Suivant ses deux hôtesses, Mayna s'installa à une table ronde, sur le fauteuil qu'on lui désigna, pour prendre le repas que Tany avait porté jusqu'à la chambre de sa maîtresse, avec l'aide du jardinier qui avait eu la bonne idée de la croiser dans les couloirs de la maison. Tany mit la table, sous l'œil curieux de Mayna qui n'avait jamais vu autant de vaisselle, et prit le temps d'expliquer à la jeune femme le rôle et l'utilisation de chacun des ustensiles. Elle comprit ainsi qu'elle devait piquer avec la fourchette et couper avec le couteau, tartiner directement avec le couteau sur son pain, par petits morceaux, boire dans son verre et non directement à la cruche comme elle avait coutume de le faire dans sa geôle et s'essuyer la bouche avec sa serviette et non avec sa manche. Emelia se réjouissait de la patience dont faisait preuve Tany avec leur invitée et laissa faire, sentant que se tissait entre elle un lien d'amitié qui serait sans doute utile à la guérison de la jeune femme.
Si l'entrée n'était, pour les deux femmes habituées à ce genre de repas, qu'une simple terrine de lapin préparée il y a quelques semaines et entreposée dans les caves fraîches qui courraient sous la maison, il s'agissait pour Mayna d'une découverte totale qui s'apparentait à un véritable festin. Elle savourait la douceur de la crème et le fondant des moreaux qui se mêlaient dans la terrine, saisissant sans les connaître les notes de laurier et de sauge qui la parfumait et qui s'accordaient parfaitement avec la miche de pain blanc dont la croûte croustillait juste comme il faut. Se léchant les lèvres et les doigts, elle résista de justesse à l'envie de faire de même avec son assiette, voyant les regards amusés que portaient sur elle ses deux compagnes. Rougissante, elle cacha ses mains sous la nappe et baissa le regard.
« Non, ne te cache pas ! » lui dit alors Emelia. « Te regarder manger est un plaisir et une véritable leçon pour nous qui sommes, certainement, trop habituées au luxe d'un repas copieux pour en apprécier encore aujourd'hui la qualité comme nous le devrions. En tout cas je suis ravie que cela te plaise et j'espère qu'il en sera de même pour la suite. Mais surtout, ne te force pas, si tu n'as pas l'habitude de manger autant. Ton corps risquerait de ne pas supporter un grand apport de nourriture, si soudainement, après un jeûne prolongé. Prends ton temps. »
Mayna, rassurée, se contenta de hocher la tête et d'attendre qu'on lui serve la suite, ayant trop peur de paraître gauche ou de faire des erreurs pour prendre elle-même cette initiative. Tany prit l'une des trois assiettes creuses qu'elle avait posées sur un meuble à proximité et servit trois grosses louches de soupe de potiron et de courges. Quand elle posa l'assiette devant Mayna, le fumet lui fit monter l'eau à la bouche. Observant Emelia, qui prenait le temps de lui montrer comment manger avec une cuillère, elle se lança et ne put retenir une exclamation ravie à la première cuillerée. C'était doux et sucré à la fois, sans être trop fort pourtant. Elle dévora son assiette assez rapidement, bien vite imitée, dans son enthousiasme contagieux, par Tany et sa maîtresse, qui abandonnèrent leur cuillère pour boire directement à l'assiette.
Il y avait rarement eu autant de bonne humeur autours d'un simple repas du soir et les trois jeunes femmes riaient encore en sirotant leur thé, confortablement installées sur le divan des appartements d'Emelia. Cette dernière lui expliquait le travail qu'elle devrait accomplir, secondant Tany du mieux qu'elle pouvait, en tant qu'employée de la maison, pour garder cachée son identité aux yeux des autres, en particulier de Willemine. Mayna buvait ses paroles, demandant parfois des précisions quand elle ne comprenait pas tel mot ou telle expression mais tomba rapidement de fatigue, malgré sa sieste de l'après-midi. Elle remercia maladroitement Emelia pour ses bons soins et son hospitalité et suivit Tany dans les couloirs de l'étage jusqu'à une chambre de bonne, où elle l'installa.
« Tiens », lui dit l'esclave en lui tendant un paquet de tissus, « c'est une tenue d'employée de maison classique. Elle est bien différente de la robe que tu portes ce soir mais tout aussi confortable et bien plus pratique pour déambuler dans la maison et les jardins. Je pense qu'elle est à ta taille, mais si ce n'est pas le cas, je pourrai la reprendre moi-même. »
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⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙
FantasyMayna a passé toute sa vie entre les murs froids d'une cellule de pierre, avec Damian, un des serviteurs de l'empereur, pour seul contact avec le monde extérieur. Mais la requête de l'empereur la fera s'enfuir à toutes jambes, suivant son instinct q...