— Lyruan, réveille-toi !
Je me redressai en criant dans le canapé du salon, bousculant Galliem, torse nu, un demi-oignon dans la main.
Ni une ni deux, je l'attrapai par les cheveux derrière son cou et le tirai vers moi.
— Ecoute-moi bien, espèce d'oiseau de mauvais augure. Tes balivernes, tes mensonges, tes histoires sorties de je ne sais où, tu vas les ravaler et les ramener dans ton asile de fous. J'en ai marre de ces histoires de chute. J'en ai marre de penser que ma vie a pu être un cauchemar. Donc maintenant, tu vas dégager. Tu comprends, tête de pioche ? Tu DÉGAGES !
Sans lâcher ses cheveux, je le tirai vers la porte. Je sentis ses mains tenter de se dégager, mais à cet instant, j'étais investie d'une force implacable. Personne ne pourrait compromettre ce que j'avais décidé.
Je l'envoyai valser dans la terre bien plus facilement que ce que j'aurais pu penser. Galliem couina misérablement, alors que je tendais ma main vers les nuages menaçants.
— Allez, l'extra-terrestre, rentre chez toi !
— Mais, Lyruan...
— Lis sur mes lèvres : DU VENT !
— Je comprends ce que...
— JE NE VEUX PLUS TE VOIR !
Je claquai la porte, le cœur battant à mille à l'heure. Puis je fermai le verrou. Au pas de course, je fis de même avec l'ensemble des ouvertures de la maison. Fenêtre, vasistas, même les vieilles chatières, tout y passa. Je vis à peine Emile et Jeanne, perdus par la tournure des événements. Je ne cherchais pas à leur expliquer. Je n'avais pas envie de parler.
Le repas se fit dans un silence d'enterrement. A la fin de celui-ci, je lâchai un vague remerciement, puis fonçai m'enfermer dans ma chambre.
La nuit arriva très lentement.
En boule dans mon lit depuis une bonne heure, j'étais évidemment incapable de trouver le sommeil. La menace d'un nouveau cauchemar, les paroles de Galliem, tout cela m'empêchait de fermer l'œil. Je réfléchissais trop. Et au plus je voulais oublier cet énergumène, au plus ce qu'il m'avait dit faisait son bout de chemin dans mon esprit.
Une occasion de rentrer sur Vendomeland, demain matin...
Une unique occasion...
Je me retournai dans mes draps, grommelant.
Je ne savais même pas de quoi il voulait parler. Comment pouvait-on accéder à ce pays lointain ? En avion ? Je maugréai en me retournant à nouveau. De toutes façons, inutile d'y penser. Je venais de me retirer de toutes ces histoires, de ce qui se faisait passer pour mes histoires.
Mais aussi, de ce qui aurait pu être mon histoire...
Mes draps tombèrent sur le sol quand je me redressai droite dans mon lit. Un horrible doute m'envahissait.
Étais-je en train de commettre une grosse erreur ? De me tenir loin d'une vie qui me correspondait davantage, quels qu'en soient les dangers ? L'image du filet dansa lugubrement dans ma mémoire, mais elle fut vite remplacée par ce mot : « Major ».
« Moi, major...? » Je ne savais pas ce que ça représentait, un major, dans une armée entière. Mais ce grade, ce simple mot, résonnait soudain comme un défi. Comme une quête qui animerait mon existence, que je pensais dévouée aux repas avec Jeanne, et au jardinage avec Emile.
Ce fut à ce moment que je pensai à Galliem. Galliem. Mon frère. J'avais un frère dans cette réalité qu'il m'offrait. Et tous ces visages que j'avais vus flous, ils existaient. Quelque part. Ils m'attendaient. Je m'en convainquais.
VOUS LISEZ
L'Angevert - Partie I
ParanormalAdolescente amnésique, Élise pensait que seuls les parachutistes tombaient du ciel... jusqu'à ce qu'un jeune homme s'écrase dans son potager. Le nouveau venu est différent, comme elle. Oreilles pointues, armure de cuir et grandes ailes blanches, il...