LOUISE

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Aujourd'hui, c'était le jour des vacances d'été. Un jour que tout adolescent normalement constitué attendrait avec impatience. Mais pas moi.

Ce jour annonçait nos premières grandes vacances depuis que mon père était parti et que ma mère était en dépression. Déjà qu'en période scolaire je redoutais le moment de retourner dans cette maison froide et sans vie. J'avais très peur de ce que donnerais un été entier coincé ici. Evidemment, aucun de mes parents n'avaient prévu de voyage cette été.

Heureusement, Alec, mon meilleur ami ne partait pas lui non plus. Nous avions prévu de beaucoup trainer ensemble, comme toujours d'ailleurs. Il savait bien comment était ma situation familiale et sans me poser de questions il faisait toujours son possible pour m'en éloigner quand il voyait que j'allais mal.

-Coucou Loulou, comment ça va aujourd'hui ? me demanda justement celui-ci qui venait de me retrouver à la sortie du lycée.

J'essayais de sourire et m'exclamai un peu trop joyeusement pour paraître sincère :

-Très bien ! C'est les vacances, enfin !

Alec me fit un de ses regards qui en disait long. Il me connaissait trop bien et savait quand je mentais. Mais il ne relevait jamais.

-Oui, enfin plus de profs, plus de devoirs, davantage de liberté et de soleil. Et surtout plus de Monsieur Walter !

Je rigolais immédiatement. M. Walter était notre prof de maths. On se moquait toujours de lui, de ses vêtements et de sa façon de se comporter. Souvent on se prenait des heures de colle avec lui à cause de nos bavardages incessants. Mais on s'en fichait.

-Oui, enfin plus d'heures de colle, ai-je fait en souriant.

-On s'amusait bien pendant ces heures de colle, ne dis pas le contraire. Ça va même me manquer.

-T'inquiètes pas, on recommencera l'année prochaine.

-Si on est dans la même classe. Et si on a Monsieur Walter, a dit Alec en faisait la moue.

-On embêtera un autre prof, on est doué pour ça. Et on sera dans la même classe, c'est obligé. On est tellement proche que même le lycée ne nous séparera pas.

-T'as raison. Ensemble, pour toujours.

-Et à jamais, me suis-je exclamé en lui tapant dans la main.

C'était notre petite coutume. Notre phrase sacrée. Cela nous permettait de nous rassurer malgré nos craintes, nos doutes et nos peurs.

Nous étions sur le chemin de la maison d'Alec. Il habitait à cinq minutes du lycée. J'avais pour habitude d'aller chez lui avant de devoir retourner chez moi. J'aimais tellement être dans sa maison, avec sa famille. C'était si différent de chez moi. Il n'y avait jamais de drames. Bien sûr, si ses parents savaient qu'il est gay, ce serait une autre histoire.

-Je me suis donnée une mission. Je vais te trouver un copain avant la fin de l'été, ai-je soudain affirmé.

Alec s'est mit à rire et quand il a vu que j'étais sérieuse, il a haussé les sourcils.

-Tu ne plaisantes pas ?

-J'ai l'air de plaisanter ?

-Et où comptes-tu me trouver un copain ?

-J'en trouverais un, ne t'en fais pas. Je connais tes goûts.

-Bien sûr. Je ne suis sorti qu'avec un garçon et ça a duré à peine un mois mais tu connais mes gouts, a-t-il dit en souriant.

-T'es mon meilleur ami, je saurais. Instinct féminin.

-Tu sais que t'es complètement tarée, ma chérie ?

-C'est pour ça que tu m'aimes.

-Ah bon, je croyais que c'était pour pouvoir copier sur toi en physique.

-Abruti, ai-je dit en ronchonnant et rigolant en même temps.

-Toi aussi t'es adorable.

Il m'a fait un de ses sourires irrésistibles qui me faisait me demander comment ce gars pouvait encore être célibataire. En tout cas, s'il n'était pas gay, c'est sûr que je serais amoureuse de lui.

Nous étions arrivés devant chez lui. Nous rentrons et j'aperçus sa mère à la cuisine qui préparait un gâteau.

-Salut mon chéri, salut Louise. Comment s'est passé votre dernière journée ?

-Très bien. Et cette odeur la rend encore meilleure, s'est écrié Alec en embrassant sa mère.

-Ce n'est pas pour toi, c'est pour ta sœur. Demain ils organisent un goûter pour la fin des cours, a fait sa mère en le repoussant gentiment.

Alec a fait mine de bouder.

-Je ne craquerais pas devant ta tête d'ange. Allez file de cette cuisine. Vous pouvez sortir, profitez-en, il fait beau.

Mon meilleur ami a encore ronchonné mais il a finit par partir en m'emmenant avec lui.

Avant que je le suive, sa mère m'a dit :

-Au revoir Louise et passe le bonjour à ta mère.

-Bien sûr. Au revoir, Madame Foster.

-Bon, tu veux qu'on fasse quoi ? a demandé Alec, une fois dehors.

-Je ne sais pas. Je suis un peu fatiguée, peut-être que je devrais rentrer, ai-je hésité.

-Quoi ? Tu vas me laisser tout seul ? C'est inacceptable, ça, Loulou.

Mon ami arrivait toujours à me faire rire, qu'importe la situation.

-Et tu vas faire quoi, hein ?

Il a fait mine de réfléchir quelques secondes et s'est exclamé :

-Je vais... te kidnapper et t'envoyer en paquet cadeau à Monsieur Walter.

-Oh non, tout sauf ça !

-Et si, ma vieille, faut pas m'emmerder moi, a-t-il dit avec un sourire de vengeance.

-Je sais bien, je te connais depuis trop longtemps. Tu m'as assez torturé comme ça.

-J'ai été gentil jusqu'à maintenant, t'es encore entière, a fait Alec.

Nous avons encore discuté comme cela pendant une bonne vingtaine de minutes. Mais quand j'ai encore fait remarquer que j'étais fatiguée, mon meilleur ami a compris et m'a laissé partir.

-Tu vas me manquer pendant cette soirée qu'on va passer éloignés, mon amour ! a-t-il crié.

-Toi aussi mon chéri ! ai-je répondu en m'éloignant. On s'appelle demain.

-Evidemment. Bonne nuit, Loulou.

-Bonne nuit, Al.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant