LOUISE

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Après être sorti du café, j'avais un peu traîné dans le quartier pour retarder au maximum mon retour à la maison. Je sais, vous devez sûrement avoir l'impression que j'exagérais. Et peut-être que c'était ce que je faisais. Mais ma maison, ou devrais-je dire le lieu dans lequel je dormais, était devenue l'endroit de mes pires cauchemars. D'abord, je détestais ce petit appartement où on tenait à peine tous les trois. Il me rappelait mon père et tout ce qu'il nous avait fait. Après, je finissais toujours par repenser aux temps où tout allait bien. Où on était heureux, mes parents, mon frère et moi. Et c'était cela qui me détruisait le plus.

Et dire qu'à un moment, j'avais cru que tout finirait par s'arranger. Mais ma vie n'était pas comme dans un stupide conte. Tout ne finissait pas bien. Maintenant, je le savais. A partir du moment où ma mère a commencé sa dépression, que mon père s'est barré sans un mot et que mon frère a foutu sa vie en l'air, j'ai su que rien ne serait plus pareil.

Et après tout ce temps, rien n'a changé.

J'ai fini par rentrer chez moi, bien qu'à contrecœur. Sans surprise, Noah n'était pas là. Dire qu'avant, je m'inquiétais toujours pour lui. Je ne me demande même plus où il peut être.

Je toquais à la porte de la chambre de ma mère doucement. Etonnamment, elle ne dormait pas. Hésitante, j'ai entrouvert la porte.

-Rentre ma chérie.

On est restée dans le silence un long moment. Je ne savais même pas quoi lui dire. Je ne savais plus quoi dire à ma propre mère.

-Ça va toi ?

Parce que tu t'en préoccupes, maintenant ? Tu nous as laissé seuls, Noah et moi. A cause de toi, il s'est tellement enfoncé que je ne sais même pas s'il pourra sortir du trou dans lequel il est. Mais ça, tu ne le remarques pas. Non, toi tu ne te soucies que ta dépression et tu en oublie tes enfants. On a besoin de toi, maman. S'il te plaît, reprends-toi et sauves nous.

-Oui... Et toi ?

Elle a baissé les yeux quelques secondes.

-Pour l'instant ça va.

Je n'ai pas pu m'empêcher de dire :

-Mais dans quelques heures, tu recommenceras à te lamenter sur ton sort...

Elle m'a regardé fixement. Une larme a coulé sur sa joue. J'ai détourné le regard et je me suis enfuie de sa chambre.

Quelques secondes après, je l'entendais fondre en sanglots.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant