Chapitre 7 - Oisillon

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— Allez, debout, sergent !

Galliem était penché sur moi, un sourire resplendissant collé sur le visage. Il me fallut quelques secondes pour me remettre l'endroit où j'étais et qui était cette personne aux goût vestimentaires si particuliers.

Je me redressai du sillon terreux qui m'avait servi de lit. Nous avions dormi en plein milieu d'un champ. Vers l'est, même avec ces nuages, il ne faisait aucun doute que le soleil allait bientôt se lever. Galliem aussi regardait dans cette direction avec attention. Ses ailes avaient disparu, pourtant, je me souvenais très bien les avoir touchées. Ah, oui, ça, impossible de l'oublier.

— Il est grand temps de rejoindre le point de départ, s'étira Galliem.

— Nous n'y sommes pas encore ?

— J'ai du mal à me repérer de nuit.

A pied, nous marchâmes vers un ensemble de grands piliers surmontés d'hélices qui tournaient à vive allure. J'en avais déjà vu à la télé ; c'étaient des éoliennes.

Les nuages étaient toujours aussi noirs. Le vent soufflait de plus en plus fort. Malgré moi, je commençai à appréhender, car j'avais bien compris qu'il allait être question de monter en altitude.

— Dis-moi, Galliem, fis-je en marchant, tête vers le ciel, il est haut ton royaume ?

— En temps normal, je suis dessus, pas dessous.... Aucune idée.

— Ah, super, lâchai-je. Ça veut dire qu'on pourrait monter, monter, jusqu'à ce que tu n'en puisses plus et qu'on retombe tous les deux comme des feuilles mortes ?

— Mais comment ça que je n'en puisse plus ? Tu vas te rappeler comment voler, mademoiselle, ne crois pas que je vais te porter jusque là-bas !

— Comment ça je... Hé !

Galliem m'attrapa à nouveau dans ses bras. J'aurais pu profiter de ce vol improvisé pour regarder si des ailes étaient apparues dans son dos, mais j'avais plus urgent. Galliem fonçait tout droit sur l'hélice.

— GALLIEM ! hurlai-je. TOURNE !

— Mais ne t'agite pas en plus ! grogna-t-il.

Il la contourna maladroitement. Mon cœur n'avait jamais palpité à ce point. En quelques battements, il nous déposa sur l'engin, juste derrière les pales. Chacun de leurs passages coupait brutalement le vent qui nous faisait tanguer.

Galliem voulait que je descende de ses bras. Comment dire... je n'en avais curieusement pas très envie. Finalement, il ne me laissa pas le choix. Arrimée à ses poignets, plus tétanisée que ce que j'aurais voulu, je sentis mes pieds entrer en contact avec l'engin glacé et vibrant.

« Ne surtout pas regarder en bas... »

Je baissai le regard.

— Galliem, je ne me sens pas bien.

— Tu plaisantes, ma vieille. Je t'ai vu voler pendant des années, c'est pas deux malheureux petits ans qui ont pu changer tes bonnes habitudes.

Une bourrasque de vent sembla donner vie à mes cheveux.

— Galliem...

— Ne t'inquiète pas, je te regarde.

— Non, je t'interdis de me lâcher !

Il le fit. 

— C'est le moment, il faut monter, résonna sa voix quelques mètres au-dessus de moi. Allez, sergent Walkaerys, du nerf !

L'Angevert - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant