Chapitre 30 - Alliés et ennemis

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Ne laisse pas ta peur te contrôler. Ne laisse pas ta peur prendre le dessus. Mais c'était trop tard — c'était trop tard. Elle ne pouvait plus respirer. Elle allait mourir ici. Elle allait mourir.

Le parquet glacé contre son dos. Le poids du corps de Jan sur le sien. Lizzie vociféra à travers le bâillon de chair, gémissements et hurlements mêlés, des larmes brouillant sa vue, ses poumons implorant de l'air, son cœur pulsant avec effroi contre ses côtes. Elle aurait dû s'en sortir ; Ambroise l'avait entraînée. Mais la panique emportait tout sur son passage.

Mercyng, aidez-moi. Ne vous ai-je pas servi ?

Un éclair de lucidité. La dague. Poignarder Jan. Quitter la maison. S'arranger pour mourir — puisqu'elle mourrait aujourd'hui, d'une façon ou d'une autre. Ses doigts fusèrent vers sa cuisse, fourrageant dans les jupons que leur combat acharné avait relevés. Elle effleura le fourreau, tâtonna jusqu'à trouver le métal froid de la garde.

La main de Jan qui appuyait sur son épaule pour la maintenir à terre s'envola — pour s'enrouler autour de son poignet.

— Lâchez ça, entendit-elle à travers le martèlement de son sang.

Lizzie n'avait plus d'air. Plus d'énergie. Pourtant, elle s'agrippa plus fort à l'arme, s'agitant sous le poids qui la clouait au sol.

— Élisabeth. Lizzie. Écoutez-moi, s'il vous plait. Êtes-vous... calmée ?

Calmée ? Elle fut secouée d'un rire nerveux.

Calmée ? Comment pouvait-elle l'être ?

Et tandis qu'elle riait et riait encore, l'emprise sur son corps diminuait seconde après seconde. Jusqu'à s'envoler totalement.

Elle cligna des yeux. Jan immobilisait toujours son poignet, mais le jeune homme était désormais agenouillé à côté d'elle. Lui ne riait pas du tout, et ce fut son regard sombre qui lui fit reprendre totalement ses esprits.

Maintenant. Elle devait agir maintenant. Elle tira d'un coup sec sur la dague, en même temps qu'elle assénait un coup de pied dans les côtes de Jan, qui l'envoya rouler sur le sol.

Elle se jeta sur lui, et appliqua la lame sous sa gorge. Il blêmit.

— Rangez cette arme, souffla-t-il.

— Certainement pas. Vous venez d'essayer de me tuer.

— J'essayais de vous faire taire avant que vous n'alertiez la garde avec vos cris !

— Non, vous...

— Lizzie, rengainez cette dague et écoutez-moi.

— Non.

— S'il vous plaît. Vous vous fourvoyez.

— Je me fourvoie ?

— Je n'ai pas essayé de vous tuer, je n'ai pas tenté de me servir de vous pour... couvrir le meurtre d'Aksel Emerson, ou je ne sais ce que vous croyez. Meurtre, dont, au passage, je ne suis pas responsable. Et je ne vous livrerai pas, je ne vous livrerai jamais, à la garde. Je vous le jure, et que Mercyng m'emporte si je vous mens. Écoutez-moi, s'il vous plait. Je vais tout vous expliquer.

Lizzie faillit perdre le fil du flot de paroles qu'il déversait.

Jan déglutit, sa pomme d'Adam frôlant le fil de la lame, qui tremblait dans la main de la jeune femme.

Elle tâcha de juguler sa respiration, de se concentrer sur les mots qu'il venait de prononcer.

— Je vous écoute, dit-elle.

La Lame des Bas-Royaumes / 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant