⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙

𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 33

Mestrel, dans sa sagesse, fût le premier à réagir. Il s’approcha doucement de la jeune furie qui lui faisait face, les mains levées en un signe de paix. 

    « Je ne sais comment excuser le geste d’Olin… Je te jure que cela ne se reproduira pas. Cela n’aurait pas dû se produire… » Commença-t-il.
    « Pour quelqu’un qui m’assurait ne pas me vouloir de mal, je trouve que vous avez de drôles de manières de me le prouver ! »
    « Je voulais simplement voir de quoi elle était capable, rien de plus ! » Entonna Olin, fier de sa prestation.
    « Le fond est louable mais la forme laisse sacrément à désirer ! » S’emporta Mayna. « Si vous vous étiez donné la peine d’écouter ce que je vous disais plutôt que de m’agresser, vous auriez compris que je ne sais rien de mes capacités. Je ne sais pas de quoi je suis capable, je ne connais aucun de mes dons ! Tout ce que je sais, c’est que ce qui m’entoure a le curieux réflexe de me protéger. Et au vu de vos manières, je m’en réjouis ! »
    « Tu n’as pas ta langue dans ta poche, jeune fille… » Rit alors Mestrel.
    « Je la trouve bien plus utile dans ma bouche… »

    Il rit de plus bel, bientôt rejoint pas plusieurs élus et une bonne partie de la salle. Mayna, elle, ne voyait pas ce qu’il y avait de comique à sa réplique, mais, ne connaissant pas toutes les expressions courantes, elle se dit simplement qu’elle avait dû rater quelque chose. Cependant, l’ambiance générale contribua à calmer ses nerfs pour le moins agités et, à la surprise générale, la muraille de cristal se retira, disparaissant dans le sol d’où elle était sortie. 

    « C’est bien ce que je pensais. » Commença Lithlin. « Jeune fille, tu aurais pu nous dire que tu étais Faeria, cela nous aurait épargné du temps et de l’énergie. »
    « Faeria ? Moi ? Non… »
    « Ah mais, si ! Comment, tu n’en savais rien ? » L’interrogea encore Lithlin. « Comment… Oh ! »
    « Le lien avec sa mère… »
    « Si elles ont été séparées durant ses vingt premières années… Si elle n’a pu passer ne serait-ce que sa première année à ses côtés… »
    « Oui, elle n’a pu recevoir ses dons… »
    « Et donc elle ne peut rien savoir d’elle-même… »

    Mayna observait Celebrin et Lithlin deviser ensemble et s’impatientait. 

    « Pardon, vous pourriez m’expliquer ? Je suis encore là, voyez-vous, et j’aimerais comprendre ce qu’à l’évidence vous savez à mon propos. »
    « Oui, elle a du caractère cette petite. Lithlin, je te laisse lui expliquer. » Ordonna alors Mestrel.
    « Soit… Donc, humm... Par où commencer. Sache que les Faeria sont un clan à part. Premières nées d’une lignée particulière, elles sont les réceptacles de la magie ancienne que nous ont léguée les dieux. Cependant, leurs capacités hors du commun sont accompagnées de restrictions. Une Faeria ne recevra ses dons qu’une fois sa croissance achevée, le premier jour de sa vingtième année, par l’intermédiaire de sa mère. Un simple baiser sur le front permettra à l’une d’activer les pouvoirs de l’autre. C’est une sorte de verrou magique, si tu préfères. Si la mère venait à mourir avant ce jour, les pouvoirs de la descendante seraient mis en suspens jusqu’à ses vingt ans, à la condition que l’enfant ait passé au moins un an de sa vie avec sa mère. »
    « Tout cela m’a l’air… »
    « Compliqué, oui. J’en conviens. Mais pour t’expliquer simplement, disons que je pense que tu n’as même pas passé un an auprès de ta mère. Le lien n’a pu se créer, vos magies n’ont pu s’entremêler. Ainsi, à tes vingt ans, rien ni personne n’a pu débloquer tes dons. Tu n’en as jamais eu conscience pour la simple et bonne raison qu’ils ne se sont jamais manifestés. »
    « Alors… Cela veut dire que je serai à jamais privée de mes pouvoir ? »
    « Non ! » S’exclama Celebrin. « Bien sûr que non ! Il existe un autre moyen. Plus dangereux et direct, mais tout aussi efficace. »
    « Je veux essayer ! »
    « Du calme, jeune fille. Du calme… »