NOAH

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Eleanor m'avait invité à la fête qui se déroulait chez elle. Au début, j'avais dit non et puis j'avais réfléchi. Ça ne me ferait pas de mal de m'amuser un peu. Et si Eleanor avait envie que je vienne, j'avais envie de lui faire plaisir. C'était une fille sympa.

En arrivant, j'avais repéré ma soeur avec un mec que je n'avais jamais vu de ma vie. J'ai préféré les éviter, tous les deux. On n'était plus vraiment en froid mais je ne savais pas toujours comment me comporter en présence de Lou. Même si je l'aimais profondément.

-Noah ? Tu es venu ! S'est écriée Eleanor, un grand sourire sur le visage.

-Eh, oui. Je suis plein de surprises, tu vois. Tu vas bien ?

-Oui, et toi ?

-Ça va... Je suis content d'être venu. Ça faisait longtemps que je n'étais pas allé à une soirée. Ça fait du bien de voir du monde.

-Tu es un solitaire, hein.

-Pas vraiment, en fait. Les circonstances ont fait que j'y suis obligé.

-Et pourtant tu me parles, là.

-Exact. Je ne devrais sûrement pas.

Elle a éclaté de rire.

-Bientôt tu vas me dire que tu es un agent secret...

-Ah, non, je ne te le dirais pas. C'est secret, tu vois.

Eleanor a une nouvelle fois rigolé. Elle était tellement optimiste et pleine de joie de vivre. Ça me changeait de mes fréquentations habituelles et c'était une réelle bouffée d'air.

-Je ne t'ai pas dit que Louise venait, je suis désolée. Je ne sais pas exactement comment sont vos rapports...

-Ne t'en fais pas, je me doutais bien qu'elle et Alec viendrait. Ça va mieux, en fait. On s'est réconciliés. En quelque sorte.

-Tant mieux.

-Tu es très proche de ton frère, toi ?

-Oui, pas mal. On a toujours beaucoup parlé. Il sait beaucoup de choses sur moi et inversement. Il y avait des moments où je ne pouvais parler qu'à lui et cela m'a beaucoup aidée. Il m'a beaucoup aidé.

-Tu étais si seule que ça ?

-C'est un peu compliqué mais oui. On a l'air de se ressembler de ce côté-là.

-Je pense qu'il y a plusieurs points sur lesquels on se ressemble. En tout cas, je suis content d'être ton ami, Eleanor.

-Mon ami ? Ah ouais ?

-Peut-être que deux solitaires comme nous iraient bien ensemble. Amicalement, évidemment.

-Évidemment. Alors, pas de drogue aujourd'hui ?

J'ai souri.

-Pas encore, du moins. Il y a assez d'alcool ici.

-Tu devrais arrêter tu sais. Désolée, j'étais obligée de le dire à un moment donné, tu comprends.

-Tu n'as pas idée du nombre de personnes qui m'ont dit ça.

-Si, je m'en doute. Mais c'est pas si simple d'arrêter, hein. Les gens ne comprennent pas ça.

-T'as déjà pris de la drogue, ou quoi ? T'as l'air vachement compréhensive. J'ai pas l'habitude.

-Non... Une autre sorte d'addiction, si tu veux.

-Quand tu le voudras, tu pourras m'en parler. Je ne veux surtout pas te brusquer. En attendant, parlons de sujets plus marrants.

Nous avons encore beaucoup discuté avec Eleanor. Plus j'apprenais à la connaître, plus elle me fascinait. Elle semblait pleine de mystères et de doutes et pourtant elle ne montrait que de la joie et de l'humour. Il me tardait de la connaître davantage pour voir les parties d'elle qu'elle cachait. Enfin, si cela arrivait un jour. Je l'espérais, en tout cas.

Je reçus un message et je sus tout de suite de qui il était. Je sentis une bouffée de colère monter mais je fis comme si de rien n'était. J'ai sorti mon téléphone en m'excusant auprès d'Eleanor. C'était bien Kaylie :

Salut mon chéri. J'ai besoin de l'argent que t'as récupéré pour la drogue. Et j'ai envie de te voir aussi. Maintenant.

J'ai laissé échapper un soupir.

-Eleanor, je suis vraiment désolé, je dois y aller.

-Oh, a-t-elle fait et j'ai ressenti sa déception. Je me suis détesté à ce moment-là.

-On se revoit vite.

-Bien sûr ! Salut, Noah.

-A la prochaine.

J'ai mis une bonne trentaine de minutes à rejoindre Kaylie ce qu'elle n'a pas manqué de me faire remarquer. Elle m'a embrassé et je lui ai rendu son baiser. Je ne l'aimais plus mais c'était resté une habitude. C'est con, dit comme ça.

-Tu as l'argent ?

-Euh...non.

-Non ?

-Non. Pas sur moi. Et j'ai pas réussi à tout vendre.

-Tu te moques de moi ? Je suis censée faire comment, alors ?

-Je ne sais pas, Kaylie.

-Tu ne sais pas... Tu sais par contre que l'avenir de toute ta famille repose sur cette drogue, non ?

-J'ai fait de mon mieux. Je peux te donner l'argent la semaine prochaine.

-Qu'est-ce que tu en as fait ?

-Rien... Mais je dois payer le loyer cette semaine.

Elle a hoché la tête en me fixant.

-Je te laisse une semaine parce que je ne voudrais pas que tu sois à la rue. Mais une semaine, c'est tout. Et je veux la totalité de l'argent.

-Tu l'auras. Comme toujours.

-C'est vrai, tu ne me déçois jamais. On va chez moi ?

J'ai hoché la tête. Je savais très bien ce qu'elle voulait et je savais que je le voulais aussi. C'était la seule chose qu'elle pouvait encore m'apporter. Et c'était peut-être un comportement de connard mais elle faisait la même chose avec moi. On s'utilisait tous les deux alors autant en profiter. Je l'ai suivi jusqu'à chez elle et on a couché ensemble. Ce n'était même plus suffisant pour me changer les idées, maintenant. Je n'arriverais jamais à m'en sortir. Et je n'étais pas sûr de le vouloir, en fin de compte.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant