Le passage était étroit et sombre. Aussi haut qu’elle regardait, Mayna ne voyait que les ténèbres. Timelio avait ouvert la porte, tremblant, et révélé l’escalier en colimaçon, à peine assez large pour deux personnes, qui montait toujours plus haut. Ils devaient se trouver à des dizaines de mètres sous terre, sous le palais, juché sur sa colline, pour ne pas en voir la fin. Peu rassurée, la jeune femme recula d’un pas et dirigea par réflexe son regard sur son compagnon. Killian ne savait pas quoi dire pour la rassurer, étant lui aussi inquiet à l’idée de tenter la montée. Cherchant un indice sur ce qui les attendait au sommet, Mayna porta son regard sur le grand prêtre et, saisissant ses pensées, écarquilla les yeux.
« Pardon, ce couloir débouche… où ? » Demanda-t-elle, s’égosillant presque.
Timelio ne comprit pas ce qui arrivait à la jeune femme jusque là si calme en apparence et, pensant qu’il n’était pas le destinataire de la question, chercha tout autour de lui qui pourrait bien avoir à répondre à cette question.
« C’est à vous que je parle, prêtre. J’ai entendu vos pensées. Vous parlez réellement d’un couloir dans le palais ? Comptez-vous nous envoyer dans un piège ? Nous envoyer à la mort ? »
« Quoi mais… Mes pensées ? Attendez… Quoi ? Non ! Jamais ! » Bafouilla-t-il, sidéré et effrayé.
« Pourquoi ne pas nous avoir prévenus ? »
« Mais… Je croyais que vous étiez au courant ! C’est vous qui avez demandé à utiliser ce passage, où croyiez-vous qu’il débouchait ? »
« Dans la cour, à l’abri des regards. »
Orelio, qui était resté discret depuis leur arrivée, s’effondra de l’intérieur. Son père lui avait toujours dit que cette colonne était cachée, bien camouflée derrière une réserve de bois, loin de la vue des gardes, la porte creusée directement dans le sol. Lui aurait-il menti ? Ou bien, l’enfant qu’il était aurait-il mal compris ? Quoi qu’il en soit, il leur faisait courir un grave danger. Arriver dans un couloir, c’était risquer de se faire prendre par un esclave ou un employé du palais, par un garde, peut-être, lors de sa ronde matinale. Honteux et désemparé, il recula jusqu’au mur et se laissa choir au sol, détournant l’attention de Mayna du prêtre.
« Orelio, tu le savais ? C’est toi qui nous as conduits ici, c’est toi qui… Tu nous disais qu’on sortirait dans un endroit caché… »
« Non… C’est ce que je croyais. Mon père, il… Je ne me rappelle pas qu’il ait un jour mentionné ce couloir, il m’avait dit que la sortie était cachée derrière une réserve de bois. Je te le jure Mayna ! Jamais je ne vous aurais menti, jamais je ne te mentirais, à toi ! »
Il pleurait autant qu’il tremblait, tant de culpabilité que de désarroi, et levait vers elle un regard suppliant. Ne sachant plus qui croire, Mayna refusa de se laisser attendrir par le visage de celui qu’elle considérait encore comme son ami et, sans prévenir, se jeta presque sur lui pour saisir ses tempes entre ses mains. Elle força sa mémoire, brisa les défenses de son esprit pour l’obliger à se remémorer les paroles de son père. Les images étaient floues, l’âge en ayant altéré la qualité, mais les paroles étaient claires. Il se rappelait sa première visite du Coven, la rencontre avec Timelio qui, à l’époque, n’était que simple prêtre chargé d’entretenir l’autel. Il voyait leurs fréquentes sorties en mer, lorsque son père évoquait sa participation au sein du Coven, les balades sur le marché, les visites chez Emelia, dans ses deux maisons, les nombreuses discussions autour des différents accès. Non, il ne mentait pas. Jamais son père n’avait évoqué l’accès par un couloir.
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⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙
FantasyMayna a passé toute sa vie entre les murs froids d'une cellule de pierre, avec Damian, un des serviteurs de l'empereur, pour seul contact avec le monde extérieur. Mais la requête de l'empereur la fera s'enfuir à toutes jambes, suivant son instinct q...