Il pouvait bien venir, maintenant ou plus tard. M'affaiblir, attendre que je meure de fatigue, de faim ou de soif. Me détruire à petit feu ou me tuer directement. Ca m'était bien égal. Parler serait comme une trahison et je ne pourrais plus me regarder dans un miroir après ça. Je préférais encore la mort. Même prisonnier, je restais fidèle, même entravé, je pouvais encore être fort. J'étais prêt. 

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