Tany avait prononcé ces mots sur un ton doux et bas, presque pour elle-même, mais avait tout de même fait sursauter Mayna, qui tremblait maintenant de peur et semblait rapetisser à mesure qu'elle se rapprochait d'elle. Elle tendit les mains devant elle, en signe de paix, mais cela ne sembla pas la rassurer pour autant. Elle soupira, laissant retomber ses mains sur ses hanches, et cessa sa progression, ne souhaitant pas d'avantage effrayer la jeune femme. Elle reprit la parole, d'une voix calme et douce, espérant l'apaiser.
« Ecoute, qui tu es, au fond, peu m'importe. Ce que je vois, devant moi, c'est une jeune femme, visiblement perdue et tétanisée par la peur, qui aurait bien besoin d'un repas chaud et d'un bain, sans compter une nuit de sommeil réparatrice. Depuis quand n'as-tu rien avalé de consistant ? »
Mayna ne sut que répondre, elle ne savait pas comment compter les jours ou les semaines, elle savait d'ailleurs à peine compter sur ses doigts. Alors dater son dernier vrai repas, à savoir, son dernier jour dans sa cage de pierre, n'était pas vraiment dans ses capacités. Elle baissa les yeux, soudainement honteuse de son ignorance, et se mit à tripoter sa tunique pour se donner une consistance. Il n'en fallut pas plus à Tany pour tenter quelques pas dans sa direction.
« Voilà ce que je te propose. Tu peux m'accompagner jusqu'à la maison de ma maîtresse qui, j'en suis certaine, te fera porter de la soupe chaude, des tartines, du lait tout frais et demandera qu'on te fasse préparer un bain pour te décrasser un peu. Avec de la chance, tu pourras même obtenir une tenue propre pour te changer de ces malheureuses guenilles qui ne doivent pas te protéger beaucoup du froid. Est-ce que tu es d'accord ? Est-ce que tu me comprends au moins ? »
Tany avait profité de ces mots, qu'elle voulait réconfortants, pour s'approcher encore un peu, jusqu'à poser une main sur l'épaule de Mayna qui avait renoncé à s'enfuir. De toute façon, où pourrait-elle bien aller, de chaque côté, où qu'elle regardait, elle ne voyait de des arbres et des sentiers escarpés qui lui blessaient les pieds et les jambes, devant elle, se tenait Tany, et derrière, une grande plaine ouverte sur la maison et les dépendances, emplie d'inconnus qui n'étaient peut-être pas aussi avenant que la jeune femme qui lui faisait face. Elle releva donc la tête et, déterminée, fixa Tany dans les yeux avant de lui répondre de sa voix la plus assurée.
« Je veux bien te suivre, mais je veux garder mon sac avec moi. Il m'est précieux. »
« Pas de problème, il est à toi. » lui répondit Tany, surprise qu'elle était d'entendre une voix si douce et mélodieuse sortir de la bouche d'une jeune femme si sale et abîmée. « Je vais seulement te conduire à ma maîtresse, puisque c'est sa maison. Elle s'occupera de toi, ou je le ferai si elle est trop occupée. Viens, suis-moi, c'est par ici. Nous passerons par la forêt, cela nous évitera les questions des employés de la maison et le chemin n'est pas beaucoup plus long. »
Mayna ne broncha pas et la suivit de bonne grâce. Elle était épuisée par ses longues marches et par les émotions de la nuit précédente, sa nuit blanche n'ayant en rien arrangé son état. Elle sentait la terre qui avait séché sur ses pieds, emprisonnant ça et là des graviers qui lui en écorchaient les plantes, et elle commençait à avoir le vertige, faute de s'être nourrie convenablement. Elle rêvait d'une chaude paillasse pour se reposer, ne connaissant rien du confort d'un lit douillet et d'un oreiller moelleux, comme ceux que l'on trouve dans les maisons bourgeoises et qui sont rembourrés de douces plumes d'oies.
Elle dut tout de même subir les regards des jardiniers et leurs moqueries concernant sa tenue et son apparence mais, et Tany s'en réjouit, ne croisa point la cuisinière qui était déjà occupée derrière ses fourneaux à préparer la collation du matin pour les employés et les esclaves. Cela aurait fait bien du raffut et Tany craignait qu'elle ne vende la mèche pour regagner le droit de prétendre à la main d'un noble, comme ce fût jadis le cas. Se glissant silencieusement dans le vestibule, la jeune esclave traîna Mayna derrière elle, lui faisant signe de ne pas faire de bruit et la guida dans les nombreux couloirs et escaliers de la maison, jusqu'à la chambre de sa maîtresse.
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⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙
FantasyMayna a passé toute sa vie entre les murs froids d'une cellule de pierre, avec Damian, un des serviteurs de l'empereur, pour seul contact avec le monde extérieur. Mais la requête de l'empereur la fera s'enfuir à toutes jambes, suivant son instinct q...