Une importante réunion se tenait ce vendredi matin chez Hamza qui visait à aborder la restructuration de notre organisation une fois que j'aurais pris officiellement ma place à la tête de celle-ci. Pendant que les débats s'éternisaient, je ressassai sans cesse mon dernier échange de la veille que j'avais eu avec Ronney. J'avais convoqué de bonne heure dans mon bureau, Ashley et Timothy et leur avait ordonné de but en blanc d'appeler Jimenez afin qu'elle rapplique au plus vite. Je vérifiai régulièrement mon téléphone, aucune trace de Jimenez.
Le souvenir de ses profonds soupirs et de sa bouche entrouverte pour laisser passer quelques gémissements pesait comme du plomb dans ma tête.
— Yeraz, vous pouvez peut-être nous en dire plus.
Dans le séjour, une dizaine de paires d'yeux se tournèrent vers moi. Je n'avais rien entendu de la conversation. J'étais incapable de savoir ce qu'on me demandait. Je me redressai et tentai de paraître le plus connecté possible, mais mon silence trahissait mon état d'esprit, c'est à dire : absent. Hamza le remarqua. L'air un peu hésitant, il regarda le groupe d'homme et déclara :
— Nous allons faire une pause.
À peine la fin de sa phrase achevée, il me prit à part, dans un coin du séjour.
— Puis-je savoir ce qu'il vous prend, Yeraz ?
— Rien, je dois juste régler quelque chose.
Surpris, Hamza leva les sourcils avant de demander d'une voix dure :
— Ce quelque chose a-t-il à voir avec une certaine Ronney Jimenez ?
Je n'aimais pas entendre son prénom de sa bouche. Mon regard noir, chargé de menaces l'avertissait de ne pas aller plus loin. Il soupira longuement comme démuni face à mon comportement. N'y tenant plus, je décidai de partir de la réunion.
— Je dois y aller !
Ce dernier ouvrit de grands yeux, effaré. Ne cautionnant pas ma décision, il me retint par le bras et prononça doucement entre ses dents :
— Pour elle, Yeraz ? Allez-vous réellement tout foutre en l'air pour cette assistante. Je ne vous laisserai pas faire. Vous n'êtes pas vous-même, reprenez-vous.
Je dégageai brusquement mon bras en le foudroyant du regard puis remis ma veste en place. D'une voix basse, à la fois glaciale et sévère, je lui glissai :
— Regardait autour de vous. Ces hommes sont prêts à vous sauter à la gorge juste pour m'avoir touché. Ne me menacez plus jamais. Et si jamais j'apprends que vous vous êtes approché de Ronney d'une façon quelconque, je vous jure que vous le regretterez.
Le régent, paralysé par la dureté de mes paroles, me regarda partir sans me retenir.
Je montai à l'arrière de la Mercedes et appelai aussitôt Ashley.
— Est-elle arrivée ?
— Non, mais je peux si vous...
Je raccrochai et composai le numéro de Soan.
— L'avez-vous trouvé ?
— Oui, Boss, elle est sur Broome Street. Dans un magasin de bricolage.
— Envoyez-moi l'adresse tout de suite et appelez Ian et Jessim pour qu'ils me rejoignent là-bas.
Je raccrochai et remis mes lunettes de soleil sur le nez. Jimenez m'avait une fois de plus désobéi. J'avais pourtant un million de choses à faire aujourd'hui, mais j'étais incapable de me concentrer sur mon travail tant qu'elle ne serait pas avec moi. Son absence m'avait fait prendre conscience que j'avais, depuis des semaines, aspiré la plus grande partie de sa force et de sa lumière pour me l'approprier sans me soucier de ce que je lui avais laissé. Toute ma vie j'avais évolué dans les ténèbres et Ronney m'aveuglait par l'éclat et cette chaleur qu'elle dégageait.
— Isaac, conduisez-moi sur Broome Street, s'il vous plaît.
VOUS LISEZ
Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]
RomanceLa mafia et les gens normaux ne se mélangent pas à Sheryl Valley. Yeraz est le fils d'un des patrons du crime les plus brutaux des États-Unis. Il doit succéder à son père, assassiné quatre ans plus tôt, et prendre les rênes du royaume d'ici les six...