𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 34

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Lorsqu’elle s’éveilla le lendemain, le soleil était levé depuis un moment. Se dépêtrant comme elle pouvait dans sa robe qui s’était entortillée autour de ses jambes, elle réussit à se lever et à s’approcher de la fenêtre. Si l’envie de prendre l’air l’avait prise hier, elle semblait passée. Rien que la vue du monde à l’extérieur lui coupait toute envie de quitter sa chambre. La foule, les ruées et les démonstrations houleuses ne la tentaient guère, même si le soleil qui réchauffait doucement sa peau la poussait à essayer. 

    Après avoir passé près de deux heures à contempler le paysage, l’ennui la poussa à prendre le risque de s’aventurer au dehors. Elle prit tout de même le temps de se laver rapidement et de se changer avant de poser la main sur la poignée avec précaution. Elle s’attendait à voir nombre de personnes faire le pied de grue devant sa porte, mais il n’en fût rien. Soulagée, elle descendit jusqu’au couloir et s’y aventura. Elle avançait doucement, scrutant chaque interstice avec minutie, mais fût réellement surprise de ne croiser personne durant son trajet jusqu’à la salle principale, à la base du palais. Elle fit quelques pas et retint son souffle. Devant elle, arborant un air amusé, se trouvait Mestrel. Confortablement installé dans un des fauteuils de l’entrée, il semblait l’attendre. Confuse et persuadée d’être en faute, Mayna fit prestement demi-tour.

    « Non non ! Ne te sauve pas voyons ! »

    Lui courant après, il la rattrapa rapidement et la saisit par le bras pour qu’elle lui fasse face. Un sourire tordu s’étirait douloureusement sur le visage de Mayna qui ne savait trop à quoi s’attendre, persuadée d’outrepasser ses droits malgré qu’il l’ait autorisée à sortir pendant la journée. Mestrel n’avait aucune mauvaise intention, il est vrai, mais ses manières et son attitude directe intimidaient beaucoup la jeune femme. Il l’avait bien compris et pris donc le soin de parler d’une voix calme et douce.

    « Tu n’as pas à t’inquiéter, je n’ai aucune réprimande à te faire, bien au contraire, je suis même ravi de voir que tu sors de ta chambre. Comme je te l’ai dit, tu n’es pas prisonnière ici. Je t’attendais, certes, mais uniquement pour prendre de tes nouvelles. Ce que tu as appris hier, eh bien, disons que ce n’est pas facile à digérer. Du moins je pense. »
    « Non, mais je m’y ferai. Et puis, cela explique ce qui m’est arrivé. Le sable sur la plage, la mer qui me protège du soleil… Est-ce que… Enfin… Est-ce que les Faerias auraient un lien particulier avec… les animaux ? »
    « En effet, oui. Les animaux sont naturellement dévoués aux Faerias, ils sont leurs alliés. Pourquoi ? »
    « Durant ma fuite du palais, j’ai traversé la forêt. Il y avait des chasseurs à mes trousses, avec des chiens. L’un des chiens m’a trouvée, mais au lieu de prévenir son maître il… Je ne sais pas, c’était étrange. Il était doux et gentil, il m’a léchée le visage et m’a recouverte de feuilles. Puis il est parti. »
    « Cela ne m’étonne pas le moins du monde. Les animaux sont comme les plantes ou même la magie, ils ne sont ni bons ni mauvais de nature. Mais ils sont sensibles au lien particulier que partage les Faerias avec notre monde. Elles tiennent leur magie directement des anciens dieux créateurs, tu sais. Alors, naturellement, ils les aiment. Rien de plus. »
    « D’accord. Je comprends, je crois. »
    « Bon, je ne vais pas te déranger d’avantage. J’ai demandé à mon fils de te garder à l’œil, autant que ses tâches quotidiennes le permettent. Non pas pour que tu ne fasses pas de bêtises, mais notre île est parfois dangereuse et je ne voudrais pas qu’il t’arrive malheur. Au-delà de cela, tu es libre d’aller où bon te semble, tant que tu rentres avant la nuit. Nous ferons tout pour te conduire à la tour le plus rapidement possible, mais ce genre de préparatif prend du temps et le conseil aura du mal à se mettre d’accord rapidement. Sois patiente… et prudente. Prends donc un cheval, Noctaline t’a laissé le tien aux écuries. Tu pourras voir plus loin, si tu le veux. Et sache au passage qu’après ton départ hier nous avons fait partir des messages pour intimer à la population de ne pas te harceler. Tu devrais pouvoir te promener tranquillement aujourd’hui. »
    « Oui, comme vous voudrez. Et merci beaucoup, pour… les instructions. »

⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant