Après avoir prévenu Eleanor que nous serions ravis de venir, cette dernière nous avait envoyé son adresse par SMS. Nous étions sur la route en direction de son domicile.
-Ils doivent avoir de l'argent, eux, a commenté Louise en regardant les habitations du quartier.
-Ouais, c'est sûr. Je me demande pourquoi ils ont déménagé ici.
-Len avait dit qu'ils avaient eu des "problèmes" là-bas.
J'ai acquiescé machinalement. De toute façon, ça ne me regardait pas, je suppose. Enfin, je n'ai jamais pu m'empêcher d'être curieux.
Entretemps, nous étions arrivés devant une immense demeure qui, apparemment, était celle des May.
-Ah ouais, quand même, a fait ma meilleure amie en sifflant d'admiration.
-Ça change de chez nous, ai-je rétorqué.
Même si j'habitais dans une petite maison contrairement à Louise, celle-là était carrément énorme. Je ne me doutais pas que les parents d'Eleanor étaient si riches.
-C'est parti ! s'est soudainement exclamé mon amie en m'entrainant avec elle par la main.
Comme tous les bons clichés dans les films américains, avant d'entrer dans la maison on pouvait apercevoir trois types de personnes : les couples qui n'avaient pas réussi à trouver une chambre pour faire ce qu'ils avaient à faire, les solitaires qui préféraient pleurer sur les marches du perron et tout simplement ceux qui avaient trop bu – je vous épargne les détails – qui avaient au moins la présence d'esprit d'aller à l'extérieur pour... eh bien, vous avez compris.
Vous pouvez comprendre par mon sarcasme que je déteste les fêtes. Je n'étais pas comme tous les adolescents qui s'amusaient en buvant et en dansant. Non, moi je préférais la tranquillité et le silence à de la musique qui éclatait vos tympans. De la musique que je n'aimais même pas, d'ailleurs. Et je détestais danser.
Par contre, Lou s'éclatait comme une folle dans les soirées comme celles-là. Je crois que je suis le seul ado à préférer rester chez soi.
Autre chose que je n'aime pas dans les fêtes : les gens. Oui, car ma meilleure amie m'abandonnait souvent une fois arrivés. Et je ne la blâmais pas. N'empêche, j'avais déjà rencontré des gens très étranges. Trop bourrés, trop drogués.
Pourtant, je persistais à y aller. Oui, j'étais maso. Outre le fait que j'aimais garder un œil sur Louise, si je ratais une fête, j'avais un peu l'impression d'être asociale. Ce qui était probablement un peu vrai.
-Ça te dérange si je vais danser ? m'a immédiatement demandé mon amie, comme à son habitude.
-Non, amuse-toi, ai-je répondu bien qu'à contrecœur.
-Allez, viens avec moi ! a insisté Louise.
Ça aussi, cela avait le don de m'énerver. En plus de ne pas avoir de vie sociale, j'étais coincé. Pas étonnant que je sois toujours vierge.
J'ai refusé d'un signe de la tête et Lou s'est dirigée ensuite vers la piste de danse.
Je décidais de prendre un verre – même si je n'aimais pas l'alcool non plus – pour ne pas avoir l'air trop con à rester seul sans rien faire.
-Hey, Alec ! m'a interpellé Eleanor après m'avoir croisé dans un couloir.
-Len ! Tu vas bien ?
-Oui et toi ?
-En fait, je me sentais un peu seul. Lou est en train de danser...
-Ah, je déteste ça.
-De quoi ? Danser ?
Elle a opiné de la tête.
-Non, c'est vrai ? ai-je repris. C'est pas possible, on est pareil ! Je déteste les fêtes.
-Moi aussi. Malheureusement, mon frère adore en organiser. Et je n'ai nulle part où aller. Alors, je fais semblant d'aimer ça. Par contre, je n'ai jamais pu danser. C'est stupide à dire mais j'ai trop peur du regard des gens.
-Je comprends tout à fait. En plus je ne bois pas, alors...
-Moi non plus, a rétorqué Eleanor. J'ai déjà bu mais je n'aime pas tellement ça.
-J'ai enfin trouvé une personne avec qui rester aux fêtes, me suis-je exclamé, enjoué.
Eleanor a ri doucement.
-Toi et Louise vous êtes complètement différent, a-t-elle fait remarquer.
-Sur certains points, oui. Sur d'autres, on est pareil.
-Je comprends que vous vous entendiez bien. Je vais aller la saluer et je reviens, d'accord ?
Je lui ai indiqué Louise de la tête et elle s'est dirigée dans sa direction.
J'ai vu ensuite un garçon parler à un autre. J'ai prêté attention à leur conversation car j'en ai entendu un appeler l'autre Connor. C'était le frère d'Eleanor.
Je l'ai observé un moment. Il était plutôt mignon comme gars. J'étais du genre à analyser toutes les personnes que je croisais.
-C'est mon frère, a fait Eleanor qui était revenu, entretemps.
-Je sais, c'est pour ça que je le regardais, ai-je prétendu. L'autre garçon a prononcé son prénom.
-C'est un de ses meilleurs amis. Il était dans le lycée où on était.
-Ah d'accord...
-Tu veux sortir discuter ?
-Je n'attendais que ça, ai-je avoué.
Nous sommes donc sortis dans le jardin. Je me suis assis à côté d'Eleanor sur un petit banc à l'abri d'un arbre.
-Tu sais, j'aurais jamais pensé que toi et moi, on aurait tellement de points communs, a songé mon amie.
-Moi non plus. Faut croire que Louise a un type d'amis. La première fois que je t'ai vu, je pensais que t'étais un peu comme Lou. Courageuse bien que renfermée. Rêveuse et insensible à la fois. Forte surtout. Mais ça, tu l'es aussi.
Eleanor a émit un petit rire.
-Non, je ne crois pas. Louise, cela se voit qu'elle rêve de grandes choses et qu'elle est prête à tout donner pour parvenir à ses fins. Elle ne recule pas devant les obstacles, elle les contourne juste. J'admire ses personnes là. Mais moi, je ne suis pas comme ça, loin de là.
-Je crois que si. T'es forte mais tu t'en rends même pas compte.
Nous sommes restés un moment dans le silence après ma remarque. Un silence agréable, pas gênant du tout. C'était quelque chose qui était rare avec les personnes que je côtoyais et je dois avouer que ça me plaisait beaucoup. Ne pas avoir besoin de parler pour se comprendre.
Après plusieurs minutes passées, assis côte à côte sur ce petit banc en bois, Eleanor a finalement proposé :
-Tu veux qu'on rentre ? Il commence à faire frais.
J'ai acquiescé en la suivant à l'intérieur de sa belle demeure.
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Destinées Croisées
Teen Fiction«Tu crois que c'est de la chance ? Tout ce qui nous arrive ? a demandé la fille, allongée sur le dos dans l'herbe à côté de son ami. -Non. Je crois que c'est le destin, a murmuré le jeune homme en regardant les étoiles. -T'y crois à toutes ces conne...