CONNOR

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-J'ai besoin de ton aide ! M'a interpellé ma soeur en déboulant dans ma chambre sans prévenir.

Alec était avec moi, dans mon lit. Heureusement, nous étions habillés, cette fois-ci.

-Il va falloir que tu apprennes à toquer avant d'entrer. Au risque d'être traumatisée à vie par ce que tu pourrais voir. Je dis ça uniquement pour ton propre bien.

-Je ne crois pas que te voir coucher avec ton copain me traumatiserait à vie mais tu as raison, désolé. Je ne savais pas que tu étais là, Alec.

Il lui a adressé un petit sourire, gêné. Comme j'aimais sa manière d'être pudique et timide comme cela. Il me faisait craquer.

-Tu voulais me dire quoi du coup ? Vu que tu nous a déjà interrompu dans nos affaires...

-Euh...

Elle a fixé Alec et m'a regardé à nouveau, elle hésitait.

-Je peux m'en aller, si tu préfères, a proposé Alec, élégamment.

-Non... c'est juste qu'il y a un peu conflit d'intérêt...

J'ai regardé ma soeur en haussant un sourcil. Je ne voyais vraiment pas où elle voulait en venir.

-C'est à propos de Noah.

-Oh... je vois. Il y a du nouveau entre vous ?

-Je n'en parlerais pas à Louise, si tu veux, l'a rassuré Alec. De toute manière, je suppose que Noah lui en parlera en temps voulu.

-Merci. Je crois que je vais foncer.

Elle s'est tue un moment, attendant ma réaction.

-Mais encore ? Ai-je demandé, perplexe.

-Je crois que j'ai envie d'être avec lui.

J'ai soupiré un bon coup.

-Tu ne crois pas que c'est le pire moment pour te mettre en couple avec quelqu'un, là ? Je ne parle même pas de Noah qui est un addict et qui risque juste de te faire replonger.

-J'y ai pensé. Longtemps, d'ailleurs. Mais je crois que c'est, au contraire, ce dont j'ai besoin. Je suis prête. Je sais que je t'ai souvent menti par rapport à ma maladie. Et je le ferais sûrement encore, si je dois être tout à fait honnête. Mais je ne retournerais pas à l'hôpital, je refuse. J'irais mieux même si ça doit prendre du temps. Et ça, je te l'ai promis.

Je sentis Alec un peu mal à l'aise, à côté de moi. Il savait tout au sujet de ma soeur et j'avais demandé la permission à celle-ci avant de le mettre au courant, évidemment. Il connaissait ma vie entière et cela ne faisait pas exception. Tout de même, je savais qu'il se disait en ce moment précis qu'il s'immisçait dans la conversation entre ma soeur et moi.

-Alors, fonce. Je ne peux pas te conseiller autre chose que de trouver l'amour, ce serait hypocrite car ça rend vraiment heureux. Mais fais attention, quand même, reste concentrée, ma belle. Les hommes sont tous des cons ou presque.

Elle s'est esclaffé et m'a souri. Elle avait l'air vraiment heureuse, c'était vrai. Je ne pourrais jamais arrêter de m'inquiéter pour elle. Elle avait tant souffert à cause de sa maladie et de la vie en général. Je savais ce qui arriverait si Noah lui faisait du mal. Elle rejetterait la faute sur son physique, arrêterait de manger ou ferait des crises, à l'inverse, pour compenser le manque d'amour. Mais je ne pouvais pas l'empêcher d'essayer avec lui. Et, au pire, je serais là pour elle. Elle pouvait compter sur moi dans les mauvais moments comme dans les bons.

-Merci, Connor. Bon, je vous laisse, désolé de vous avoir interrompu encore une fois, amusez-vous les amoureux !

Et elle était repartie, en coup de vent comme elle était arrivée.

-Ta soeur, c'est un phénomène quand même, a commenté Alec.

-Tu n'as pas idée.

Je le fixais, un petit moment.

-Qu'est-ce qu'il y a ? M'a-t-il demandé, après un moment.

-Rien. Je t'admire, c'est tout.

-Tu m'admires, carrément ? Ouah, quelle honneur.

-Arrête de te foutre de moi, ai-je fait en riant. T'es juste beau, c'est tout. Je suis content que tu sois auprès de moi.

-Moi aussi, Connor.

-Je t'aime vraiment beaucoup. Ça semble peut-être stupide parce que je n'ai que quinze ans, je suis encore un bébé. Mais j'ai l'impression que je pourrais faire ma vie avec toi. Je nous imagine dans plusieurs années. Ça semble bête et naïf mais c'est vrai.

-Je comprends ce que tu veux dire. Je pense que quand on a vécu des choses difficiles dans la vie comme toi, on est forcés de grandir plus vite. Tu es plus mature que la plupart des personnes de ton âge, de mon âge, même du lycée tout entier. T'es une vieille âme, en fait, Connor.

J'ai éclaté de rire, franchement.

-Je suis pourtant la personne la plus enfantine dans ma tête, je crois. Et je doute que des vieilles âmes apprécient se bourrer la gueule en soirée. Toi, par contre, t'es une vraie vieille âme. Tu n'aimes pas les fêtes, tu es pur, tout ça...

-Malheureusement, depuis je t'ai rencontré et je ne suis plus aussi pur qu'avant.

-Ça s'est bien vrai et je suis fier de t'avoir corrompu, mon cher.

Il m'a embrassé.

-Moi aussi, je suis content que tu l'aies fait.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant