— EN RANGS !
« Ah, cette douce voix... »
En ce matin ensoleillé, c'était avec une joie non dissimulée que je retrouvai le merveilleux, non, l'incroyable caporal Migonem. Lui et son petit sourire supérieur si charmant. Un vrai plaisir.
Dans un silence d'enterrement, le meilleur formateur de Vendomeland continua de nous dévisager, tandis que nous dressions notre dos pour ses beaux yeux de raton.
Je regrettais tellement, tellement, de ne pas avoir au moins remercié le caporal Trimidis. Quelle chance de l'avoir eu un temps comme instructeur, à la place de cet incapable. En bonne imbécile, j'avais été pire que froide pour notre dernier au revoir. La culpabilité me rongeait les nerfs. Mon seul espoir demeurait que le séjour en prison du caporal lui ait remis les idées en place. Mais, comment dire... c'était un espoir.
— Aujourd'hui, changement de programme dans vos petites activités de bleusaille, lança-t-il sans un bonjour. On va descendre au pied du nuage. Pour ça, j'vais former des groupes. Vous trois, vous irez avec moi, direct aux Poulies. Vous cinq, vous serez corvée soupe pour les clochards. Voilà, c'est tout. Oh, mais non, je crois que j'ai oublié... vous, Walkaerys.
Son petit visage de rat jubilait.
— C'est bien dommage, j'ai omis de vous inclure dans nos occupations. Dans ce cas... vous n'aurez qu'à prêter main-forte à mes collègues dans le centre. Vous direz que c'est moi qui vous envoie. Allez, en route soldats ! Et on me répond !
— Oui, caporal, firent les autres sans beaucoup d'entrain.
— Allons Walkaerys, je n'ai pas entendu, minauda-t-il.
Evidemment, c'était moi qu'il regardait.
— Oui caporal, crachai-je à mon tour, aigre.
Pour descendre, il fallait emprunter les cordes depuis le niveau intermédiaire. La corde rouge que j'avais utilisée pour monter la première fois était réservée aux urgences. Nous passâmes le contrôle des Gardes postés entre les deux zones sans problème avec nos uniformes, puis nous nous engageâmes d'un pas soutenu dans cette partie centrale que je ne connaissais pas.
C'était clairement un quartier résidentiel pour bonnes familles. Alignées, blanches, raffinées, des maisons proprettes allant de l'appartement de couple à des bâtisses, plus grandes que celle d'Emile et Jeanne, se succédaient le long d'une allée, pavée au millimètre. La lumière diffuse par le plafond et les parois nuageuses n'était ni aveuglante, ni sombre. La température s'en trouvait bien plus agréable que sur la Prairie.
Les petites rues étaient vides et tranquilles. Notre groupe s'avança dans quelques quartiers, jusqu'à trouver un départ de poulie. Jamais je n'aurais cru qu'il s'en agissait d'un. Au centre d'une petite placette aux quelques mosaïques, une ogive blanche ajourée dissimulait le mécanisme, impudiquement mis à nu dans les lieux militaires.
Le caporal ouvrit l'ogive sans délicatesse.
— Allez, An-Chenlei, beugla-t-il, vous penserez à votre piaule plus tard. En piste.
— Mon caporal, répondit imperturbablement Fen en s'avançant.
Il plaça ses pieds dans les étriers, puis disparu en esquissant un semblant de sourire dans ma direction. Je soupirai. La présence de ce caporal me mettait en rogne, cela devait se voir.
— Vous rêvassez Pleh ?
Je sentis comme un couinement à côté de moi.
— Non, non...
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L'Angevert - Partie I
ParanormalAdolescente amnésique, Élise pensait que seuls les parachutistes tombaient du ciel... jusqu'à ce qu'un jeune homme s'écrase dans son potager. Le nouveau venu est différent, comme elle. Oreilles pointues, armure de cuir et grandes ailes blanches, il...