Chapitre 52 - Le glaive de Mercyng

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Avant-dernier chapitre avant l'épilogue !

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Il y eut un flottement.

Lizzie ne s'était jamais sentie aussi humiliée.

Jamais.

Elle maîtrisa la pulsion qui lui hurlait de se jeter sur l'homme et de lui trancher la gorge. Mais elle savait que cette fois, elle n'avait aucune chance de l'emporter par la violence.

— Qu'attendez-vous, vous tous ? s'écria Belvild. Saisissez-vous d'elle !

Si elle dénonçait De Glaves, tout serait perdu. Tout ce qu'elle avait fait n'aurait servi à rien. Si elle faisait tomber le Haut-Régent, l'Ardrasie sombrerait avec lui. Et Ambroise.

Ambroise qu'elle apercevait à nouveau, quelques pas derrière Belvild.

Lui, qu'attendait-il ? Qu'attendait-il pour agir ?

Il ne le pouvait pas, comprit-elle. Il ne le pouvait pas sans se compromettre. Sans compromettre l'Ardrasie.

Et des mains se tendaient déjà vers elle pour la saisir.

Elle eut le temps de croiser le regard de Jan. Faites quelque chose.

— Lizzie ! s'écria-t-il.

Mais des doigts se refermaient déjà sur ses coudes, des bras ceinturaient sa taille.

— Non ! hurla Jan. Non, relâchez-la !

— Peut-être voudriez-vous être arrêté vous aussi, Van Stoker ? rétorqua Belvild.

Lizzie hoqueta. Il ne pouvait pas faire cela.

Sacrifier Jan, l'homme qui avait œuvré pour lui.

Mais Jan n'était qu'un pion.

— Non, non laissez-le tranquille ! s'époumona-t-elle. Il n'a rien fait ! Je suis la seule responsable. Je suis la seule...

— Vous confessez donc vos crimes ? vociféra Ascelin de Glaves.

Lizzie ne put retenir le sanglot qui éclata sur ses lèvres.

Voilà : elle y était.

Et Ambroise, à quelques mètres d'elle, la regardait d'un air impuissant. Elle croisa son regard, elle s'y raccrocha de toutes ses forces. Il secoua la tête ; elle ferma les yeux, vaincue.

— Oui, souffla-t-elle. C'était moi. Drew Ferian. Ulrik Redstig. Aksel Emerson. Andries Jorgen. C'était moi.

Les traits d'Ambroise se décomposèrent.

Elle l'avait dit.

Il était trop tard pour revenir en arrière.

La peur enflait dans son ventre, de plus en plus forte, et son corps tremblait davantage chaque seconde. Les mains raffermirent leur prise sur son corps, l'entraînant en arrière, la tirant dans toutes les directions à la fois.

Et les invectives pleuvaient, et elle entendait quelqu'un — Jan — appeler son nom.

Une gifle embrasa sa joue.

Elle ne voulait pas mourir.

Un crachat l'atteignit.

Elle ne voulait pas mourir.

Une main arracha le collier de perles qui ceignait son cou.

Elle ne voulait pas mourir.

Les perles ruisselèrent sur le sol en une pluie nacrée.

La Lame des Bas-Royaumes / 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant