Je me tenais devant le bar, patientant avec une pointe de stress. J'avais hâte de revoir Robin et de pouvoir discuter librement comme toujours avec lui. J'avais mis la robe qu'il m'avait offerte et je me sentais jolie ce soir-là. Je me balançais d'une jambe sur l'autre en imaginant où le garçon pourrait m'emmener. Je n'avais même pas commencé à supposer différents scénarios que je le vis sortir, bien habillé et arborant un grand sourire sur le visage.
-Louise. J'espère que tu ne m'as pas attendu trop longtemps.
-Je viens à peine d'arriver. Le travail s'est bien passé ?
-À merveille. Même pas d'emmerdeur qui avait trop bu, ça devient rare en ce moment. Malheureusement, il n'y avait pas ma cliente préférée...
-Ah oui ? Et qui cela peut-il donc être ? Ai-je demandé en riant.
-Oh, je crois que tu le sais très bien...
Nous nous sommes souris et je me suis sentie un peu gênée. J'avais du mal à savoir quel comportement adopter avec lui. Je ne savais pas où nous en étions et j'espérais que cette soirée déterminerait la suite de notre relation. Du moins, s'il y en avait vraiment une.
-Alors... tu m'emmènes où ? L'ai-je interrogé pendant que nous nous mettions à marcher.
-Laisse-moi garder la surprise encore un petit peu.
-J'espère que tu ne te ruineras pas pour ça. Vu nos tenues, je crains le pire.
-Sache, ma chère Louise, qu'il vaut mieux être bien habillé en toute occasion. Peut-être que je t'emmène au kebab du coin.
J'ai éclaté de rire.
-Je ne suis jamais contre un bon kebab, tu sais.
-J'aime les femmes avec si peu d'exigences.
-Crois-moi, tu n'es pas au bout de tes peines avec moi. Ça commence avec une robe mais bientôt ce sera la voiture de luxe.
-Je crois que pour cela, il faudra attendre un petit moment. Et puis, pourquoi avoir une voiture quand on peut tout faire à pied ?
-Belle devise, je valide tout à fait cette façon de voir les choses.
Je le suivis pendant un petit moment. Nous parlions peu et la vie autour de nous était silencieuse également. J'avais l'impression d'être redevenue la petite fille timide que j'avais pu être pendant mon enfance. Je ne sais pas pourquoi ce rendez-vous là différait des autres mais c'était comme si on se voyait pour la première fois en tête-à-tête.
-Et voilà. On est arrivés, a-t-il annoncé à un moment en tendant sa main.
Il me présenta un petit jardin où se tenait une table et deux chaises. Le service était déjà préparé et je pouvais noter un soin considérable dans la manière de présentation de la table. Un soin que je n'avais clairement jamais vu auprès d'un autre homme sauf peut-être, sans vouloir émettre de stéréotypes, d'Alec.
-On est... chez toi ?
-Chez moi, pas vraiment mais dans ma copropriété, oui. J'ai demandé l'autorisation à tous les voisins évidemment. Pas de risque qu'on nous dérange.
-Toi qui es si secret, tu me ramènes chez toi ? Surprenant, Robin.
-Il faut croire que je te fais confiance...
J'ai rougi légèrement en baissant la tête pour éviter qu'il ne le remarque.
-Laisse-moi juste chercher le repas, j'arrive tout de suite.
Il monta par une porte dérobée dans un recoin et je l'attendis quelques minutes. Il arriva avec deux plats dans les mains et une carafe d'eau tel un serveur de restaurant.
-Je me suis dit que c'était mieux de faire sans alcool. Et je n'avais pas d'autres boissons, j'espère que ça ne te dérange pas trop.
-Après tout la meilleure boisson, c'est l'eau, comme on dit. Robin Waters, en plus d'être un garçon généreux qui m'achète des robes, tu sais cuisiner. Suis-je dans un rêve ?
-Je suis le garçon de tes rêves, c'est bien ce que tu es en train de m'avouer ? Et avant de dire quoi que ce soit, il faut que tu goûtes. Si ça se trouve, tout est immangeable.
Tout était merveilleusement bon, au contraire. Robin avait clairement l'habitude de faire à manger et il savait ce qu'il faisait. Il m'avait concocté une entrée, un plat et un dessert et à la fin, je n'en pouvais clairement plus. Notre repas fut ponctué de discussions à propos de tout et de rien, comme on en avait l'habitude et j'avais oublié la gêne qui s'était installée en moi au début de la soirée.
-Merci, Robin. C'était extraordinaire ! Personne n'avait jamais fait tout cela pour moi.
-C'est un vrai drame que cela n'arrive que maintenant. Merci à toi d'être venue. Ça me fait énormément plaisir de passer la soirée en ta compagnie.
Nous nous sommes fixés, droit dans les yeux.
-Est-ce que tu m'as fait venir pour une raison précise ? Ai-je soudain demandé, la question me brûlant les lèvres depuis quelques temps.
-Pour te voir ?
-En tant qu'amis ?
-Ou peut-être plus... Je ne sais pas exactement comment tu envisages les choses...
-Je ne sais pas trop ce que tu attends de moi, pour tout t'avouer. Tu ne parles pas de ce que tu ressens, je l'ai très bien compris. Je ne sais pas si je peux assumer cela...
-Tu ne penses tout de même pas que j'aurais offert une robe à la première fille venue ? Que j'aurais préparé un repas entier pour n'importe qui ?
-Je ne sais pas, Robin.
-La vérité c'est que j'ai envie de faire ça depuis que je t'ai rencontré.
-Faire quoi ?
Mais ma question fut vite répondue lorsqu'il se pencha vers moi pour m'embrasser. Je ne saurais comment expliquer ce que j'ai ressenti à cet instant précis mais c'était comme si un feu s'allumait en moi. Les papillons dans le ventre, c'est ce qu'on dit, non ? La chose que j'attendais venait d'arriver et je le vivais comme une profonde libération. Ses lèvres étaient douces et chaudes et je n'avais pas envie que cela s'arrête. Jamais, à vrai dire.
Néanmoins, il a vite mis fin à notre échange pour reprendre la parole.
-Louise, je dois te prévenir de quelque chose.
Et soudain, tout le bonheur qui s'était accumuler en moi venait de retomber. J'ai senti mon coeur sombrer dans ma poitrine en attendant ce qu'il allait bien pouvoir me confier.
-Je ne veux pas te faire peur mais je suis une personne compliquée. Oui, je ne m'exprime pas bien, je ne sais pas ce que je veux et j'aurais des réactions que tu ne comprendras pas. Je dois juste te le dire avant que tu ne me le reproches. Il y a des parties de moi que je n'aime pas mais sache que quand je suis avec quelqu'un, je suis impliqué à cent pour cent et je serais là pour toi quoi qu'il arrive. Je ne cherche pas à te mettre la pression, on peut très bien en rester là. Mais ça me rendrait malade parce que je n'attends qu'une chose, c'est de pouvoir être avec toi.
Mon coeur n'aurait pas pu battre plus vite en cet instant et je m'étais rarement sentie aussi heureuse qu'après avoir entendu ces quelques mots.
-Alors je crois que je vais pouvoir faire ton bonheur parce que c'est exactement ce que j'attends aussi, ai-je rétorqué.
Ses yeux se sont plongés dans les miens, un peu hésitants. J'ai pris l'initiative de l'embrasser, cette fois, et c'était comme si je retrouvais une sensation que je connaissais par coeur.
Nous nous sommes souris et je me suis aussitôt sentie apaisée. Je savais enfin ce qu'il voulait et c'était la même chose que moi. Les choses n'auraient pas pu se passer mieux qu'en cet instant.
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Destinées Croisées
Teen Fiction«Tu crois que c'est de la chance ? Tout ce qui nous arrive ? a demandé la fille, allongée sur le dos dans l'herbe à côté de son ami. -Non. Je crois que c'est le destin, a murmuré le jeune homme en regardant les étoiles. -T'y crois à toutes ces conne...