Chapitre 16 - Combat imprévu (partie II)

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Étrange, le caporal n'avait pas l'air d'apprécier que je le maintienne au sol.

— Walkaerys..., éructa-t-il avec des yeux globuleux.

Ravaler un sourire. Ravaler un sourire.

— Je vous libère, si vous vous excusez auprès du groupe, conditionnai-je.

— Walkaerys, relevez-moi.

— Je n'ai pas entendu vos excuses.

— SOLDAT, C'EST UN ORDRE !

Ah. Un ordre. Que pouvais-je faire ? Avais-je vraiment le choix ? Dépitée, je me relevai, puis tendis une main obligée au caporal, qui se releva tel un vieil acrobate.

— Maintenant à terre, grommela-t-il en se massant la gorge.

— ... Quoi ?

— A TERRE !

Après un coup d'œil aux autres, spectateurs de tout ceci dans le silence, je regardai à nouveau Migonem. Ou plutôt, je le fusillai du regard.

Osait-il ? Osait-il vraiment me demander ça ? Osait-il vraiment m'ordonner de me soumettre à son égo maladif ? De me laisser battre comme un animal ?

— Et si je refuse ? articulai-je, froidement.

— Dans ce cas, je note...

Vibrant, il se saisit de son bâton.

— Ecoutez-moi bien, Walkaerys, fulmina-t-il, c'est votre dernière chance. Je vous ordonne de rester immobile. C'est compris ? Soit vous m'obéissez, soit vous quittez l'armée sur-le-champ, avec un procès au tribunal militaire. Heureuse perspective, n'est-ce pas ? De la prison pour vos jeunes années. Délectable.

Une immense vague de colère manqua de me faire perdre mes moyens. Je sais qu'il le vit.

— Découvrons votre choix, se réjouit-il, pervers.

Son bâton se leva une nouvelle fois vers le ciel, mais je continuai de le regarder lui. Quelle ordure. Si c'étaient ça les soldats de l'Armée Blanche, je ne voulais pas en être. Absolument pas.

Immobile, il continua à sourire. Qu'est-ce qu'il attendait ? Qu'il me frappe, si ça lui faisait plaisir. Quoique, allais-je me laisser faire ? Allais-je consentir à un tel abus de pouvoir ?

Toujours rien. Le caporal me fixait bizarrement sans ciller, l'air légèrement nauséeux. Il devait profiter du moment, mais, lointainement, la situation me parut durer bien trop longtemps. Sa position bras levés transpirait toujours l'empressement nerveux. Un ultime plan de contre-attaque en tête, je continuais de le fixer, en espérant que ce soit l'inflexibilité de mon regard qui le fasse hésiter.

Ou alors, peut-être était-ce parce qu'il voyait cette personne, qui arrivait en courant dans mon dos.

— CAPORAL ! tonitrua soudain une voix grave. Caporal, qu'est-ce que ça veut dire... ?

Avec la tension, je sursautai ridiculement haut. Migonem sembla se ranimer, pour aussitôt perdre son aplomb. Un rapide coup de tête en arrière et je vis à mon tour les deux hommes qui se dépêchaient vers nous, à toute allure. Le plus rapide était un soldat, barbe et cheveux noirs. Un léger embonpoint sautillait dans sa course et un cape rouge mi-longue, flamboyante au soleil, flottait dans son dos. Il était suivi de près par cette tête ronde décoiffée que je reconnus comme celle de Galliem.

— Walkaerys m'a dit que vous vouliez me parler, souffla l'homme barbu, en désignant succinctement mon frère. Et qu'est-ce que je découvre ? Vous avez intérêt, intérêt caporal, à m'expliquer ce que vous vous apprêtiez à faire !

L'Angevert - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant