ALEC

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Le lendemain, j'envoyais un SMS à Connor pour m'excuser. Je n'avais pas pu m'empêcher de demander son numéro à Len. Bon, j'avais fait attention à ce que Louise ne le sache pas, évidemment. Pas qu'il m'attirait particulièrement mais bon...

Je reçus immédiatement une réponse :

Pas de souci, ça te dirait qu'on se voit ? Dans 1 heure, au parc de la ville ?

Ouh là, ça ressemblait vaguement à un rendez-vous, non ? Je veux dire, je le connaissais depuis vraiment pas longtemps. Et ce n'était pas mon genre. Et puis, encore plus important, je n'avais pas fait mon coming-out. Ça compliquait tout dans les relations. Mais en me faisant ces réflexions, je savais déjà que j'irais quand même. Je confirmais sa proposition et me préparais à sortir.

Une heure après, je l'attendais à l'entrée du petit parc de la ville. C'était l'unique espace vert ici donc on y croisait des joggeurs et beaucoup de chiens.

-Coucou, a fait Connor en arrivant de derrière moi.

-Salut ! Tu vas bien ?

-Ça peut aller... On se promène ?

Je l'ai suivi sur un petit sentier qui circulait à travers le parc.

-Alors... tu voulais me dire quelque chose de spécial ? Ai-je hasardé.

-Non, je voulais juste entendre tes excuses en personne.

Je l'ai fixé en haussant des sourcils.

-Je déconne.

-Non mais t'as raison. Je suis vraiment désolé. Je n'aurais pas dû dire ça, je sais pas ce qui m'a pris.

-Ouais, bon, t'avais pas totalement tort. A part faire la fête j'ai pas d'autres centres d'intérêt. Et c'est pas faute d'avoir cherché, j'ai testé à peu près tous les sports, fait du dessin, du chant... Rien ne me satisfait complètement.

-Tu trouveras bien... Un jour, t'auras une révélation.

Il a rigolé.

-Je te dirais si ça arrive. Alors, avec Louise ?

-Quoi, avec Louise ?

-Il se passe quelque chose entre vous ? Après tout, vous êtes collés ensemble. Je sais bien que l'amitié fille-garçon existe mais vous avez l'air très fusionnels.

-On est pas ensemble. C'est plus comme ma soeur.

-Hum, ta soeur, hein ?

J'ai hoché la tête. Il commençait à m'exaspérer. S'il croyait que j'allais lui déballer ma vie comme ça, il pouvait rêver.

-Je suis content de t'avoir rencontré, en tout cas, a-t-il reprit. On a eu beaucoup de problèmes avant, notamment à cause de ma soeur...

-Eleanor ? Je suis sûr qu'elle ne cause pas autant de problèmes que toi, l'ai-je charrié.

-Oh, tu serais surpris...

Je ne voulus pas insister plus même si, lui, avait l'air de vouloir raconter sa vie.

-La danse, ai-je soudain dit.

-Hein ?

-La danse. Tu as essayé, ça ?

Il m'a regardé en ouvrant grand les yeux.

-Ma petite soeur fait de la danse classique et ça lui permet de vraiment s'exprimer. Elle adore ça. C'est un bon compromis entre sport et art.

-Mais... je suis un garçon.

J'ai haussé les sourcils et lui ai lancé un regard méprisant.

-Tu es vraiment la dernière personne que j'aurais pensé entendre dire ça. Depuis quand les garçons ne peuvent pas faire de danse classique ? Depuis le temps où ils ne peuvent pas sortir avec d'autres garçons, aussi ?

-Ok, c'était pas malin de dire ça. Mais, imagine si je suis le seul garçon ?

-Et alors ? J'aurais pensé que t'étais le genre de gars à assumer qui tu es complètement. Si ça te plait, qu'est-ce que ça peut faire ? J'imagine que tes parents ont pas sauté de joie quand ils t'ont trouvé au lit avec un garçon... Mais apparemment, ça t'as pas arrêté.

-Ils sont très compréhensifs. Et ben, Alec, tu m'as convaincu. J'essayerais. Tu voudrais m'accompagner ?

-À un cours de danse ? ai-je demandé en rigolant. Non.

-Allez, c'est toi qui a proposé.

-Pour toi, pas pour moi.

-Bon, juste regarder, alors. J'ai besoin d'un soutien moral.

-Ça marche, je regarde juste. J'ai hâte de te voir faire des petites pirouettes.

-Te fous pas de ma gueule avec tes beaux discours.

On a éclaté de rire en choeur. 

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant