ELEANOR

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Je suis rentrée chez moi en pleurant. Pourquoi je m'étais laissée tromper par ce gars ? Pourquoi je l'avais trouvé si touchant ? C'étaient tous les mêmes... Je le croyais si sincère et il avait réussi à détruire tous mes espoirs en une seule phrase. Ça m'avait fait si mal...

Je m'étais attachée à lui comme une conne. Et, pourtant, c'était le profil-type du garçon à problèmes. Mais j'avais choisi de l'ignorer et de lui laisser sa chance tout de même. Je sentais qu'il pouvait me faire du bien. J'avais tort, il ne pouvait que me blesser davantage. Et je n'avais vraiment pas besoin de ça, actuellement.

Je suis rentrée et j'avais faim. Extrêmement faim. Je sentais mon ventre gargouiller et ça me rendais si impuissante. J'ai essayé de l'ignorer quelques minutes mais je ne pensais plus qu'à ça. Je ne me souvenais plus depuis combien de temps je n'avais pas pris un vrai repas. Je suis allée dans la cuisine, la mort dans l'âme. Mes yeux se sont posés sur la réserve à gâteaux que nous avions. Le placard était plein. J'ai vérifié qu'il n'y avait personne chez moi et quand j'en fus persuadée, je commençais à manger. J'entamais un paquet de gâteaux qui était à moitié vide. Je l'ai fini. Je me suis ensuite tartinée des tranches de brioche avec de la pâte à tartiner. Je les ai mangées. J'ai ingurgité la pâte à tartiner dans le pot. Une cuillère, deux cuillères. Je voyais le récipient se vider à chaque cuillère que je mettais dans ma bouche. Mais il fallait que je mange. C'était tellement bon et mon corps me criait de continuer. Je m'étais assez privée, il fallait que je mange. C'était une obsession. Je finissais par ne même plus apprécier la nourriture que je mettais dans ma bouche. Je n'arrivais plus à m'arrêter, j'en avais besoin. Ça me faisait du bien.

Petit-à-petit, je repris conscience de ce que je faisais et je sentis la honte me submerger. Je courrais presque aux toilettes en sachant pertinemment ce que j'allais faire. Je ne l'avais que bien trop fait. Évidemment que tout ça était prémédité. Je savais ce qui allait suivre parce que c'était ce qui arrivait à chaque fois, sans exception. Je me dégoûtais, j'étais répugnante. J'étais grosse, je n'étais même pas capable de me retenir de manger, je n'étais bonne à rien. Je me détestais. Je comprenais que personne ne puisse m'aimer. Noah devait certainement avoir une copine plus mince et plus belle que moi. Il ne me méritait pas, de toute façon. Je sentais les larmes couler sur mes joues en enfonçant deux doigts dans ma gorge. Je vomis ce que j'avais mangé compulsivement. Immédiatement après, je me sentis mieux. Soulagée. Je n'allais pas grossir, tout allait bien aller, maintenant. Enfin, ce sentiment ne dura pas très longtemps parce qu'au fond de moi, je commençais vite à me sentir très mal de n'avoir pas su résister à l'appel de la nourriture. J'étais faible. Comment allais-je pouvoir un jour m'en sortir si à la moindre difficulté, je faisais des crises comme celle-ci ?

J'avais mal à la gorge à force et j'étais épuisée. Pourquoi je ne pouvais pas être comme les autres ? Pourquoi je me sentais si inférieure en permanence ? Je ne cessais de m'imaginer à quoi devait ressembler la copine de Noah... Je l'imaginais avec elle. Elle devait être tellement mieux que moi. Ce n'était pas bien compliqué, finalement...

J'avais perdu un ami aussi, aujourd'hui. Bien sûr, je pensais qu'il y aurait bien plus avec lui, on s'était embrassés et j'avais ressenti tellement de choses que je n'avais jamais ressenti auparavant. J'étais persuadée qu'il était fait pour moi et qu'il n'était pas comme tout le monde. La bonne blague. Il n'avait même pas eu le courage de me dire avant qu'il avait une copine. Pourquoi est-ce que j'avais eu une réaction aussi extrême pour un mec ? J'étais pathétique.

Je continuais à pleurer sur mon lit jusqu'à ce que le sommeil m'emporte.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant