Chapitre 33 - Pour lui plaire (partie II)

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La voix sérieuse de la Reine m'atteignait aussi clairement que si elle était restée en face de moi. Un filet ? Bien sûr que je voyais de quoi elle parlait !

— Oui, votre Majesté, répondis-je docilement.

— Bien... Ce jour-là, il y avait des soldats en poste sur le chemin de ronde. Ils nous ont appris l'existence de cet objet. Cela ne semble pas grand-chose, peut-être, un filet de plus ou de moins, pour des êtres qui n'ont que faire de la souffrance des autres.

Je sentais le « mais » arriver.

— Mais non, cela change tout. Voyez-vous... il suffit d'un simple filet, pour que ce qui aurait pu passer pour un accident cruel, devienne clairement une tentative d'assassinat.

D'accord, parmi toute une armée, ils avaient décidé de jeter un filet sur moi. Et alors ? Je ne voyais pas où elle voulait en venir.

La Reine me tournait le dos.

— L'attaque que nous essuyions ce jour-là n'était pas spécialement surprenante, fit-elle d'une voix si douce qu'on aurait presque dit un murmure. Nous étions préparés, le château était sous bonne garde. Mais c'était étrange. Les combats étaient moins violents. Comme si le camp adversaire avait... un manque d'entrain, voyez-vous. Alors qu'ils cherchaient sans cesse à provoquer une sortie de la Princesse, ma fille, cette fois, elle n'eut même pas à intervenir. L'attaque s'est terminée brutalement, nos ennemis ont soudain déserté le champ de bataille, alors que leur situation n'était pas forcément pire que la notre. Il faut croire qu'ils avaient accompli ce pour quoi ils étaient venus.

Elle marqua un pause.

— Si on suit ce raisonnement, il semblerait que, étonnement, leur objectif n'ait pas été... l'Angevert.

Sa tête scintillante se retourna lentement vers moi.

— Ma chère Lyruan, notre Général a une théorie, qui n'est pas la mienne. J'ai confiance en vous. Lui, en dépit de votre nom, beaucoup moins. Il pense qu'il est trop tôt pour vous le demander, mais comme il ne fait aucun doute de la réponse... Ma chère, j'aimerais savoir si vous vous souvenez de quoi que ce soit vous concernant vous, et l'île d'Utopie. Un possible rapprochement entre vous et nos ennemis, notamment.

Son port de tête n'avait pas bougé. Son ton doux n'avait pas changé. Mais je reçus ses mots avec la violence d'une frappe dans le ventre.

Quel malentendu.

Quel horrible malentendu.

Le Général, il pensait que... Il se trompait. Il avait tout faux. Cette hypothèse ne tenait pas, c'était inconcevable.

« Impossible... »

— V-votre Majesté...

Mon père, mon frère, maintenant moi, allait-elle me dire que toute ma famille était déviante ?

« Moi et l'île d'Utopie...? »

— Votre Majesté, repris-je en m'efforçant de rester calme. Mon père était Général. J'étais et je suis toujours engagée dans l'armée pour servir la Couronne, votre Couronne, à-à vous. Cette accusation... pardon, cette question, me parait... totalement hors de propos.

Son sourire poli sonnait maintenant horriblement faux.

— J'en suis persuadée également. Que voulez-vous, soupira-t-elle délicatement en revenant vers les sièges, le Général est un homme prudent. Nous ne pouvons pas le lui reprocher.

Elle s'assit.

— Pour lui faire plaisir, promettez-moi de me tenir au courant de votre guérison.

L'Angevert - Partie IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant