Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]

Chapitre 21-1

C'était une belle fin de matinée sur l'île de Los Cabos. Mon assistante aurait voulu passer par sa chambre d'hôtel avant de venir dans ce pub très fréquenté, mais nous n'avions pas le temps de faire de détour. Al Jasser était un homme important. C'était lui qui avait fixé l'heure du rendez-vous ainsi que les conditions du séjour. Nous avions atterri il y a presque une heure et toute mon équipe devait déjà être à leur poste. Pas le temps pour mes hommes de siroter une piña colada ni même de reluquer les filles dévêtues autour de nous. Bien sûr, Ronney était la femme la plus habillée sur cette île, dans l'équipe ça n'étonnait personne. Mon assistante balaya la foule du regard puis se retourna vers moi, les yeux étrécis :

— Vraiment, Yeraz ? C'est une blague. Tout le monde parle anglais ici. Tu n'avais vraiment pas besoin de moi.

Je soulevai les épaules. Jimenez ne voyait pas mes yeux qui m'auraient sûrement trahi si je n'avais pas ces lunettes de soleil sur le nez.

— Oui, en fait, ça dépend des périodes dans l'année.

Lucas, Miguel et Fares regardèrent soudain ailleurs quand Ronney tourna son visage vers eux pour les regarder un par un.

— Va te chercher quelque chose à boire, je dois m'entretenir avec Lucas quelques instants.

Je ne laissai pas le temps à Jimenez de me répondre. Je tournai les talons et d'un geste de la main, ordonnai à mes hommes de garder un œil sur mon assistante.

Nous nous installâmes sur la terrasse avec la vue de l'océan à quelques mètres de nous. La musique latine était poussée au maximum. Je remontai les manches de ma chemise qui me donnaient chaud puis écoutai attentivement Lucas tout en surveillant Ronney, au loin.

— J'ai transféré sur votre tablette les documents importants concernant les cinq plus grands groupes de construction dans l'immobilier. Les chiffres vous permettront d'expliquer à Al Jasser pourquoi nous avons actuellement de nombreux marchés en surchauffe.

— J'ai étudié le dossier toute la nuit. Il ne devrait pas y avoir de problème. J'arriverais à le convaincre d'investir dans nos marchés.

Durant une vingtaine de minutes, Lucas insista sur quelques points juridiques. Les femmes autour de nous tentaient de nous distraire en jouant de leurs atouts. La plupart étaient là pour passer un bon moment, se trouver des gangsters, des hommes puissants prêts à répondre à leur moindre désir. L'île était réputée pour ça, mais aussi pour être le refuge des plus grands criminels du monde entier. J'étais distrait, en effet, trop occupé à surveiller Jimenez. Lucas claqua des doigts devant mon visage.

— Monsieur, Khan.

Merde, il avait remarqué que je l'écoutais que d'une seule oreille. Je me pinçai les lèvres et tournai mon visage vers lui, les traits fermés.

Gêné, il se gratta l'arrière du crâne et ajouta, hésitant.

— Elle ne bougera pas.

Il parlait bien évidemment de Ronney. C'était de ma faute, je lui avais demandé tellement d'informations à son sujet, plus que d'ordinaire. La seule chose que j'ignorais d'elle était la taille du bonnet de son soutien-gorge ou la couleur de ses sous-vêtements qu'elle portait en dessous de ses vêtements. Le reste n'avait pas de secret pour moi. Soan la suivait H24. C'était exagéré, tout était exagéré quand il s'agissait de Jimenez.

Lucas poursuivit :

— Miss Jimenez n'est pas le genre de femme à vous laisser tomber. Elle restera là. Je veillerais sur elle pendant votre entretien avec Al Jasser, aujourd'hui ainsi que la journée de demain.

Mon avocat avait pris une voix détachée, naturelle puis il passa à autre chose. Lucas était un homme diplomate, c'était pour cette raison qu'il était autant apprécié au sein de la Mitaras Almawt. Il ne voyait rien, n'entendait rien et surtout ne disait rien.

Nous continuâmes notre discussion jusqu'à l'arrivée d'Al Jasser et de ses hommes.