𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 64

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Si Mayna avait accordé à ses compagnons leur soirée pour se reposer, elle les pressa de rassembler leurs affaires pour prendre la route avant la nuit. Orelio fut plus difficile que les autres à convaincre. Non pas qu'aider Emelia lui coûtait, mais la manière de voyager le terrifiait. Assis sur une plateforme de pierre qui file à toute vitesse en souterrain... Il avait pu constater les prouesses dont étaient capables les mages mais il tenait à sa vie tout de même ! La simple idée de se déplacer par la magie, comme Artemise ou les oiseaux étranges qu'elle avait ramenés avec elle, lui retournait l'estomac, et c'était là un déplacement de courte durée, instantané, alors voyager pendant des heures en dépendant de la magie le pétrifiait presque. C'était une chose d'assister à leurs prouesses, une autre de l'expérimenter. Il tournait en rond sur la terrasse de toit, malgré le temps frais de cette fin d'hiver, et n'arrivait pas à se résoudre à rejoindre les autres. Jalon, Ménar et Beneos n'étaient cette fois pas à ses côtés pour l'aider à se décider. Il aurait voulu les avoir près de lui dans cette aventure, si tant est qu'il se décide à suivre le groupe de mage à travers... quoi au juste... le sous-sol ?

« C'est à peu de choses près cela, oui. » Prononça à mi-voix Mayna.

Elle s'était avancée sans faire de bruit, ne s'avançant qu'au dernier moment pour ne pas le surprendre, et avait parlé tout bas. Elle ne voulait pas l'effrayer plus qu'elle ne sentait qu'il l'était. Ses pensées étaient chaotiques, douloureuses aussi. Abandonner le sud du pays lui coûtait, pour suivre une bande d'inconnus d'autant plus, ne pas pouvoir la toucher, plus que tout. Et puis, il avait peur, de ne jamais revenir, de perdre la vie, de voir les autres la perdre aussi, de ne pas réussir. Mais plus que tout, il avait peur de la magie dont Killian avait usé contre lui et était réticent à l'idée d'en découvrir d'autres. Quand elle comprit cela, Mayna soupira et s'assit sur un des bancs de la terrasse, invitant d'un geste de la main Orelio à faire de même. Le marin s'exécuta presque à contre-cœur tant il était persuadé qu'il subirait les foudres de Killian s'il s'approchait trop d'elle.

« Il ne te fera rien, je l'ai prévenu que j'allais venir te voir. »

« Tu peux donc vraiment lire dans les pensées ? » Demanda-t-il, peu amène.

« Je le peux. Cela m'a pris du temps pour maîtriser ce don, je le trouvais intrusif et handicapant lorsque je l'ai reçu mais, maintenant, c'est un précieux allié. Si tu préfères, je peux arrêter de m'en servir mais je sais d'expérience qu'il est difficile de mettre des mots sur ce que l'on ressent lorsqu'on à affaire à la magie. »

« Tu peux continuer mais j'aimerais bien que tu ne t'en serves pas... trop... »

« Tu as peur que je lise trop profondément en toi, que je viole ton intimité. » Comprit-elle.

« Oui... »

Il avait honte de son comportement. Plus que tout, il aurait voulu s'ouvrir à elle mais, maintenant qu'il savait qu'il ne pourrait la conquérir, il préférait s'abstenir.

« La magie est effrayante. » Souffla-t-il. « Pour moi, simple humain, c'est comme assister impuissant à une tempête. C'est magnifique à voir, mais c'est terrifiant. »

« Elle peut faire peur, mais elle est douce, Orelio. Elle nous obéit, elle nous guide et nous aide. C'est un peu, comment dire... notre bienfaitrice silencieuse. Une part de nous. »

« Mais descendre sous terre, sans point de repère... Ne vaut-il pas mieux emprunter quelques chevaux au ranch et tracer à travers les montagnes ? »

« Tu sais comme les montagnes sont dangereuses en cette saison. Et puis, nos compagnons ne sont pas habitués au froid. Sans compter que ce chemin nous ferait perdre un temps précieux. En maniant la terre, nous pouvons arriver à la capitale avant le lever du soleil et ainsi espérer sauver Emelia. Tu ne crains rien en voyageant avec nous. Crois-tu réellement que j'ai changé au point de mettre ta vie en danger sciemment ? »

⸙ Faeria ؞ Fille de la Forêt ⸙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant