ELEANOR

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Encore une soirée de Connor et je déménagerai. Pourquoi le monde avait voulu que mon frère soit le plus grand fêtard que je connaisse ? Et qu'on ait la chance d'avoir une maison assez grande pour accueillir tant de monde ? Non, de cela je n'allais pas me plaindre. Toujours est-il que je n'étais jamais tranquille chez moi et aujourd'hui cela m'ennuyait beaucoup. Heureusement que j'avais pu croiser Alec et discuter avec lui, cela m'avait fait plaisir de le voir et cela avait fait passer la soirée un peu plus facilement. J'avais invité Noah mais apparemment, il n'avait pas daigné venir. Il m'avait bien prévenu qu'il n'était pas très fan des soirées, en ce moment. Il y avait bien trop d'alcool et potentiellement de drogue à disposition pour lui. Surtout qu'il connaissait à peu près tous les vendeurs du quartier. Je pouvais comprendre, il pouvait éviter son addiction, lui. Moi avec la nourriture, ce n'était pas possible si je voulais survivre.

Je devais être dans la cuisine depuis le début de la soirée et je commençais à sentir un mal de crâne m'envahir. La faute à quoi, la musique bien trop forte ou mes pensées envahissantes ? Je n'aurais su le dire.

-Eleanor ? A fait une voix familière.

J'aperçus la tête de Noah apparaître dans l'encadrement de la cuisine.

-Tu es venu ? Ai-je demandé en écarquillant les yeux de surprise.

Je ne m'attendais certainement plus à ce qu'il vienne tout de même.

-Oui, désolé du retard. Je ne me sentais pas très bien et...

-Tu n'as pas besoin de te justifier. Je sais que tu n'avais pas envie d'être ici donc merci. Je suis contente que tu sois là malgré tout.

Il m'a souri, ce même sourire qui m'avait fait tomber amoureuse. Ce sourire que je voyais trop peu souvent sur son visage. Surtout en ce moment.

-Je suis là pour sauver ma princesse comme promis.

-Ah oui, tu penses que j'ai besoin d'être sauvée ?

-Étant donné que tu te planques dans la cuisine comme un dealer devant les flics, oui.

-Sympa la comparaison.

-Je ne parle que de ce que je connais.

-Comment ça va, toi ? L'ai-je interrogé, avisant son visage pâle et ses cernes.

Il avait perdu des kilos, déjà qu'il n'était pas très gros. Je le soupçonnais de ne pas manger mais je n'étais pas la mieux placée pour lui faire des remarques sur cela. Le manque lui coupait l'appétit, il me l'avait déjà confié. D'ailleurs, quand nous mangions ensemble, je voyais bien qu'il se forçait, d'autant plus que c'était moi et qu'il ne se permettait pas de ne pas manger en ma présence. Je savais qu'il ne comprenait pas vraiment mon trouble mais il faisait tout ce qu'il pouvait pour que je me sente bien. Et c'était tout ce dont j'avais besoin.

-Mieux.

Il a patienté quelques secondes en voyant mon air dubitatif avant de reprendre.

-Je sais que je n'en ai pas l'air mais c'est la vérité. Simplement, les soirées comme ça, ça me stresse. Y a des mecs que je connais, je sais exactement à qui demander quelle drogue je veux. Je sais qu'il suffit d'une minute pour que je replonge.

-Je serais là avec toi, d'accord ? Je ne te quitte pas. On peut s'en aller quand tu veux, si c'est trop pour toi.

-Ça t'arrange bien, hein ? A-t-il dit en riant.

-Je dois avouer que si je dois subir une fête dans ma propre maison autant que ce soit avec la personne que j'aime.

Nous nous sommes fixés en silence pendant que je me rendais compte de ce que je venais de lui balancer. Mes mots avaient dépassé ma pensée. Non pas que je ne pensais pas ce que j'avais dit mais notre relation était encore récente et je ne voulais surtout pas lui mettre la pression. D'autant plus qu'il était un peu fragile en ce moment, il n'avait pas besoin de cela.

-Tu... m'aimes ? A-t-il bafouillé.

Je ne l'avais jamais vu si peu sûr de lui. Noah était le genre de gars qui avait confiance en lui et qui ne se gênait pas pour le montrer à la terre entière. Mais en apprenant à le connaître, j'avais vite vu que ce n'était qu'une carapace pour que les autres ne le trouve pas faible. Le regard des gens comptait extrêmement pour lui. Il avait des failles et il était prêt à tout pour que personne ne puisse les deviner.

J'avais considéré un instant faire semblant, prétendre ne pas avoir dit ces mots. Pourtant, je n'ai pas pu me résigner à lui mentir.

-Oui. Tu n'es pas obligé de le dire en retour, je ne veux te mettre aucune pression. On est juste bien ensemble, cela n'a pas à être plus que ça.

-Je t'aime aussi, Eleanor. Ça me coûte de le dire étant donné ma précédente relation, j'ai très peur de ce que cela implique mais je suis obligé de prendre le risque. Tu m'aides à avancer, tu me donnes du courage et je ne sais pas si j'aurais pu changer sans toi.

-Si tu as fait tout ça, c'est uniquement grâce à toi. Je n'y suis pour rien.

-Tu te trompes. Je ne sais pas où je serais actuellement si je ne t'avais pas rencontré mais je crois que je préfère ne pas le savoir.

Je restais silencieuse en réfléchissant à l'implication de ce qu'il me disait. Je ne voulais pas être la personne qui l'avait sauvé. Je ne voulais pas qu'il fasse tout cela pour moi. Je me retenais bien de lui dire ce que je pensais mais j'espérais, en mon fort intérieur, qu'il ne reposerait pas tout sur moi. Après tout, je suis loin d'être la personne la plus fiable pour cela. J'ai aussi mes failles et personne ne pouvait me sauver à part moi.

-Tu penses à quoi ? m'a-t-il murmuré.

-À combien j'aimerais quitter cette soirée, ai-je fait en lui souriant. Ça te dit qu'on aille ailleurs ?

-Avec toi, j'irais n'importe où.

J'ai levé les yeux au ciel.

-Arrête de faire ton beau-parleur.

-T'as raison, je suis plus doué avec les actes que les paroles, m'a-t-il glissé en se penchant pour m'embrasser tendrement.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant