𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 68

22 6 0
                                    

Le couloir semblait désert, à peine éclairé par la lumière d’une bougie éloignée, mais Killian restait sur ses gardes. Ses yeux d’aigle pouvaient facilement percer la pénombre et son ouïe aiguisée n’avait aucun mal à capter le son le plus discret. Pourtant, son instinct lui dictait de se méfier. Il n’avait aucune confiance en Timelio, guère plus en Orelio et certainement pas la moindre dans les autres humains qu’il avait croisés. Videl sur ses talons, il se plaqua contre le mur, avança dans le plus grand silence jusqu’au bout du couloir et, tendu comme un arc, se risqua à jeter un regard d’un côté tandis que son frère en faisait autant de l’autre. Personne. 

    « Par les dieux, cet endroit m’a tout l’air d’un véritable labyrinthe. Je distingue pas moins de trois… non, quatre couloirs qui partent à ma gauche. Il doit y en avoir au moins autant de ton côté. Comment allons-nous nous diriger sans carte ni repères ? »
    « Ton instinct de tigre te ferait donc à ce point défaut, mon frère ? » Le nargua Killian. « Que te disent tes sens et ton intuition ? Si nous faisions comme lorsque nous étions de tous jeunes enfants et que l’on cherchait notre père dans le village ? »
    « Les yeux fermés ? » S’amusa Videl.
    « Les yeux fermés ! »

    Alors, sans attendre, ils fermèrent les yeux et, d’un même mouvement, tendirent la main dans la direction qui leur paraissait la plus prometteuse, sans se consulter. Quand ils rouvrirent les yeux, ils se retinrent de rire de justesse. Non, leur instinct n’avait rien perdu de son efficacité, il leur montrait le bon chemin. Mayna, irritée par leur comportement, surgit derrière eux, leur témoignant son empressement. Elle n’avait pas de temps à perdre avec leurs enfantillages, la vie d’Emelia et de leurs compagnons étant en jeu. La discrétion et la rapidité étaient un gage de sureté, pour elle, et elle refusait de se laisser aller à de tels contretemps. Pris en faute, Killian esquissa une moue désolée et lui indiqua la direction qui leur semblait la plus sûre et la plus propice à leur avancée. Satisfaite, tout au plus, elle fit signe aux autres d’avancer en silence, quelques mages restant en arrière pour surveiller le couloir le temps que le reste des infiltrés ne poursuivent leur route. 
   
    Cet étage était un véritable dédale, multipliant les couloirs, les culs-de-sac, les portes verrouillées et les faux escaliers, tant et si bien que Mayna commençait à avoir le tournis. Elle refusait de montrer sa panique mais, le temps passant, sentait le danger approcher. Un regard vers Killian suffit pour qu’il comprenne. Se fier à leur instinct ne suffisait pas, il leur fallait trouver la sortie, et vite. 

    « Videl, » chuchota-t-il, « envoie tes cristaux, mon frère. »
    « À l’intérieur ? Es-tu fou ? »
    « Nous ne pouvons prendre le risque d’errer plus longtemps dans ces couloirs, on doit trouver la sortie, avant de nous faire surprendre. »
    « Soit… Mais ne vient pas t’en prendre à moi si un humain repère ma neige… »

    Pestant pour lui-même, Videl posa la main au sol et, d’un simple mouvement de menton, créa une fine ligne de givre qui s’étendit rapidement, se déployant dans toutes les directions. Les yeux fermés, le félin suivait la progression de cette glace, guettant un signe qui lui montrerait un chemin vers l’extérieur. Quand il aperçu des graviers sous la neige, il sourit et fit fondre le moindre de ses cristaux. 

    « J’ai trouvé la cour. » Déclara Videl, à mi-voix. « Par contre, j’ai aussi trouvé deux humains. Je ne pense pas qu’ils aient remarqué le givre, mais nous devrons être prudents. »
    « Je m’en serais bien passé… » Souffla Killian. « Sont-ils sur notre chemin ? »
    « Non. Mais pas loin. Il nous faudra être silencieux et bien surveiller les couloirs. Nous avons encore quelques croisements à prendre avant d’atteindre la porte qui donne sur l’extérieur. 
    « Au moins, tu as trouvé la porte. » Commenta Mayna. « Le reste, nous pouvons le faire. Nous sommes arrivés jusqu’ici sans encombre, il n’y a pas de raisons que nous nous fassions attraper maintenant que nous connaissons le chemin. Allez, guide-nous ! »

⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant