LOUISE

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Cette fête était géniale. Je n'avais pas encore rencontré le frère d'Eleanor mais en tout cas, il savait s'amuser.

J'avais arrêté quelques instants de danser pour m'asseoir sur une chaise du bar. Oui, parce qu'il y avait même un bar chez les May.

-Salut ! T'es qui toi ? Enfin, je ne connais pas la moitié des gens qui sont à ma fête mais bon... T'as une bonne tête alors je viens te parler. Ça te dérange pas, j'espère ? Parce que j'ai l'habitude avec ma sœur de la laisser tranquille. Tu vois, elle, c'est une fille qui préfère la solitude, tu vois le genre, hein ?

Je crois que j'ai dû rester une bonne minute les yeux écarquillés à regarder ce phénomène qui venait de s'asseoir à côté de moi.

-Alors ? Je peux rester ?

J'ai lentement hoché la tête.

-Me dis pas que t'es muette, a-t-il repris. J'aurais vraiment l'air con, là.

Je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire.

-Non, je parle, ai-je enfin déclaré. Quand on me laisse le temps d'en placer une, évidemment.

-Désolé. Mauvaise habitude. Au fait, je suis Connor.

-Alors... T'es le frère d'Eleanor ? C'est toi qui as organisé la fête ?

-Ouais, en personne. J'en conclus que c'est ma sœur qui t'as invité.

-C'est ça. Je suis une de ses anciennes amies, ai-je expliqué.

-Ah oui... Elle m'en a parlé. Pour une fois qu'elle invite des gens à une de mes fêtes. Tu devais pas être avec un autre mec ?

-Si, Alec. Mais tu vois, c'est pas trop le genre à aimer les fêtes. Il doit probablement être dehors à prier pour que la police débarque et qu'il puisse enfin rejoindre son lit.

-Il devrait bien s'entendre avec Lena, alors. Elle est exactement pareille. D'ailleurs, elle n'a pas trop de chance avec un frère comme moi. Je ne vis que pour faire la fête, danser, boire, me droguer...

Je l'ai regardé d'un air blasé.

-Pourquoi personne ne me croit quand je dis que j'aime la drogue ? J'ai l'air aussi innocent que ça ? a-t-il fait, exagérément offensé.

-Un peu, oui. Et aussi trop jeune pour ça. Je parie que tu ne fumes même pas.

-J'ai quinze ans, d'accord ? Et si je ne fume pas, ce n'est parce que je suis trop petit mais parce que je déteste ça.

-T'as tort. Je suis sûre que quand t'auras mon âge, tu seras déjà un trafiquant de drogue. T'as la tête pour faire ça.

-Merci, ma conseillère d'orientation préférée. J'ai enfin trouvé ma vocation grâce à vous.

Moi qui voulais rencontrer le frère de Len, c'était fait. Et il était plutôt... surprenant. Un condensé d'humour noir et de sarcasme. Ça faisait un mélange assez explosif. En tout cas, je n'allais pas m'ennuyer avec lui, c'était sûr.


Après avoir passé une bonne partie de la soirée à discuter avec Connor, j'étais rentrée avec un Alec épuisé physiquement et moralement.

J'avais appris beaucoup de choses sur le frère d'Eleanor en quelques heures. C'était un garçon très sympa, étonnamment drôle et clairement intelligent. J'étais sûre de le revoir et je dois dire que cette perspective me faisait sacrément plaisir. C'est fou mais je me sentais vraiment bien avec lui. Pas comme avec Alec, notre amitié était plus profonde. Mais j'avais juste passé un bon moment en sa compagnie et c'était quelque chose que je n'avais plus ressenti depuis un bout de temps avec quelqu'un d'autre que mon meilleur ami.

En rentrant chez moi, j'avais été surprise de retrouver mon frère, pour une fois endormi avant moi. Ça devenait de plus en plus rare de le croiser dans cet appartement. En même temps, je ne pouvais pas le blâmer, si je ne m'inquiétais pas autant pour notre mère, je ne m'embêterais pas, moi non plus à rentrer le soir.

-Coucou sœurette, m'a salué celui-ci en passant sa tête dans la cuisine où je prenais mon petit-déjeuner.

-Salut...

-Tu me fais la gueule ?

Je lui ai adressé un regard assassin.

-Non, pourquoi, j'ai l'air ? ai-je fait, ironique.

-Et je peux savoir la raison ?

-Par où je commence ? T'as quatre heures devant toi ?

J'avoue avoir été assez dure avec lui mais j'en avais marre d'être hypocrite. Tout avait changé entre nous et je me rendais compte avec effroi que je n'en avais plus rien à foutre de lui faire du mal. Je voulais qu'il souffre comme moi je souffrais.

-Je sais que t'as des problèmes, ok ? Je suis pas con, je vois bien que tu souffres. Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Tu ne t'es jamais demandé si moi, j'allais bien ?

Il m'avait jeté ces paroles au visage si violemment que j'avais l'impression d'avoir pris une claque.

J'ai juste eu le temps d'apercevoir les yeux brillants de mon frère avant qu'il ne me tourne le dos.

Et pour une fois, je l'avais bien mérité.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant