Chapitre 19 - Une voix

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Le soleil se couchait en-dehors de la grande salle.

Immense salle.

Vide.

Morte.

Emplie des ombres des brasiers, vibrante au son des échos d'un enfer à ses pieds. Ailleurs, des marteaux cognaient le fer. Des rires sarcastiques dévoilaient des vies en perdition. Le soleil se couchait sur le cœur de l'île, là où on pouvait l'entendre vivre, mourir, respirer, suffoquer, espérer et... comprendre.

Un tremblement souterrain fit danser les ombres des colonnes sur les murs. Un soupir, puis le bruit acéré de doigts pianotant sur la pierre y répondit. La salle s'animait ; il y avait quelqu'un sur le trône.

— Votre Majesté.

Les mots se répétèrent dans l'écho.

Les doigts se dressèrent.

— Ecoute ce silence, ordonna une voix suave.

Le calme revint. Aucun tremblement ne le brisa de nouveau.

La main se serra.

— Je hais le silence.

Une ombre, en bas de la salle, courba le dos. Acerbe, la voix reprit :

— Viens-tu me dire que la construction reprend ?

— Hélas non, Votre Majesté. J'ai reçu un message de Rama. La fille Walkaerys a survécu, elle est dans le royaume.

Un vent glacé s'engouffra dans la salle par les fenêtres hautes.

A nouveau du silence. L'ombre gardait la tête baissée, immobile.

— Je suis très énervé, s'éleva doucement la voix.

La silhouette se courba davantage.

— Mais je pense que la nouvelle plaira à Narayan. Cette fois, je lui préciserai que je veux un voyage sans retour pour notre amie... Va me le chercher, le temps presse.

— Bien, Majesté, se plia l'ombre. Avant cela, je dois vous transmettre une seconde information. La fille Walkaerys est amnésique.

Un murmure étonné résonna.

L'instant d'après, il fut noyé sous le rire froid qui retentit depuis le trône.

— Eh bien, mon cher Krishna...

La main marquée du roi étira son œil cyan, dont le blanc était noir.

— J'ai l'impression que cela nous ouvre de nouvelles perspectives.

L'Angevert - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant