Dans le parking souterrain, Merwan et Alexander m'écoutaient attentivement. Le cas de Rafael était réglé, mais les investisseurs voulaient maintenant savoir où se trouvait leur argent.
— Faites analyser l'ordinateur. Je veux toutes les adresses et tous les numéros de téléphone qui pourraient me guider aux diamants. Nous irons ensuite à New York régler cette histoire.
— Oui, Boss. Nous reviendrons vers vous dans la journée.
— Rentrez et reposez-vous quelques heures. Nous nous verrons chez Hamza pour la réunion.
Alexander m'indiqua avec un coup de menton l'arrière du Van avant de baisser la voix.
— Et elle ? Sera-t-elle présente ?
Je tournai mon visage. Derrière la vitre baissée, Jimenez tenait sa tête entre ses mains. D'ici, je sentais son désespoir le plus total.
— Je ne pense pas qu'elle tienne jusqu'à midi.
Ma réponse parut les satisfaire. Les deux hommes me saluèrent poliment avant de s'éloigner vers leur véhicule, accompagné de leur garde du corps.
Je montai à l'arrière du van. Isaac au volant, le regard dans le rétroviseur, attendait. D'un bref mouvement de tête, j'ordonnai le départ et le véhicule se mit en marche. Confortablement installé sur la banquette, je retirai mes lunettes pour faire face à mon assistante qui était assise juste devant moi. À nous deux ! Assez loin derrière nous, la voiture de Miguel et Fares démarra à son tour pour nous suivre.
Dans l'habitacle l'atmosphère était lourde, saturée d'une énergie négative provoquée par mes soins. Mal à l'aise, mon assistante promena ses yeux de couleur noisette autour d'elle avant de fixer avec attention ma chevalière. Ça y est, tu as enfin compris où tu as mis les pieds. L'ombre d'un sourire aussi discret que menaçant s'esquissa sur mes lèvres. Le doute flottait dans son esprit, elle était sur le point de faire un malaise.
— Alors, quel est le plan de ma mère cette fois-ci pour que j'accepte de lui remettre les clefs du royaume de mon père ?
Surprise par ma question, Jimenez la considéra un instant avant de remonter ses lunettes. Un réflexe de panique la fit réagir. Elle répondit avec un certain embarras :
— Il n'y a peut-être aucun plan. Une mère reste une mère, vous savez.
Il y avait dans son ton et dans ses yeux mélancoliques une certaine tristesse qui me frappa. Oui, je connaissais ma mère et son espoir démesuré pour me sauver de quelque chose qui était bien plus fort qu'elle. Je détournai mes yeux pour regarder à travers la vitre. La nuit était à demi-claire. Sheryl Valley endormie, tranquille et innocente paraissait si calme.
— Vous ne la connaissez pas. Elle contrôle toute de la vie de mon frère et de mes sœurs. Manageuse et mère, cela ne va pas ensemble.
Ma voix était lourde de reproches non formulés. Mon assistante poussa un soupir qui aurait pu attendrir n'importe qui sauf moi.
— Vos assistantes ne restent jamais longtemps. Pourquoi ?
Tiens, son ton venait de changer ce qui m'obligea à tourner mon visage vers elle. Son front restait soucieux, mais elle arriva l'espace d'un instant à soutenir mon regard. J'esquissai un sourire glacial.
— Il y a une clause dans le contrat, à la dernière page. L'avez-vous lu, miss Jimenez ?
Mon assistante rougit brusquement. Voilà ce qui arrivait lorsqu'on restait un peu trop longtemps proche de moi. Elle réussit à bredouiller :
— Non, non pas encore, monsieur Khan. Je dois voir le contrat en fin de semaine, vendredi.
— Mes assistantes ont toutes outrepassé la première et la deuxième clause du contrat.
Ses traits reflétaient autant de surprises que d'interrogation. Jimenez était curieuse, pas vraiment bon pour les affaires. Je n'avais pas besoin de complications.
— Quelles sont-elles ?
Je fermai un instant les yeux avant de les rouvrir. Il était pénible de devoir tout expliquer même si c'était des choses simples. Le fait est qu'il était certain que jamais, au grand jamais, je ne coucherais avec cette femme. À part une voix agréable, rien ne m'attirait chez elle. Jimenez était tout sauf jolie et le physique pour moi était la seule chose qui m'attirait chez une femme.
— Vous le découvrirez assez tôt. Mais avec vous, il sera impossible de dépasser les règles du jeu. Ma mère a tout prévu !
Elle insista ce qui commençait sérieusement à m'irriter.
— Et pour vos assistants ? Pourquoi ont-ils démissionné ? Est-ce pour la même raison que les femmes ?
Cette fois, la question me fit sourire. Aucune chance que je sois bisexuel. J'aimais bien trop les femmes pour ça. Je soulevai les épaules machinalement.
— Non ! Nous avons tous des choses à cacher, des secrets inavoués. J'aime fouiller dans la vie des personnes qui m'entourent et qui me conseillent dans mon travail. Je dépoussière les cadavres de leur placard et me sers d'eux pour les renvoyer à la moindre erreur. La médiocrité m'exaspère.
Le débit de mes paroles était terriblement lent comme si je mettais tout mon poids sur chacun de ces mots. Ils dégageaient une méchanceté féroce, remplis de venin. Bizarrement, mon assistante ne semblait pas plus concernée que ça par mon attaque directe à son encontre. Je plissai les yeux et crus déceler au fond de son regard, une minuscule lueur de défi. Comme si elle me disait : Ne pouvez-vous pas faire mieux que ça ? Derrière sa timidité maladive se cachait autre chose, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.
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Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]
RomanceLa mafia et les gens normaux ne se mélangent pas à Sheryl Valley. Yeraz est le fils d'un des patrons du crime les plus brutaux des États-Unis. Il doit succéder à son père, assassiné quatre ans plus tôt, et prendre les rênes du royaume d'ici les six...