Je pris une profonde inspiration. Je me tenais devant la porte de chez mes parents. De chez moi, à vrai dire même si j'avais l'impression d'être un étranger dorénavant. Mes parents avaient accepté de me voir mais c'était dur de deviner leurs ressentis au-travers d'un message. Mon coeur battait bien trop vite mais j'ai fini par toquer à la porte. Je faillis pouffer de rire en me faisant la réflexion que j'étais obligé de toquer à la porte du foyer dans lequel j'avais vécu pendant seize ans. C'était assez ironique. Ma mère m'ouvrît presque aussitôt, elle devait m'attendre de pied ferme. Elle me fit un sourire maladroit et je me dis qu'elle était aussi gênée que moi. J'entrais et je remarquais mon père assis sur le canapé. Il ne leva même pas le regard lorsque je m'assis en face de lui. Cette fois, je n'avais pas préparé à l'avance ce que j'allais pouvoir dire. J'attendais de mes parents qu'ils me fassent des excuses, qu'ils se rendent compte de ce qu'ils m'avaient fait ressentir. Mais, apparemment, ils supposaient que j'allais commencer la discussion.
-Je ne sais pas trop quoi vous dire, ai-je avoué. Je ne suis pas désolé, je suis comme je suis et je peux enfin l'assumer. Je vous déçois sûrement mais c'est comme ça et si vous voulez que je parte de la maison, très bien, je le ferais.
Cela était peut-être un peu trop honnête dès le départ mais je n'avais pas envie de passer par quatre chemins.
-Chéri... a murmuré ma mère. Tu ne nous décevras jamais, tu m'entends ? Nous avons été un peu surpris avec ton père, c'est tout.
-Tu peux lui dire la vérité, l'a coupé mon père. On ne t'imaginait pas comme ça. Même s'il y a de plus en plus de gays dans les familles, on penserait que ça ne tomberait pas sur nous. Alors, oui, je suis déçu et j'ai l'impression de ne pas te connaître.
Le visage de ma mère s'est refermé. Moi-même, j'ai senti mon coeur se serrer en entendant cette remarque.
-Ce n'est pas un effet de mode. Je suis comme ça depuis toujours et ça fait un moment que je le sais.
-Tu te cherches probablement, a exprimé mon père.
-Non. Je suis gay, d'accord ? Je n'ai jamais aimé que des garçons dans ma vie et je le sais. Je le sais au plus profond de moi.
Mon père a baissé la tête et il s'est tu.
-Alors... ça se passe bien chez ton copain ? C'est bien ton copain, c'est ça ? M'a demandé ma mère, hésitante.
Je lui ai souri pour l'encourager.
-Oui. Ça se passe bien. Je l'aime beaucoup.
-Ce serait bien qu'on le rencontre, un jour, a dit ma mère en jetant un regard à mon père. N'est-ce pas ?
-Il me faudra du temps pour accepter ça. Qu'est-ce que les gens vont dire de nous, tu imagines ?
-Nous sommes une famille, a répliqué ma mère, en s'affirmant un peu plus. Alec est notre fils et il est comme il est, peu importe si ça ne te plaît pas. On s'en fout si les gens parlent. Je t'aime, mon chéri et ça ne changera jamais. Et aussi, je suis contente que tu aies osé nous le dire.
Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en entendant cela. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle prenne ma défense ainsi. Je me suis senti bête d'avoir douté d'elle. Elle avait toujours été présente pour moi et peu importe si mon père ne m'acceptait pas tant qu'elle était toujours là.
-Alec ! A crié Summer, ma petite soeur en dévalant l'escalier.
Je ne savais pas qu'elle était à la maison. Elle m'a sauté dans les bras en hurlant que je lui avais manqué. Cela me faisait plaisir de la voir également.
-Maman m'a dit que tu étais chez un ami. Tu aurais pu me prévenir !
-Je sais, je suis désolé, ma belle.
-Tu es amoureux de lui ?
-Quoi ?
J'ai écarquillé les yeux en jetant un coup d'œil vers ma mère. Est-ce qu'elle lui avait expliqué ? Si c'était le cas, cela me touchait beaucoup. Elle prenait le sujet très au sérieux.
-Oui.
-Moi aussi j'ai un amoureux à l'école ! C'est Enzo.
-Enzo ? Le frère de Connor et Eleanor ?
-Oui !
Je souris. Quelle coïncidence.
Je me suis retourné vers mes parents.
-Je peux rester encore un peu chez Connor, si vous préférez.
-Non, tu rentres. Cela a assez duré, a ordonné ma mère. Tu es bien d'accord ? A-t-elle tout de même demandé à mon père avec un regard insistant.
-Tu peux rentrer, oui, a-t-il dit enfin.
-Merci.
Il leur avait juste fallu un peu de temps. Je pense que ce sera tendu un moment entre mon père et moi mais s'il m'autorisait à rentrer cela partait déjà bien. Il faisait des efforts et je comptais bien en faire aussi. J'avais eu tort d'avoir aussi peur. Ma vie n'était pas détruite, j'avais plutôt l'impression qu'elle commençait seulement.
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Destinées Croisées
Teen Fiction«Tu crois que c'est de la chance ? Tout ce qui nous arrive ? a demandé la fille, allongée sur le dos dans l'herbe à côté de son ami. -Non. Je crois que c'est le destin, a murmuré le jeune homme en regardant les étoiles. -T'y crois à toutes ces conne...