Mayna n'en pouvait plus, tout comme ses compagnes de voyage. Elle ne rêvait que d'une chose, c'était de descendre de cette maudite voiture. D'autant plus que Thédéore leur avait affirmé qu'ils seraient à la maison avant la nuit, autant dire, dans quelques heures tout au plus. Ne tenant plus en place, elle allait d'une fenêtre à l'autre, déclenchant au passage l'hilarité de Tany et Emelia, qui la comparaient à une enfant espiègle et plein de vie. Quand elle aperçu furtivement la mer, au loin, dans le creux d'un virage, elle poussa une exclamation si enjouée et soudaine que Tany en lâcha son livre, riant de plus belle. Elle lui était apparu comme un tapis de diamants, brillant dans le soleil de l'après-midi et s'étendant loin au-delà de l'horizon. Cette vision l'enchanta, d'autant que l'appel, toujours plus fort, semblait venir de bien au-delà de cette vision. Cette constatation lui pinça le cœur, quand elle se dit que, pour poursuivre son chemin, elle devrait sans doute quitter ses deux amies, ainsi que Thédéore qui, bien que peu bavard, avait tissé avec elle une amitié solide, par ses histoires des temps passés et son esprit vif et instruit. Il la comparait, avec sa chevelure flamboyante et ses yeux étrangement hypnotiques, aux sorcières des légendes d'autrefois, et disait qu'elle semblait tout droit sortie des contes que lui racontait sa grand-mère avant de se coucher.
Emelia attendait avec tout autant d'impatience le moment de mettre enfin le pied à terre et de retrouver sa maison, dont elle avait hérité de sa mère, et qu'elle aimait tant. Elle avait passé tout son temps libre à la décorer et l'arranger avec soin, dénichant ça et là des meubles anciens et des objets raffinés. Cette maison était son refuge, son bastion presque, dans lequel elle trouvait la paix de l'esprit et du corps, prenait le temps de se prélasser au lit le matin et de lézarder au soleil l'après-midi, savourant les longues balades qu'elle faisait sur la plage en compagnie de Tany, ou dans les villages de pêcheurs aux maisons blanches ornée de fleurs multicolores et d'épices entières suspendues par des filets aux toitures pour les faire sécher, dégageant en toute saison une odeur de printemps. Si, en été, la chaleur y était presque insoutenable, avoisinant parfois les 45°, elle restait, en hiver, plutôt douce, ne descendant que rarement sous les 15°, la montagne protégeant cette région du froid qu'aurait apporté le nord du continent, elle était alors baignée toute l'année dans le vent chaud empli d'embruns marin que charriait par le sud l'océan.
Les reliefs escarpés des falaises environnantes qui se jetaient dans les vagues ne privaient pas pour autant les habitants d'un charmant littoral, bordé de magnifiques petites plages d'un sable si fin et clair qu'il en paraissait presque blanc. Le grand port, installé sur la plus large des plages, pouvait accueillir à lui seul près d'une centaine de bateaux de pêcheurs ou de plaisance, de toutes tailles et de toutes formes. Le commerce de poissons, de fruits de mer et d'algues était plus que florissant et permettait à la région de prospérer sans crainte.
La maison d'Emelia était construite sur l'une de ces falaises, dominant l'océan de près d'une trentaine de mètres, et était entourée d'un jardin incroyable planté de palmiers, de cocotiers, d'oliviers, de cyprès, et d'autres buissons de lavande ou de thym qui diffusaient en tout temps un parfum des plus agréables. Les cigales s'en donnaient à cœur joie en été mais se taisaient en hiver, laissant la place à d'autres insectes, moins bruyants mais bien plus colorés et vivaces. La pelouse, coupée court, était douce et fournie, et il était agréable de s'y promener nu pieds pour traverser l'oliveraie et le verger qui regorgeait de mandariniers, de figuiers, de citronniers et bien d'autres. Une grande fontaine d'eau douce agrémentait le tout d'un doux bruit d'eau et s'écoulait dans un grand bassin peuplé de poissons aux couleurs chatoyantes. Assemblée selon la méthode traditionnelle, la maison d'argile était crépie de blanc et avait en guise de toit une terrasse fleurie sur laquelle était installée un salon confortable, ombragé par une toile tendue.
Quand Mayna vit la maison s'approcher, ses yeux papillonnèrent. Elle s'émerveillait devant le spectacle qu'offrait la demeure de sa bienfaitrice, tant et si bien qu'elle en oublia de chercher l'océan. Elle n'attendit pas que Thédéore lui tende la main pour descendre en vitesse de la voiture et tourner sur elle-même, essayant de tout voir en même temps, sous les rires de ses amis. Thédéore le bon cocher et palefrenier de métier, s'employait déjà à décharger les males du toit pour les faire entrer dans la maison. Bétricia, la cuisinière de la maison, une petite femme rondelette pleine d'énergie, se précipita à leur rencontre.
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⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙
Viễn tưởngMayna a passé toute sa vie entre les murs froids d'une cellule de pierre, avec Damian, un des serviteurs de l'empereur, pour seul contact avec le monde extérieur. Mais la requête de l'empereur la fera s'enfuir à toutes jambes, suivant son instinct q...