𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 37

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𝔸𝕥𝕥𝕖𝕟𝕥𝕚𝕠𝕟 : ℂ𝕖 𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝕔𝕠𝕞𝕡𝕠𝕣𝕥𝕖 𝕕𝕖𝕤 𝕤𝕔𝕖̀𝕟𝕖𝕤 𝕕𝕖 𝕥𝕠𝕣𝕥𝕦𝕣𝕖 𝕖𝕥 𝕕𝕖 𝕧𝕚𝕠𝕝 𝕖𝕩𝕡𝕝𝕚𝕔𝕚𝕥𝕖𝕤 𝕢𝕦𝕚 𝕡𝕠𝕦𝕣𝕣𝕒𝕚𝕖𝕟𝕥 𝕙𝕖𝕦𝕣𝕥𝕖𝕣 𝕝𝕒 𝕤𝕖𝕟𝕤𝕚𝕓𝕚𝕝𝕚𝕥𝕖́ 𝕕𝕖𝕤 𝕝𝕖𝕔𝕥𝕖𝕦𝕣𝕤. 𝔸𝕞𝕖𝕤 𝕤𝕖𝕟𝕤𝕚𝕓𝕝𝕖𝕤, 𝕡𝕒𝕤𝕤𝕖𝕫 𝕒𝕦 𝕤𝕦𝕚𝕧𝕒𝕟𝕥 !

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Emelia et les siens avaient regardé leur amie disparaître sur l’océan. Ils avaient pu dissiper les accusations des quelques villageois facilement, prétendant qu’un des feux de joie, perdu sous le sable de la plage avait pris feu subitement, déclenchant la nuée qui avait atterri sur Orelio et que leur course sur la plage n’était due qu’à leur retard pour saluer l’un de leurs amis qui prenait la mer sur son bateau personnel. Trouvant leur histoire plus plausible que la rumeur d’une sorcière en ville, ils les avaient vite laissés à leurs occupations. 

    La vie avait repris son cours, triste et sans joie après le départ de Mayna, mais calme tout de même. Orelio était le plus inconsolable. Tous avaient remarqué l’affection qu’il portait à la jeune femme et, même si leur quotidien était bercé des histoires et des légendes de son peuple, il avait du mal à sourire. Pourtant, ils avaient fait ce qu’ils devaient faire. Elle n’aurait jamais été en sécurité sur le continent des humains. Poursuivie, traquée, elle qui ne contrôlait pas ses pouvoir aurait finit par se trahir et subir le même sort que son ami Damian. Il le savait, il en était persuadé, et pourtant elle lui manquait terriblement. Son doux sourire surtout, son innocence… Incapable de cacher sa tristesse, il avait résolu de partir en mer au plus vite avec ses compagnons. Les adieux étaient douloureux, larmoyants, mais nécessaires. Tany eut beau supplier, Emelia et Thédéore eurent beau raisonner, rien ne le fit changer d’avis. 

    A peine une semaine après le départ de Mayna, ils durent donc se résoudre à faire leurs adieux à leurs amis. La vie à la maison d’hiver était devenue bien triste. Béti ne chantait plus dans sa cuisine, Emelia s’enfermait dans la bibliothèque et Tany, à ses côtés, se contentait de fixer le plafond en soupirant. Thédéore, quant à lui, n’avait prononcé un mot depuis son départ. Il soignait les bêtes avec attention et aidait à s’occuper du jardin, le fief de sa regrettée Mayna. Il considérait la jeune femme comme sa fille et souffrait plus que quiconque de son départ. Même Orelio n’avait pas l’air si abattu que lui. 

    Leur quotidien, fade et sans couleur, fût pourtant brisé par une visite impromptue. Une vingtaine de cavaliers arrivèrent sans s’être fait annoncer dans la cour de la maison. Ils portaient les écussons royaux sur leurs livrées, bien que celle-ci fût peu coutumière. Noire, et non blanche comme l’était la tenue de tout bon soldat, les armoiries de l’empereur étaient brodées de fil de cuir gris au lieu de fil d’or. Ils portaient une simple cape d’hiver, aussi sombre que leurs autres vêtements, doublée de laine épaisse et sombre. A leur tête, un homme d’un âge avancé s’avança. Il avait le visage peu avenant mais sûr de lui qu’arborent les hommes de main de l’empereur quand ils savent qu’ils ont tous les droits. Leurs chevaux piétinaient la pelouse fraîchement taillée et retournaient le gravier blanc de la cour. Tous semblaient à la fois surexcités et éreintés. 

    Ne sachant que trop faire de leur présence, les chasser ou bien les accueillir, Thédéore fit appeler Dame Emelia à l’entrée. Celle-ci, perdue dans la lecture des livres que chérissait Mayna, grogna plus qu’elle ne répondit à Béti qui s’était faite messagère pour l’occasion. Avec Tany à ses côtés, elle s’avança jusqu’à l’entrée de sa demeure et fixa sans sourire l’inconnu qui osait troubler son semblant de deuil.

⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant