NOAH

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J'avais envie de fumer, aujourd'hui. Dès que quelque chose n'allait pas, j'avais tendance à me réfugier dans la drogue. C'était une habitude que je n'avais pas encore oublié malgré mon abstinence. Étant donné que me procurer des drogues dures était hors de question, l'herbe me paraissait la solution la plus raisonnable à ma portée. Puis, je dormais très mal en ce moment, ça m'aiderait. J'avais encore les numéros de dealers enregistrés dans mon téléphone et un coup de fil était vite passé. Mais le visage d'Eleanor m'apparut soudain en pensée et je me résignais à y renoncer encore un peu. Je ne pouvais pas retomber là-dedans, pas maintenant, pas après tous ces efforts. Ce serait trop dommage et je risquerais de la perdre. Ça, c'était hors de question.

À la place, je choisis de l'appeler et de régler nos différents. Elle me répondit qu'on pouvait se voir immédiatement et cela me réchauffa le coeur. Elle n'avait pas l'air en colère contre moi, j'étais rassuré. La voir me ferait penser à autre chose, au moins. Je décidais de marcher pour aller chez elle, de la musique dans les oreilles. Prendre l'air m'occupait l'esprit, j'en avais besoin pour ne pas craquer.

Quand mes yeux se posèrent sur elle, je souris automatiquement. J'avais déjà oublié pourquoi nous nous étions pris la tête. Cela semblait dérisoire, maintenant.

-Je suis désolé, Eleanor. Je n'ai pas eu les réactions que tu attendais et j'aurais dû penser à toi. À tes sentiments. J'ai tendance à être égoïste. Ça, je pense que tu l'as remarqué.

-Je ne peux pas attendre que tu sois toujours positif et de bonne humeur. On a tous les deux des problèmes à gérer mais on avance ensemble, hein ? Pour le moment, ça fonctionne.

-On a des caractères forts, aussi. C'est normal que ça explose, parfois. Je ne suis pas connu pour être le genre de personne à mettre de l'eau dans son vin. Pour n'importe qui. Après, pour toi, je peux essayer.

-Je ferais des efforts aussi. Je n'aurais pas dû réagir comme ça, je le sais.

-Je trouve qu'on est de plus en plus mature, tous les deux. Je suis fier de nous.

Elle a éclaté de rire.

-J'avoue que ça ne nous ressemble pas. Mais c'est appréciable.

-Tu l'as dit. Tu veux encore en parler ?

-Non, je pense qu'on s'est tout dit. Au final, il n'y avait pas grand-chose à dire, d'ailleurs. On avait nos torts tous les deux et on fera mieux la prochaine fois.

J'ai acquiescé en silence.

-Comment ça va les crises ? Ai-je repris.

Je ne savais jamais si je pouvais parler librement de ce sujet avec elle. J'avais peur de déclencher quelque chose, de la rendre triste ou en colère. Je gérais mal les sujets sensibles de manière générale.

-C'est gérable. Et toi la drogue ?

-C'est gérable. J'ai eu envie de fumer tout à l'heure mais j'ai pensé à toi et ça m'a empêché de craquer.

Ça l'a fait sourire.

-Contente de pouvoir être ta motivation à arrêter. Même si tu dois le faire pour toi en premier.

-C'est le cas. Mais tu m'aides beaucoup même si tu n'en as pas idée.

-Tu m'aides aussi. Je t'aime, Noah.

-Moi aussi je t'aime, ai-je dit en l'embrassant.

C'était si facile avec elle, en fin de compte. Je pensais que l'amour était une chose compliquée mais je crois que si les deux personnes s'aimaient autant, il n'y avait rien de plus simple. La communication, le respect, l'écoute, tout cela était évident quand on aimait une personne. Cela se faisait naturellement. Même pour moi, le mec qui ne pensait toujours qu'à sa gueule et qui n'en avait rien à foutre des autres. Je ne dirais pas qu'Eleanor me changeait car j'étais toujours la même personne mais elle me rendait meilleur en sa compagnie. J'espérais le rester le plus longtemps possible.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant