— C'est une maison ça ?
Sur une prairie portant les plus beaux bâtiments que j'aie vus de ma vie, une misérable bâtisse circulaire en pierre de quatre mètres de haut, je n'aurais pas appelé ça une maison.
— Ouaip, confirma Galliem en se baissant pour rentrer par la porte basse.
Je n'étais pas très rassurée. Mais autour de moi, le noir avait envahi la prairie, je ne voyais plus rien aux alentours et un froid glacial commençait à geler les brins d'herbes. Curieusement, ça m'incita à le suivre, néanmoins lèvres pincées.
L'intérieur n'était éclairé que par une bougie. Presque entièrement dans l'ombre, Galliem s'affairait avec une toile de jute qui pendait du plafond. Par habitude je commençais à retirer mes chaussures. Un horrible bruit de crachat me fit arrêter mon geste net.
— Galliem... ? commençai-je lentement.
— Ly ?
— C'est propre, chez toi ?
— Chez nous, me corrigea-t-il. C'est pas important, personne ne vient jamais.
J'avançais par la pointe des pieds, comme si le sol était recouvert de débris de verre.
— Donc tu ne fais jamais le ménage ? questionnai-je encore.
— C'est quoi ça, le méjane ? Et tu vas dans la mauvaise direction, ton lit est contre le mur.
Il m'indiqua un endroit sur ma gauche, où je crus discerner une petite fenêtre. Le sol était mou, le lit contre lequel je me heurtai un instant plus tard, un peu moins.
Un battement d'aile me fit me retourner. Galliem venait de s'installer dans un hamac rudimentaire, suspendu à deux mètres du sol.
A mon tour, je m'allongeai avec précaution dans des draps plus rugueux que dans mon ancien chez-moi — que je commençai sérieusement à regretter.
— Cette maison est étonnante, osai-je enfin. Elle ne ressemble ni aux casernes ni au château... Elle est trop petite pour une famille...
— On vivait ailleurs, avant, se contenta de marmonner Galliem.
— Mais pourquoi a-t-on déménagé ? m'empressai-je de rebondir.
Un ronflement lointain me répondit. Galliem dormait déjà. Déçue, je m'étirai pour pouvoir souffler sur la bougie.
— Bonne nuit, lançai-je, sans attendre de réponse.
Le noir se fit dans la pièce. Galliem soupirait et marmonnait. Peu de temps après, je supposai que je me mis à l'imiter.
Ma première nuit sur Vendomeland fut la plus calme que j'aie connue depuis des mois.
— Merde, merde, merde, merde...
Un sommeil sans rêve était si doux, si calme... Sentir le soleil chaud sur mon visage, être bercée par ces bruits de pas lointains... Tout avait un air de paradis, que je ne quitterais pour rien au monde...
Un claquement de porte me réveilla en sursaut.
— LES NOUVELLES RECRUES ONT RENDEZ-VOUS A TROIS HEURES APRES LE LEVER DU SOLEIL ! cria Galliem.
— Pas la peine de hurler ! répliquai-je, furibonde.
Son extrême douceur me causait des lancements dans la tête. Mais mon frère n'avait pas l'air de s'en soucier. Tout aussi fort, il ajouta :
VOUS LISEZ
L'Angevert - Partie I
ParanormalAdolescente amnésique, Élise pensait que seuls les parachutistes tombaient du ciel... jusqu'à ce qu'un jeune homme s'écrase dans son potager. Le nouveau venu est différent, comme elle. Oreilles pointues, armure de cuir et grandes ailes blanches, il...