𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 52

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Elle avait crié ce mot, surprenant tout le monde et les coupant dans leur hilarité. Des dizaines d'yeux étaient tournés vers elle mais elle ne voyait que le visage de Killian, passablement agacé de ne pas pouvoir discuter de son départ en privé avec elle. Alors il resta fidèle à lui-même et, la repoussant doucement pour se relever, reprit sa forme animale et se coucha sur le sol. Mestrel, qui connaissait bien son fils, lui laissa la place et poussa vers lui Mayna.

« Monte. »

« Quoi, sur son dos ? »

« Oui, sur mon dos. Nous avons à parler je crois. »

« Mais... Bon, puisque je n'ai pas le choix... »

Maladroitement, elle se hissa sur le dos de l'oiseau, ses jambes derrière ses ailes, et noua ses bras autours de son cou. Il attendit qu'elle se tienne solidement et prit son envol. Il n'eut aucun mal à la ramener dans sa chambre. Quand il fût posé sur le sol de la pièce qui, comme l'avait dit Zéti, avait bien souffert de leurs ébats, Mayna se laissa glisser au sol pour qu'il puisse reprendre sa forme d'homme. Elle ne se lasserait jamais de ce spectacle, au-delà du fait que l'homme nu face à lui était tout sauf désagréable à regarder, mais sa transformation si rapide et belle à voir la fascinait. C'était une véritable explosion de magie dans son corps, elle en voyait les flux circuler dans ses membres... Magnifique. Sortie de sa contemplation, elle se rappela la raison de leur retour en intimité et se renfrogna.

« Comment cela, toi non plus tu n'es pas encore parti ? »

« Tu croyais réellement que j'allais te laisser partir seule ? »

« Mais enfin... »

« Tu vas me dire que c'est trop dangereux ? Tu crois que je ne le sais pas ? J'en suis parfaitement conscient. Quoi qu'il en soit, il est hors de question que je reste ici, bien sagement, en attendant ton hypothétique retour. Je ne le supporterais pas... »

Il avait prononcé ces mots tout bas en se rapprochant d'elle. Le cœur au bord des yeux, elle ne savait que répondre. Elle avait déjà conscience de son attachement pour lui mais la perspective qu'il ne supporte pas leur éloignement la revoyait à sa propre douleur et, avec elle, à ses sentiments qu'elle découvrait et qui l'envahissaient de plus en plus. Plongeant sa tête dans son torse sculpté, le laissant refermer autours d'elle ses bras puissant, elle soupira, incapable d'ajouter quoi que ce soit. Elle se sentait en sécurité et aimée, ce qui ne lui était jamais arrivé et elle avait bien du mal à s'imaginer quitter cette étreinte réconfortante pour ne plus y revenir. Mais l'idée de le perdre lui tordait les entrailles et lui soulevait le cœur.

« De toute façon, que tu le veuilles ou non, je te suivrai. J'affronterai la tempête s'il le faut, mais je te rejoindrai sur ce maudit continent et je te retrouverai. »

Il y avait tant de volonté, tant de fermeté dans ses paroles qu'elle laissa échapper un hoquet. Affronter la tempête ? Non, ça, jamais elle ne l'accepterait. Elle avait elle-même fait les frais de cette mer déchaînée et ne devait sa survie qu'à la bienveillance de l'océan à son égard. Il était hors de question que, par son départ, elle l'envoie à la mort. Alors elle releva la tête et, les yeux embués, acquiesça.

« D'accord. Mais à une condition. »

« Laquelle ? »

« Plus jamais tu ne te jetteras devant moi pour me protéger du danger au péril de ta propre vie. Plus jamais. Je refuse que tu m'accompagnes si c'est pour te voir mourir pour une raison aussi ridicule. »

« Ce n'est pas... »

« Killian ! »

« D'accord ! D'accord. Je te promets d'essayer. Je n'ai pas vraiment fait ça de mon propre chef, tu sais. C'était... instinctif. »

⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant