NOAH

4 0 0
                                    

-Noah ?

M'a mère m'avait interpellé depuis sa chambre. Elle ne m'adressait plus la parole depuis un moment et je fus surpris de l'entendre prononcer mon nom.

-Oui ? Ai-je fait, en passant le pas de la porte de sa chambre.

-Comment tu vas ?

Je restais interloqué face à sa question. Cela venait de nulle part et je ne m'attendais clairement pas à cela.

-Louise m'a parlé de ce qu'il se passait pour toi, en ce moment.

Je ne savais pas que ma soeur avait l'habitude de se confier à notre mère mais en même temps je ne pouvais pas l'en blâmer. Elle n'avait jamais été présente pour nous et nous avait laissé à l'abandon mais ça restait notre mère. Louise avait toujours beaucoup plus regretté que moi que nous n'ayons pas eu de relation proche avec elle, je pouvais comprendre qu'elle essayait de se rapprocher de notre mère avant que ça ne soit trop tard.

-Ça va... je fais avec, on va dire, ai-je bafouillé, pas vraiment à l'aise.

-Je sais bien que je ne suis pas là pour toi et que je ne l'ai pas vraiment été depuis longtemps. Mais vous êtes mes enfants et je vous aime. J'espère que tu le sais.

-Si tu nous aimais tu aurais accepté l'aide qu'on te tendait. Les médicaments, les thérapies... Tu aurais pu t'en sortir. Tu as choisi de rester comme ça.

-J'ai essayé, Noah. Les anxiolytiques m'ont rendu addict et rien ne fonctionnait. Je ne voulais pas vous perdre, je ne pouvais pas être hospitalisée, il n'y a jamais eu personne d'autre pour s'occuper de vous. Votre père était parti depuis longtemps et moi, je... je suis désolée, tu sais. Je sais bien que tu ne veux plus me parler et je le comprends. Mais je suis contente de ce que vous êtes devenus, toi et ta soeur. C'est tout ce que j'avais à te dire.

Je ne pouvais m'empêcher d'être touché par ses paroles. Je la détestais du plus profond de mon âme mais c'était ma mère et je continuais de l'aimer malgré tout.

-On te trouvera de l'aide, tu sais. Quand on sera majeur, tout sera plus simple...

-Je sais, Louise m'en a parlé. Vous savez vous débrouiller, vous n'en avez pas eu le choix. Je ne me fais aucun souci pour vous, je sais que ça ira.

-Merci de m'avoir dit ça.

-Tu as une soirée, non ? Ta soeur m'a dit que tu y allais aussi.

-Vous vous racontez tous vos petits secrets, maintenant ?

-Elle a besoin de parler, tu sais. Nous ne sommes pas toujours en bons termes mais en ce moment, ça va plutôt bien et ça me rend très heureuse. J'aimerais pouvoir discuter comme ça avec toi aussi.

-J'ai besoin de temps.

-Je comprends...

-Je vais y aller, du coup.

-Amuse-toi bien mon chéri.

Je lui tournais le dos et sortis de sa chambre. Je me suis rendu compte, une fois à l'extérieur, que j'avais retenu mon souffle tout du long. Je ne me souvenais pas de la dernière fois où elle m'avait appelé comme cela. C'était plus fort que moi, cela me touchait plus que je ne l'aurais voulu.

Avec tout ça, j'en avais oublié la soirée de Connor. Un mal de crâne intense me déchirait le crâne et la dernière chose dont j'avais envie c'était de me retrouver au milieu d'adolescents alcoolisés et drogués. Pour couronner le tout, je sais que je connaissais forcément des anciens dealers dans le lot et ça me terrifiait. C'était facile de craquer, je ne me faisais absolument pas confiance. Mais j'avais promis à Eleanor de venir lui tenir compagnie et la vérité, c'était que j'avais envie de la voir. Pour une fois, je n'allais pas être égoïste. Je pris donc mes affaires en vitesse et me dirigeais vers le domicile de ma petite amie.

Une fois arrivé à la soirée, l'ambiance étouffante me pris à la gorge. Je ne me sentais pas bien et je sentis l'anxiété parcourir mes veines. J'essayais de prendre de grandes respirations et de penser à autre chose mais mon coeur battait de plus en plus vite et l'atmosphère devenait progressivement insupportable.

-Noah !

C'était Louise. Elle était accompagnée de son copain, enfin, c'était ce que je supposais étant donné qu'ils étaient enlacés l'un contre l'autre. Je ne m'habituerais jamais à voir ma soeur avec un homme mais je lui fis tout de même un petit signe de tête pour le saluer.

-Je te présente Robin.

-Salut. Je suis content de te rencontrer.

-Moi aussi, Lou m'a tellement parlé de toi.

J'ai lancé un petit regard à ma jumelle, l'air amusé.

-J'espère qu'elle t'a raconté la fois où j'ai tué un mec dans une bagarre ? Non, parce que je n'hésiterais pas à faire la même chose avec toi si tu lui brises le coeur.

Il m'a regardé quelques secondes sans ciller. Louise a éclaté de rire et il s'est automatiquement détendu. Je sentais que ce n'était pas le dernier à chercher les emmerdes et peut-être bien que lui avait vraiment tué quelqu'un dans une bagarre. Je le voyais dans ses yeux, ils reflétaient un côté sombre que j'avais aussi. Pourquoi ma soeur jugeait bon de sortir avec quelqu'un comme lui, qui avait l'air aussi démoli à l'intérieur ? Je ne pourrais l'expliquer mais il faut dire qu'elle m'aimait aussi donc finalement, ça ne m'étonnait pas tant que ça.

-Un instant, j'ai vraiment cru que t'allais me frapper, a-t-il dit avec un sourire en coin.

-Très franchement, je ne prendrais pas le risque surtout dans mon état, ai-je avoué en riant.

-Je suis sûre que vous allez bien vous entendre, tous les deux, s'est exclamée ma soeur.

-T'as pas vu Eleanor ? Lui ai-je ensuite demandé.

-Elle est dans la cuisine, m'a répondu Alec, qui n'était jamais très loin de ma soeur.

J'aperçus Connor dans un coin de la pièce et je devinais qu'il était avec ses amis, en train de discuter.

-Merci, ai-je murmuré à l'attention d'Alec en me dirigeant vers la pièce de la maison où se réfugiait ma copine.

Je la trouvais là, toute seule. Elle était si jolie et son sourire me réchauffait instantanément le coeur et apaisait mes craintes. À ses côtés, je n'avais pas peur de ce que je pourrais faire, je n'avais pas peur de moi. Et c'était la plus belle chose qu'elle pouvait me donner.

Destinées CroiséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant