Destinées Croisées

ALEC

-Connor ?

Je l'ai retrouvé dans la cuisine, un verre à la main. Il m'a embrassé pendant un long instant. Ici, on se foutait du regard des autres. C'était imprudent parce que tout se savait très vite à notre âge. Mais j'avais juste envie de passer la soirée sans me soucier de cela. Pour une fois.

-Tu veux goûter ? M'a demandé mon copain en me tendant son verre.

-C'est quoi ?

-Jus d'orange.

J'ai haussé un sourcil.

-Bon, ok. Avec un peu de vodka.

J'ai pris son verre et j'y ai trempé mes lèvres. J'ai fait une grimace en avalant.

-Un peu ?

Connor a éclaté de rire.

-On sent rien, tu abuses.

-J'ai pas l'habitude, moi. Un verre comme ça et je suis bourré.

-Tu dois être marrant à voir, bourré.

-Oui et bien, tu ne le verras pas de sitôt.

-Tu veux aller dans ma chambre ? On sera plus tranquilles, a-t-il demandé, subitement.

-Tu ne veux pas profiter de ta fête ?

-Des fêtes, j'en ai fait des dizaines. Un Alec, je n'en ai qu'un.

J'ai souri. Sous son apparence fêtarde, il était mignon et il savait l'exprimer. Il n'avait pas peur de paraître niais et ça le rendait encore plus attachant.

Je l'ai donc accompagné dans sa chambre, à l'étage. Je préférais être seul avec lui, surtout étant donné que je ne suis pas un grand fan des fêtes comme cela. Je me suis assis sur son lit et il m'a rejoint. Nous nous sommes embrassés, un peu plus intensément maintenant que nous étions à l'abri du regard des gens.

-Je peux te parler d'un truc ? A dit Connor, d'une petite voix.

-Bien sûr.

-C'est à propos de... tu sais...

-Du sexe ?

Il m'a regardé avec un petit sourire.

-C'est pas parce que je suis encore puceau que je suis prude, tu sais.

-Je le suis aussi. Puceau, je veux dire. J'étais sérieux quand je te l'ai dit, l'autre fois.

-Je me doute que tu ne dirais pas cela si ce n'était pas vrai... C'est pas quelque chose de très glorieux.

-Ce n'est pas une honte, Alec.

-Je sais... Mais pour nous les mecs, ça le sera toujours un peu quand même.

-J'ai que quinze ans alors je ne comprends peut-être pas très bien mais tu devrais pouvoir le faire quand tu en as vraiment envie. Peu importe si c'est à quatorze ou à dix-neuf ans.

-Ouais mais c'est comme ça...

-Je ne pense pas comme toi sur ce point mais je suis d'accord avec le fait que la pression de la société est forte, surtout pour des sujets comme ça. Bref, je voulais juste te dire que je ne l'ai jamais fait. Mais je suis prêt.

-Tu es prêt ?

-À le faire avec toi. Pas forcément maintenant. Mais quand tu seras prêt aussi.

-Tu veux dire que tu... m'attends ?

-Je ne t'attends pas, qu'est-ce que tu racontes. J'en ai envie avec toi mais ce n'est pas une priorité pour moi et ça ne le sera jamais. Je voulais juste que tu le saches, quoi.

-Je pense que je suis prêt aussi, tu sais. Pour moi, ce n'est pas quelque chose de précieux que je dois faire avec la personne que j'aime à tout prix. C'est une étape, oui. Mais je suis prêt depuis un moment, je pense. Je n'avais juste pas trouvé la personne avec qui le faire.

-J'ai un peu l'impression d'être ton plan cul, là.

J'ai fixé Connor. Nous n'avions peut-être pas les mêmes opinions sur certains sujets mais je ne comprenais pas trop sa réaction.

-Là, c'est toi qui dis des conneries. Je t'aime, Connor donc non, tu n'es pas mon plan cul. Et j'ai aussi très envie de le faire avec toi, pas parce que tu es un garçon disponible en ce moment mais parce que tu es mon copain et que je tiens à toi. Et que tu m'excites beaucoup quand on s'embrasse comme ça.

J'ai mis quelques temps à réaliser ce que je venais de dire à Connor. Je venais de lui avouer très clairement ce que je ressentais pour lui. J'espérais qu'il ne se sentirait pas brusqué et qu'il n'y aurait pas de malaise entre nous.

-Tu viens de dire que tu m'aimes ?

-Euh..., ai-je marmonné, un peu gêné. Oui...

-Je t'aime aussi, a-t-il lâché.

Nous nous sommes souris. Notre relation venait de franchir un cap. Et, même si cela me faisait peur, je me sentais terriblement heureux. Nous avons continué de nous embrasser et la tension montait à nouveau.

-J'ai aussi très envie de toi quand tu es comme ça, m'a murmuré Connor à l'oreille. Tu voudrais le faire ? Là ?

-Et les gens en bas ?

-Ils ont toujours interdiction formelle de monter à l'étage. Après, si ça te gêne...

-Tes parents ne rentrent pas ce soir ?

-Non.

-Tu as...

-Des capotes ? Oui. Ne me demande pas pourquoi, a-t-il ajouté avec un sourire.

J'ai senti mon coeur battre un peu vite. On s'apprêtait à le faire.

-Alors, j'en ai envie aussi.

Connor a fait son petit sourire en coin.

-C'est tellement sexy de t'entendre dire ça.

Nous nous sommes remis à nous embrasser. Connor a passé sa main sous mon tee-shirt et il me l'a enlevé. Nous étions hésitants et c'était normal. Mon copain était très doux mais en même temps je sentais qu'il voulait de moi. Et c'était une sensation incroyablement plaisante.

Nous l'avons fait, ce soir-là. Ce n'était pas prévu mais c'était un moment dont je me souviendrais toute ma vie. J'avais dit à Connor que ce n'était pas quelque chose d'important pour moi mais je crois que j'avais menti. J'étais content de l'avoir fait avec lui. Avec quelqu'un que j'aime vraiment. Je ne sais pas de quoi l'avenir est fait mais je ne regretterais pas ce qu'il s'était passé, ça c'était sûr.