— Vous avez meilleur appétit.
Angelina reposa son assiette sur ses jambes.
— Je me force.
— Allons, vous mangez le meilleur de Vendomeland. Ne faites pas la fine bouche.
Je débarrassai. Sa main froide frôla la mienne, nous arrachant à toutes deux un sourire complice.
Un Garde attendait juste derrière la porte. Sans un mot pour le heaume, je lui tendis les restes de céréales germées, puis refermai.
J'étais encore retournée quand je l'entendis. Un début de râle ; sifflement insidieux, mais qui résonna à mes oreilles comme la plus cinglante des cornes de brume.
En deux bonds, je me retrouvai près du lit.
Angelina se tordait de douleur.
— Votre Altesse, détendez-vous, essayai-je.
J'entendais la panique camouflée dans ma voix.
— Ça... ira..., murmura-t-elle.
Ses doigts se déplièrent dans ma direction.
— Votre main.
Je la lui donnai. Elle la serra, mais ce fut à peine si je sentis une pression.
— J'appelle la Garde ?
En sueur, elle fit « non » de la tête.
— Ce sera comme les autres fois, assurai-je. Ça passera. Je suis avec vous, Votre Altesse.
Son sourire forcé me fit chaud au cœur.
— Lyruan. Je... Je...
Ses yeux s'illuminèrent.
— Je te déteste.
Un horrible frisson remonta le long de mon échine.
— ... Pardonnez-moi... ?
— Je te hais.
Elle rentrait ses ongles dans ma peau. Elle arrivait à me faire mal.
Quelque chose n'allait pas.
— Que se passe-t-il, Angelin...
— Tu as condamné ma vie.
Ses pupilles brillèrent de plus belle. La pièce se remplissait de vagues d'une lueur familière. Je ne l'avais jamais perçue comme une menace, mais...
— A LA GARDE ! hurlai-je de toutes mes forces.
— Je n'ai pas de vie. Mon destin est écrit. C'est de ta faute. TA FAUTE.
Les Gardes entrèrent en courant. En quelques secondes dangereuses, ils observèrent, comprirent, entourèrent la Princesse et la firent lâcher ma main rougie, avant de me forcer à reculer. Immédiatement, je sentis l'énergie fondre dans mon corps avec une violence inconnue. Je n'en revins pas. Elle tentait de me retenir. Elle tentait de m'immobiliser. Moi.
Angelina s'était transformée en furie.
— JE TE HAIS ! hurla-t-elle dans ma direction.
Elle sautait dans son lit. Plusieurs mains se posèrent sur ses bras. Ses yeux ne me lâchaient pas. Je ne savais pas quoi faire. Jamais ça n'était arrivé.
— JE TE HAIS ! JE TE HAIS ! JE TE HAIS !
Des torrents de larmes se déversaient sur ses joues pâles.
— Je te hais, je te hais, je te hais.
— Ne l'écoutez pas, mademoiselle Walkaerys.
Un Garde me parlait.
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L'Angevert - Partie I
ParanormalAdolescente amnésique, Élise pensait que seuls les parachutistes tombaient du ciel... jusqu'à ce qu'un jeune homme s'écrase dans son potager. Le nouveau venu est différent, comme elle. Oreilles pointues, armure de cuir et grandes ailes blanches, il...