Chapitre 51 - Rosalis prudentiae

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Juste un petit message de début de chapitre pour prévenir que l'on approche de la fin ; il reste 5 chapitres ! (Et ensuite, le tome 2... 😊)

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— Où est Belvild ? s'enquit Lizzie.

— Ne me dites pas, fit Jan d'une voix basse et orageuse, que vous voulez lui faire boire ce verre.

— Bien sûr que non.

— C'est étrange, mais j'ai du mal à vous croire.

— Croyez-moi. Où est-il ?

— Là-bas, près de Hammond et de votre frère.

Lizzie pesta. Cela ne faciliterait pas les choses. Ou peut-être que si. Grands dieux, elle n'en savait rien.

Ils fendirent la foule pour les rejoindre. Ambroise fronça les sourcils lorsqu'il avisa Jan, et jeta un regard si noir à la jeune femme qu'elle se sentit se liquéfier. Mais elle se composa un visage neutre, et soutint sa fureur glacée.

— Vous voilà de retour, fit-il d'une voix neutre.

— Oui.

— Nous discutions de roses, fit Belvild.

Lizzie se figea.

— De... roses ?

Belvild désigna les bouquets qui ornaient la salle à intervalle régulier.

— Des roses sans épines. Rosalis prudientiæ. N'est-ce pas remarquable ?

Un filet de sueur coula dans son dos.

Ce ne pouvait être une coïncidence. C'était ses roses. Celles que le Palais avait créées pour elle.

— Si, répondit-elle avec un sourire. C'est tout à fait étonnant.

— Elles sont cultivées dans les serres de Caelian, où leur secret est jalousement gardé. Je dois dire que les faire venir ici coûte une petite fortune. C'est moi qui les ai offertes à Fort-Rijkdom.

— Par quel prodige ne fanent-elles pas ? s'enquit Jan.

— Elles ont été conçues ainsi. Il est paradoxal qu'une rose dépossédée de son arme survive si longtemps, ne trouvez-vous pas ?

Lizzie sentit un frisson la parcourir.

Paradoxal. Oui, cela l'était. Elle songea à la rose qu'Ambroise lui avait offerte avant qu'elle quitte Caelian.

Jouez votre rôle, et vous survivrez. C'était le message de ces fleurs. Un message qu'elle seule pouvait percevoir.

Elle songea aux roses qui ornaient sa propre robe, et elle les détesta.

— J'arguais que la beauté d'une rose résidait dans ses épines, continua Belvild. Mais votre frère n'est pas de cet avis.

Lizzie croisa le regard d'Ambroise. Bien sûr qu'il ne l'était pas.

— Quoi qu'il en soit, Jan, vous avez, semble-t-il, cueilli la plus belle de toutes.

Lizzie frémit. Elle força un autre sourire, mais ses entrailles s'étaient tordues en un nœud brûlant de rage.

D'un air entendu, Belvild tapota le bras de Jan — celui qui tenait le verre.

Son esprit se vida un instant de toute pensée.

Puis tout devint brutalement clair.

Belvild venait de lui donner une opportunité qu'elle devait saisir. Maintenant.

La Lame des Bas-Royaumes / 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant