Je me redressai brutalement. Leandro balbutia quelques mots incompréhensibles puis me supplia d'épargner la vie de son fils, les yeux pleins de larmes. Je me retournai vers mes hommes. Fares s'avança avec une arme à la main. Il était prêt à descendre notre collaborateur. Je l'arrêtai avant qu'il n'exécute son geste.
— Non ! Amir va s'en charger.
Amir, étourdi par cet ordre, se rapprocha doucement de moi. Les joues pourpres, il semblait terrorisé à l'idée de commettre un meurtre. Fares lui tendit l'arme qu'il prit la main tremblante. Putain ! Leandro allait finir par crever d'une crise cardiaque s'il ne l'achevait pas maintenant. Je décidais de bousculer un peu le jeune homme.
— Dépêche-toi ! Tu n'imagines pas à quel point mes minutes sont précieuses.
Mon ton tranchant accentua sa nervosité.
— Monsieur Khan, pitié, suppliait Leandro la voix pleine de sanglots. Je vais arranger ça. C'est la première fois en cinq ans que nous avons un souci, s'il vous plaît.
Le dos tourné, je ne répondis pas à ses suppliques. J'étais trop occupé à observer le nouveau venu, trop occupé à savoir lequel des deux j'allais finir par descendre. Qu'attendait ce merdeux pour le buter ?
— Nous sommes vraiment obligés de faire ça ? bégaya Amir au bord du malaise.
Derrière moi, Miguel, Soan et Fares commençaient eux aussi à s'agacer. Leur long soupir et leurs grognements montraient leur impatience à finir le boulot surtout avec les aboiements bruyants du chien. Je me rapprochai d'Amir, la mâchoire crispée. Il était bien plus petit que moi et tremblait de tout son corps.
— Oui, nous sommes obligés.
Je le dominais de toute ma hauteur. Amir hocha la tête. Je me décalai et il tendit son bras en tenant péniblement l'arme dans sa main vers Leandro qui secouait la tête de toutes ses forces. S'il continuait de trembler comme ça, il allait le manquer à coup sûr. J'arrachai violemment l'arme de la main d'Amir et tirai sans aucun état d'âme. La balle vint se loger directement dans le crâne de Leandro qui retomba lourdement sur le bureau. Fares s'approcha de moi et récupéra son arme en toisant Amir du regard.
Avant de partir, je posai ma main puissante sur l'épaule du jeune homme qui ne bougeait plus, traumatisé par la scène qui avait eu lieu devant lui.
— Ton oncle a insisté pour que je règle ce problème. Sais-tu pourquoi ? Parce que mes décisions sont despotiques et aujourd'hui comme à mon habitude, mon jugement a été impitoyable. Ton âme je te la prendrais comme toutes les autres même si cela doit me prendre du temps.
Mes mots laissèrent le jeune homme sans voix. Je tournai les talons et me dirigeai vers la porte.
— Boss ? Que fait-on du chien ?
Je m'arrêtai et lançai un regard en direction de l'animal.
— Vous ne le touchez pas, répondis-je à Soan. Appelez le refuge et demandez-leur qu'il soit bien traité.
Une mélancolie profonde s'installa au fond de moi, un sentiment que je refoulai aussitôt de toute mes forces.
— Il ne pourra jamais être adopté par une famille, c'est trop tard, repris-je à voix basse. Ce chien a grandi comme nous, avec la haine.
Je franchis le seuil de la porte suivi d'Amir et laissai mes hommes s'occuper du nettoyage et du chien.
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Ugly Ronney T 2 : Yeraz [Français]
RomanceLa mafia et les gens normaux ne se mélangent pas à Sheryl Valley. Yeraz est le fils d'un des patrons du crime les plus brutaux des États-Unis. Il doit succéder à son père, assassiné quatre ans plus tôt, et prendre les rênes du royaume d'ici les six...