LOUISE

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Après avoir raccroché au nez d'Alec, je me sentis complètement affligée.

Je ne voulais pas le blesser mais il avait dit des choses qui m'avaient déçue. Alec était le seul dont je n'avais jamais peur des réactions. Jusqu'à présent, peu importe ce que je lui disais, il ne m'a jamais abandonnée. Il ne m'a jamais dit qu'il partirait peut-être. Il ne m'avait jamais fait douter.

Aussi, il avait dit les choses clairement comme je les pensais : qu'il se sentait responsable de moi, qu'il devait me protéger tout le temps. Et qu'il était parti s'amuser avec des amis.

Sous-entendu, avec moi, il ne s'amusait pas. Il se préoccupait tellement à me soutenir, à m'aider qu'il ne pouvait pas être lui-même. Et cela, ça me brisait plus que tout.

Parce qu'au fond de moi, je le savais tout cela. Mais l'entendre le dire, c'était beaucoup plus douloureux.

Si, lui, le garçon le plus gentil qu'il puisse exister sur cette planète, en avait marre de me supporter, qui pourrait ?

Je restais plongée dans mes pensées pendant de longues minutes.

Soudain, j'entendis toquer à la porte. Je n'eus pas besoin d'ouvrir pour reconnaître la personne qui se trouvait derrière. Alec. Il n'y avait que lui pour être si doux avec une porte.

-Tu n'étais pas obligé de passer, ai-je annoncé une fois face à lui.

Il rentra dans l'appartement sans mon invitation. Il s'assit sur le seul canapé du minuscule salon – si l'on pouvait appeler cela un salon – et tapota la place à côté de lui pour que je vienne m'y asseoir. Ce que je fis.

-Je n'aurais jamais dû te dire cela, a-t-il commencé.

-Si tu es venu faire des excuses, ce n'est pas la peine, l'ai-je coupé. Tout ce que tu as dit, c'était vrai.

Il en est resté bouche bée.

-Quoi ? Mais bien sûr que non ! J'étais énervé quand je t'ai dit ça et...

-Quand on est énervé, c'est comme quand on est bourré. On dit des choses qu'on regrette. Mais on dit la vérité.

Il m'a adressé un regard si triste que j'en aurai pleuré.

-Louise, a-t-il fait du ton le plus autoritaire que je lui avais jamais entendu. Ecoute-moi maintenant. Et ne me coupe plus.

J'ai acquiescé machinalement.

-Ce que j'ai dit, je ne le pensais pas. Et le simple fait que tu puisses penser que c'est vrai... Enfin, je suis désolé. Tu es ma meilleure amie. Je t'aime du plus profond de mon cœur, ok ? Sans toi, je ne sais pas ce que je ferais. Et tu dois savoir ceci : jamais je ne t'abandonnerai. Peut importe ce que tu peux me dire. Je serais toujours avec toi. Malgré les problèmes qu'on peut affronter tous les deux. Je te soutiendrais. Ensemble, pour toujours, tu te souviens ?

-Et à jamais, ai-je murmuré.

Je suis restée dans le silence quelques secondes.

-Mais... dis-moi la vérité. Est-ce que tu te sens obligé de me protéger quand tu es avec moi ? Et est-ce que tu te préoccupes tellement de moi que tu ne t'amuses pas ? ai-je demandé, prudemment.

Je redoutais sa réponse.

-Je ne sais pas ce que je ferais toujours avec toi si c'était le cas. Bien sûr, je veux te protéger. Mais pas parce que je m'en sens obligé, simplement parce que je t'aime et je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. Et apparemment, je suis pas très doué pour ça...

Oh... J'avais réussi à le faire culpabiliser. C'était moi qui avais sorti toutes ces horreurs, et il arrivait toujours à se blâmer.

-Je ne vais pas te mentir, ai-je répliqué. Ce que j'ai dit, c'était vrai. Je vais dans ce bar presque chaque soir. Je bois quelques verres et c'est tout. J'en ai juste... besoin. Pour échapper au quotidien. Je sais que tu ne pourrais pas comprendre et je ne te le demande pas. Mais j'aimerais simplement que tu l'accepte. Maintenant, crois-moi quand je te dis cela : si tu n'avais pas été là, je ne sais pas où je serais. Peut-être en train de déprimer comme ma mère. Peut-être en train de me droguer comme mon frère. Ou peut-être que je me serais barrée comme mon père, qui sait ? Si ça se trouve, je serais morte, dans un fossé après une soirée trop arrosée. Ce que je veux dire, c'est que tu m'as aidé plus que tu ne le penses. Tu m'as sauvé la vie, Alec Foster. Tu m'as sauvé la vie et tu me la sauve toujours. Alors, merci. Merci pour tout ce que tu fais pour moi. Tu ne te rends pas compte de la chance que j'aie de t'avoir près de moi.

Je vis Alec plus qu'émue après mon petit discours. Il me prit dans ses bras et je vis une larme couler sur sa joue. Il avait toujours été plus émotif que moi.

-Maintenant, tu me fais pleurer, idiote, a-t-il murmuré contre mon oreille.

J'ai souri à ses paroles.

J'avais été stupide de croire ce qu'il m'avait dit. Et j'avais été stupide de lui dire toutes ces choses que moi-même je ne pensais pas.

Mais, à la fin, on finissait toujours par se retrouver.

Ensemble pour toujours et à jamais.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant