Connor m'avait énormément blessé. Je lui avais fait confiance, je lui avais confié des choses que je n'avais jamais dites à personne. Et pour quoi ? Pourtant, j'étais sûr que cela allait finir comme ça, ça a toujours été le gros problème entre nous. Même si on n'en parlait pas forcément, on le sentait, ce fossé qui nous séparait, ces non-dits à propos de devoir se cacher en permanence. Mais entendre Connor me dire qu'il méritait mieux que moi, ça m'avait touché. J'avais besoin de parler à quelqu'un, j'appelais donc Louise quelques heures après être parti de chez mon copain. Enfin, était-ce encore mon copain ? J'avais besoin d'un avis extérieur. Évidemment, elle débarqua chez moi quelques minutes après que j'ai passé le coup de fil.
-Alec ! S'est-elle exclamée en m'enlaçant.
Je devais avoir l'air misérable parce qu'elle me regardait avec peine. C'est vrai que je n'avais pas séché les larmes qui coulaient sur mes joues depuis que j'avais quitté Connor.
-Raconte-moi, a-t-elle murmuré en s'asseyant sur mon lit, à côté de moi.
Je lui ai déballé tout ce qu'il s'était passé. Mes larmes ont peu à peu cessé de couler et je m'étais calmé. À la fin de mon récit, Louise a passé un petit moment à chercher ses mots. Elle qui était d'ordinaire si spontanée, cela me surprenait. Mais la situation était particulière et elle savait que je ne pouvais pas tout entendre, à cet instant précis.
-Tu l'aimes vraiment, hein ?
Je l'ai fixé.
-Oui.
Elle a hoché la tête, l'air préoccupée. Je savais très bien qu'elle voulait me dire quelque chose mais qu'elle ne savait pas comment le formuler pour ne pas me blesser. Je la connaissais par coeur.
-Dis-moi ce que tu penses, ai-je dit. Vraiment.
-Je pense que tu devrais avouer à tes parents que tu es gay. Je sais que ce sera dur, je sais que tu en souffriras. Mais tu ne peux pas continuer à cacher ce que tu es plus longtemps. Et si c'est la seule manière pour toi de garder Connor dans ta vie, tu devrais le faire. J'ai vu comment il te rendait heureux. Tu ne peux pas laisser passer ça parce que tu as peur de t'assumer. Tu aurais trop de regrets, je le sais.
J'ai pris en compte les mots de ma meilleure amie. Cela me blessait un peu qu'elle pense la même chose que Connor mais au fond de moi, je savais qu'elle avait raison. J'ai essayé de prendre du recul sur la situation même si c'était extrêmement compliqué.
-Je suis terrifié, Lou. Et mis à part ça, comment est-ce que je pourrais être avec quelqu'un qui pense que je ne suis pas assez bien pour lui ?
-À mon avis, Connor a dit ça sous le coup de la colère. Je ne veux pas avoir l'impression de l'excuser, je serais toujours de ton côté, Al. Mais il t'aime autant que toi tu l'aimes, je l'ai vu et il l'a dit. Je suis persuadée qu'il est dévasté en ce moment même et qu'il regrette ses mots.
Je suis resté silencieux jusqu'au moment où j'ai finalement pris une décision.
-Tu seras avec moi ? Pour le dire à mes parents ?
-Ce n'est pas trop ma place, Al. Mais si tu veux que je reste, je serais là. Je ne t'abandonnerais jamais, tu le sais bien.
-Non, tu as raison. Je dois le faire seul, ai-je décidé en baissant les yeux.
-Tu as encore le choix, tu sais. Je ne veux pas que tu te sentes forcé de faire ton coming-out. Je veux que tu sois prêt pour le faire.
-Je ne serais jamais prêt pour ça. Mais je crois que c'est le moment. J'ai compris.
-Je parlerais à Connor. Je lui expliquerais. Il te soutiendra lui aussi, je le sais.
-Merci... mes parents rentrent tout à l'heure. Je vais le faire. C'est décidé.
-Je suis fière de toi. Je sais combien c'est difficile. Enfin, non, je ne sais pas et je ne saurais jamais. Mais tu vas y arriver, j'ai confiance en toi.
-Merci. Merci encore.
-Je te laisse, alors ?
-Oui, ça va aller. Il faut que je prépare ce que je vais dire.
-Ne te pose plus trop de questions. Je vais appeler Connor, d'accord ? Comme ça quand ce sera fait, on sera là pour te soutenir, quoi qu'il se passe. Appelle-nous quand c'est fait.
-Je le ferais. Merci.
-Je t'aime, Al.
-Moi aussi.
Je regardais ma meilleure amie quitter la pièce et je sentis les battements de mon coeur s'accélérer. Je ne savais pas ce qui allait se passer dans quelques heures mais je me sentais enfin prêt. Je n'avais pas le choix et c'était le moment où jamais. J'avais hâte d'être débarrassé de cette corvée. J'ai répété dans ma tête un petit texte que je ne cessais de changer. La tension commençait à monter. Je guettais l'arrivée de notre voiture familiale dans l'impasse où était située notre maison en faisant les cent pas dans ma chambre. Je faisais ça pour Connor mais d'abord pour moi. Je serais plus heureux en étant moi-même, c'était une évidence. J'avais le soutien de mes amis, je n'étais pas seul.
Quand finalement j'ai entendu la porte d'entrée s'ouvrir, mon coeur a raté un battement, j'ai pris une grande inspiration et je suis descendu au salon, déterminé à révéler le plus grand secret de ma vie.
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Destinées Croisées
Teen Fiction«Tu crois que c'est de la chance ? Tout ce qui nous arrive ? a demandé la fille, allongée sur le dos dans l'herbe à côté de son ami. -Non. Je crois que c'est le destin, a murmuré le jeune homme en regardant les étoiles. -T'y crois à toutes ces conne...