Chapitre 31 - Retour au château (partie II)

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On m'avait ordonné d'aller travailler au centre du nuage. Je me retrouvai à faire route vers le bâtiment le plus important de Vendomeland. S'il n'y avait pas plus éloigné comme situations...

L'aile bien droite au-dessus de ma tête, je suivais le Garde en direction des portes. J'avais fait ma fière face aux soldats, mais en réalité, je ne l'étais qu'à moitié. A chaque nouvelle enjolivure que je discernai sur la façade blanche, mon cœur s'accélérait. A croire que je n'avais pas réalisé immédiatement où j'allais. Quant à qui m'avait appelée, je pensais le savoir, mais j'essayais de le banaliser, pour ne pas stresser davantage.

Nous gravîmes les quelques marches du parvis. Comme lors de ma première visite, les immenses battants s'ouvrirent pour me laisser entrer, tout en légèreté, sans faire aucun bruit. Le long du passage, les Gardes se tenaient droits, immobiles. Toute cette mise en scène m'intimidait, autant qu'elle me fit me sentir plus importante que je ne l'étais.

La salle du trône n'avait pas changé. Mais cette fois-ci, sans un Galliem en mauvaise posture, je pus prendre pleinement conscience de sa somptuosité.

Des rayons de lumière tombaient du plafond jusqu'au bas des immenses colonnes, se reflétaient sur les dorures des murs, sur ces deux trônes en haut des escaliers, splendidement imposants, sur le fin dallage en mosaïque du sol, qui scintillait entre les plaques de marbre clair. Les alvéoles murales, sur toute la longueur de la salle, étaient remplies d'une bonne centaine de gardes, immobiles et silencieux tels des statues, veillant sur les lieux. Comme si cette salle était trop raffinée pour supporter les bruits parasites. Cette réflexion me fit prendre conscience de la résonance de mes pas. En rosissant, je me fis plus légère, et continuai à avancer derrière le Garde, les pieds presque à plat. Des yeux, je cherchai la Reine. Mais, une fois encore, les deux immenses trônes dorés étaient vides.

Un homme en toge apparut au bout d'un couloir. D'un pas aérien, il traversa la salle dans ma direction.

— Mademoiselle Walkaerys, murmura-t-il sereinement, la Reine est en entretien avec le Général Kinmerigan. Elle vous recevra dans quelques instants, naturellement vous pouvez l'attendre à proximité de la tour. Si vous voulez bien me suivre...

— Bien sûr, chuchotai-je presque.

Je laissai le Garde pour suivre le serviteur dans un couloir clair et délicat. Un escalier plus haut, nous nous retrouvions dans une galerie surplombant la caserne des Archers. Moi qui d'habitude travaillait dans un bâtiment semblable, je me sentis soudain mal à l'observer d'aussi haut. Pourtant, je n'arrivai pas à en décoller les yeux.

L'homme en toge poursuivit jusqu'au bout de la galerie, avant de s'arrêter ouvrir deux portes en bois blanc et aux poignées dorées, estampillées du symbole en losange. Un autre grand couloir plus sombre s'ouvrait derrière.

— Je vous en prie. Sa Majesté arrivera bientôt.

Je le remerciai et inclinai la tête. Il répondit à mon geste avant de tranquillement s'éloigner vers la salle du trône. J'attendis. Dès qu'il fut assez loin, je lâchai un soupir nerveux.

« Détends-toi, Lyruan, détends-toi. » Mes pieds se mirent à faire les cent pas devant le couloir. « Reste toi-même, me dis-je. Et polie, très polie. »

Les minutes commencèrent à défiler.

Le petit stress qui me tenait le ventre faisait s'écouler le temps d'une façon très peu agréable. Adossée à côté des portes, je penchai ma tête une énième fois dans le couloir assombri. Les portes à son bout étaient toujours closes. Je me redressais, croisais les bras, allais à la fenêtre, revenais, me recoiffais bêtement comme Galliem l'avait fait avant d'aller voir le Colonel.

L'Angevert - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant